Dernière mise à jour à 16h15 le 02/12
Les difficultés et les incertitudes sont "à chaque fois des arguments pour renforcer la relation Chine-France", estime Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères, dans un entretien à Xinhua.
"Dans la relation franco-chinoise, il y a toujours eu plusieurs volets. Selon les époques, on a mis l'accent plutôt sur la concertation politique et diplomatique, le partenariat, la coopération économique qui a commencée par certains domaines: l'énergie, le nucléaire, l'aéronautique, etc. Après, il y a des domaines nouveaux. Il y a aussi une dimension culturelle: beaucoup d'échanges d'étudiants, des expositions...", a-t-il dit lors du colloque "Les relations Chine-France et Chine-Europe à l'horizon 2020" organisé jeudi à Beijing par l'Institut des Affaires étrangères du peuple chinois.
"On a déjà vu que cette relation est importante des deux côtés. Il y a un vrai intérêt", a souligné l'ancien chef de la diplomatie française.
"La force de cette relation s'appuie sur plusieurs volets. Je pense que la coopération humaine et culturelle va rester très forte et la coopération économique a beaucoup d'avenir, à condition que, nous les Français, trouvions des propositions à faire qui soient dans le cadre du 13e Plan (quinquennal 2016-2020) dans des domaines nouveaux, par exemple la combinaison de l'écologie et la technologie" où "les entreprises françaises sont extraordinaires", a souligné celui qui est conseiller stratégique depuis 2003 après cinq ans passés à la tête du Quai d'Orsay.
Les incertitudes et les difficultés conjoncturelles exigent également davantage de dialogue et de coopération entre la France et la Chine, a estimé M. Védrine.
La situation européenne actuelle est complexe en raison de l'incertitude dans une partie du bloc européen sur la construction européenne qui se manifeste par différents votes ces dernières années, analyse-t-il.
"Le grand défi des dirigeants européens -français, allemands et les autres- c'est de réconcilier les peuples européens et les projets européens, corriger et adapter le projet européen, comme la Chine adapte, perfectionne, modernise son projet à chaque nouveau plan", a affirmé M. Védrine, ajoutant que son activité du conseiller stratégique lui a permis de suivre de près la montée des pays émergents d'une façon plus concrète.
Et ces incertitudes existent aussi au plan mondial. "Je pense que la concertation politique entre nos deux pays va se redévelopper (face aux) incertitudes dans le monde: par exemple, que va faire M. Trump? Donc la concertation au sein du Conseil de sécurité entre la France et la Chine, à mon avis, a beaucoup d'avenir, sans choisir un domaine particulier".
"Quel que soit le contexte, la relation France-Chine, à mon avis, a beaucoup d'avenir, parce qu'aucun dirigeant chinois ni français ne va la remettre en cause. Il n'y a pas d'accord sur tout automatiquement. Nous avons des points de désaccord sur les négociations commerciales, sur un problème particulier, mais il y a toujours eu ça. Même s'il y a des éléments de désaccord, le principe d'une relation forte et constante ne changera pas, quoi qu'il arrive", a-t-il conclu.