Dernière mise à jour à 15h42 le 03/09
La Chine, qui accueille ce week-end le sommet du G20, doit être le porte-parole des pays en voie de développement, et particulier de l'Afrique, a déclaré Dr Ngartébaye Eugène Le-Yotha, politologue tchadien, dans une interview accordée à Xinhua.
"L' Afrique attend beaucoup de la Chine, en tant que locomotive, porteur de la croissance, de la relance de l'économie. La Chine doit essayer de faire entendre de manière subtile les désidératas de tous les autres pays en voie de développement qui ont des choses à reprocher au système économique mondial. Le regard des autres pays en voie de développement, qui sont majoritairement africains, se fixe sur la Chine pour porter leur voix", a affirmé le Dr Le-Yotha.
Il faut repenser le système monétaire international en prenant en compte la place croissante des pays en voie de développement, a indiqué le Dr Le-Yotha, "en termes de population, la Chine et l' Afrique représentent le 1/3 de la population mondiale. En termes de production du PIB, ils apportent énormément au monde. (...) La Chine va être la tête de proue de la lutte de la représentation ou de la visibilité des pays émergents dans le système monétaire".
Il a exhorté la Chine et l' Afrique à user de leur force (population, PIB) pour "peser dans la réforme du système monétaire mondial et exiger une représentation au niveau de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (...)".
A propos des défis auxquels s'affronte le monde, le Dr Le-Yotha considère le changement climatique comme le défi le plus sévère dont les pays en voie de développement souffrent le plus.
"Leur contribution à la dégradation du climat est moindre par rapport aux pays développés. Ces derniers doivent assurer leur développement tout en respectant et préservant la planète. La Chine a montré la voie avec son 13ème plan quinquennal de développement qui a reçu une grande adhésion de tous les pays et qui constitue un nouveau concept alliant croissance et développement durable", a-t-il déclaré.
Quant à la coopération entre l'Afrique et la Chine, le Dr Le-Yotha a souligné que sur les quinze dernières années, la Chine n'a pas cessé de multiplier l'aide vers le continent.
"La Chine avait commencé sa coopération avec l'agriculture, puis la santé, les secteurs tertiaires, la culture. Vu les mutations que connaît aujourd'hui le monde, cette coopération doit se réadapter pour tenir compte des réalités. Le Tchad, profondément frappé par la brute du prix du pétrole, est en train de diversifier son économie à travers deux leviers principaux: l'agriculture et l'élevage. Dans la mécanisation de son agriculture, il peut s'inspirer et bénéficier davantage des expériences chinoises, notamment dans la formation des techniciens, l'implantation des fermes
d'expérimentation des cultures qui peuvent résister aux changements climatiques", a-t-il affirmé.
"Avec un cheptel considérable estimé à plus de 94 millions de têtes toutes espèces confondues, le Tchad peut compter la Chine pour moderniser son élevage, à travers la création des unités de production et de transformation des produits et sous-produits du bétail. Autre domaine où la Chine est très attendue au Tchad, et en Afrique en général, c'est la santé", a ajouté le Dr Le-Yotha.