Dernière mise à jour à 08h32 le 03/03
L'initiative chinoise "La Ceinture et la Route" est ouverte à tous et favorisera le développement conjoint de l'Europe et de l'Asie, a estimé mercredi le professeur Richard Griffiths, historien anglais.
Après des années de recherche sur la Route de la Soie, M. Griffiths a exprimé son point de vue sur l'initiative "La Ceinture et la Route" dans une interview exclusive accordée à Xinhua.
"Ce n'est pas seulement la Chine qui construit cette infrastructure : n'importe qui peut y participer", a souligné ce chercheur de l'Université de Leyde, aux Pays-Bas.
Proposée par le président chinois Xi Jinping en 2013, l'initiative "La Ceinture et la Route" vise à construire un réseau de commerce et d'infrastructures reliant l'Asie, l'Europe et l'Afrique le long des anciennes Routes de la Soie.
Plus de 100 pays et organisations internationales ont répondu chaleureusement à cette initiative, dont plus de 40 ont signé des accords de coopération avec la Chine.
M. Griffiths a commencé à s'intéresser à la Route de la Soie lorsqu'il a participé à la création d'une unité de recherche sino-européenne sur le sujet en 2007.
Ses recherches l'ont amené à écrire récemment un livre intitulé "Redonner vie à la Route de la Soie: l'initiative chinoise 'La Ceinture et la Route''', qui sera publié plus tard cette année.
"Je suis un historien de l'économie et je m'intéresse aux questions concernant le développement économique", a expliqué M. Griffiths. "L'un des points importants est que le développement des infrastructures favorise la croissance économique dans certains cas, mais pas dans d'autres."
Ce constat est devenu un thème de recherche pour l'historien. Alors qu'il considérait l'initiative "La Ceinture et la Route" comme un projet de développement, la documentation à ce sujet n'abordait pas les choses sous cet angle jusqu'à présent.
"J'ai commencé à chercher exactement ce qui se passait le long de ces divers couloirs, et essayé de voir ce qui était mis en œuvre par le projet en lui-même, plutôt que d'étudier ce que les gens disaient sur sa dimension politique", a-t-il expliqué.
Dans son discours de janvier 2017 devant le Forum économique mondial à Davos, en Suisse, le président chinois a annoncé qu'un forum sur l'initiative "La Ceinture et la Route" pour la coopération internationale serait convoqué à Beijing en mai afin de tenir des discussions sur le développement conjoint.
Pour M. Griffiths, cet événement représente une véritable opportunité. "On peut presque dire qu'une culture eurasienne attend d'être redécouverte", a-t-il indiqué. "Je pense que des conférences comme celle-ci sont le début de quelque chose de ce genre, et j'aimerais participer à ce processus", a-t-il ajouté.
Le chercheur estime que beaucoup plus pourrait être fait pour dégager une vue d'ensemble de la Route de la Soie. "A l'heure actuelle, nous avons beaucoup de projets d'infrastructures qui ne sont pas vraiment reliés dans cette explication publique", a souligné M. Griffiths.
"[Ce forum] étayera la vision chinoise de la Route de la Soie et aidera à coordonner les activités internationales menées sur la Route de la Soie."
Adoptant une perspective unique dans ses recherches, M. Griffiths considère l'initiative "La Ceinture et la Route" comme un moyen de répondre à la menace du protectionnisme international, que beaucoup d'observateurs redoutent.
"Si une guerre commerciale est ouverte, il est important pour les grands pays de dire: 'Nous n'y participerons pas", a déclaré M. Griffiths.
Si les Etats-Unis essayaient de déclarer une guerre commerciale à la Chine, il serait important de faire en sorte que les conséquences ne se répercutent pas sur d'autres nations, a indiqué l'historien. Il faudrait plutôt développer des accords sur les droits de douane avec les pays intéressés par la coopération internationale.
"Si cela se produit, le gouvernement chinois peut vraiment jouer un rôle important dans la stabilisation de l'économie mondiale, et cette conférence y contribuera", a déclaré M. Griffiths.
Il a également estimé qu'une telle stratégie séduirait les Européens, affirmant que "l'Union européenne sera très sensible à ce genre d'initiative".
La coopération européenne a un rôle important à jouer dans le succès de l'initiative "La Ceinture et la Route", a souligné l'historien. Il a souligné que l'un des problèmes des projets d'infrastructures en Europe était qu'ils devaient être menés conformément aux règles européennes.
"En Europe, si vous faites un projet d'investissement de cette nature, il doit être ouvert à la concurrence", a souligné M. Griffiths.