Dernière mise à jour à 08h21 le 19/09
Le Premier ministre chinois Li Keqiang entame ce dimanche une tournée aux Amériques qui le verra participer au débat général de la 71e session de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York, avant d'effectuer des visites officielles au Canada et à Cuba, à l'occasion d'une tournée prévue du 18 au 28 septembre.
Celle-ci marquera plusieurs "premières", à savoir la première apparition de M. Li à l'AG de l'ONU, sa première visite au Canada dans le cadre du dialogue annuel entre les chefs de gouvernement chinois et canadien, ainsi que la première visite officielle d'un Premier ministre chinois à Cuba depuis 1960, date de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
LES PROPOSITIONS CHINOISES SOUS LES PROJECTEURS A L'ONU
La 71e session de l'Assemblée générale de l'ONU s'est ouverte le 13 septembre, impliquant des représentants de 193 pays membres, pour discuter d'un large éventail de questions mondiales, y compris le développement durable, la mise en œuvre du Pacte sur le climat de Paris, le terrorisme et les tendances anti-mondialisation, entre autres.
Dans un tel contexte et en cette année qui marque le 45e anniversaire de l'admission de la République populaire de Chine à l'ONU, la première apparition de M. Li à l'Assemblée générale devrait attirer une grande attention.
Son programme chargé le verra prendre la parole lors du débat général annuel de l'AG de l'ONU, assister à un symposium consacré à l'Agenda 2030 pour le développement durable, prendre part à deux réunions sur la questions des réfugiés et assister à plusieurs réunions bilatérales.
Le président chinois Xi Jinping, alors qu'il assistait aux célébrations du 70e anniversaire de l'ONU l'an dernier, avait présenté une série de mesures et de promesses venant appuyer l'organisation multilatérale. Le Premier ministre Li devrait faire un point sur leur mise en œuvre, prédit Yang Xiyu, chercheur à l'Institut chinois des études internationales.
Outre ce suivi des engagements de M. Xi, la visite de M. Li à l'ONU devrait également mettre en lumière la politique diplomatique de la Chine et ses positions sur diverses questions, indique M. Yang, qui ajoute que cette étape permettra au monde de mieux connaître la Chine.
Le Premier ministre chinois rencontrera également des représentants du secteur de la finance, de think tanks et de médias aux Etats-Unis.
"Ces dispositions illustrent la réflexion stratégique et innovante d'une nouvelle génération de dirigeants chinois en matière de la diplomatie publique", commente M. Yang.
DIALOGUE CHINE-CANADA : UNE NOUVELLE ERE POUR LES RELATIONS BILATERALES
La visite au Canada de M. Li est la première visite officielle d'un Premier ministre chinois au pays de "la feuille d'érable" en 13 ans. Elle sera l'occasion d'entamer un dialogue annuel entre les chefs de gouvernement des deux pays.
Ce dialogue annuel a été mis en place fin août lorsque M. Li a reçu son homologue canadien Justin Trudeau à Beijing.
Cet échange de visites en moins d'un mois est un signe du "réchauffement rapide" des relations bilatérales, selon un certain nombre d'analystes. Le dialogue qui s'ouvre et les positions de M. Li seront l'objet d'une grande attention.
Li Keqiang a prévu d'assister à plus de vingt événements au cours de son séjour à Ottawa et à Montréal, qu'il s'agisse d'entretiens politiques, de forums économiques et commerciaux ou encore d'échanges culturels et entre peuples. Ces derniers devraient améliorer la coopération et la confiance politique sino-canadienne.
La participation du Canada à la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII) est "clairement le meilleur choix" pour le pays, a commenté le ministre canadien des Finances, Bill Morneau. En fait, il est dans l'intérêt des deux pays de promouvoir conjointement une coopération mutuellement bénéfique.
La Chine est le deuxième partenaire commercial du Canada. Leurs économies se complètent beaucoup, avec d'énormes potentiels à exploiter dans des secteurs tels que les hautes technologies, l'agriculture, les ressources énergétiques ainsi que la coopération avec des tierces parties.
M. Trudeau a exprimé sa conviction qu'une relation bilatérale renforcée apportera de nouvelles opportunités aux entreprises canadiennes et permettra aux entreprises chinoises de développer leurs activités au Canada.
UNE AMITIE SINO-CUBAINE RENFORCEE
Le voyage à Cuba du Premier ministre Li constitue la première visite officielle d'un chef de gouvernement chinois dans ce pays caraïbe depuis que les deux Etats ont établi des relations diplomatiques il y a 56 ans.
Ruben Zardoya, professeur à l'Université de La Havane, décrit cette visite comme un "événement majeur" dans les relations sino-cubaines. Selon lui, la visite de M. Li pourrait apporter à Cuba "de nouveaux investissements, des technologies et des liens plus étroits avec le monde extérieur".
La Chine et Cuba sont "de bons amis, des frères et des camarades", et leur relation est devenue saine et mûre après s'être développée depuis plus d'un demi-siècle.
La relation bilatérale se trouve aujourd'hui devant de nouvelles opportunités de développement au moment où Cuba, qui cherche à moderniser son mode de croissance économique et diversifier sa stratégie diplomatique, accorde davantage d'importance à ses relations avec la Chine.
Lors de sa visite, M. Li devrait notamment rencontrer le président cubain Raul Castro et échanger avec lui des vues sur des questions d'intérêt commun. Les deux pays devraient également signer plus de 30 documents de coopération dans des domaines tels que l'économie, la technologie, le financement, la capacité industrielle, le contrôle de la qualité et la protection de l'environnement.
La Chine est le deuxième partenaire commercial de Cuba, tandis que Cuba est le plus grand partenaire commercial de la Chine aux Caraïbes.
Xu Shicheng, chercheur à l'Institut de l'Amérique latine au sein de l'Académie chinoise des sciences sociales, note que les liens commerciaux et économiques entre la Chine et Cuba ont connu une croissance rapide, mais que le volume total du commerce bilatéral n'est pas très élevé.
"Le peuple et le gouvernement de Cuba espèrent que la visite du Premier ministre Li pourra donner une forte impulsion au développement du commerce sino-cubain et aux liens économiques", pense M. Xu.
Les secteurs de la manufacture et des infrastructures à Cuba, qui sont relativement peu développés, ont besoin des machines, des équipements et des personnels techniques de la Chine, indique le chercheur. "La coopération en matière de capacité industrielle entre les deux pays offre de grands potentiels".