Dernière mise à jour à 16h39 le 09/11
Les écoles primaires et secondaires ne devront désormais embaucher que des professionnels spécialisés pour enseigner l'art et le sport, a annoncé mercredi l'autorité supérieure de l'éducation de Chine.
Cette règle est l'une des nouvelles mesures mises en place par le Ministère de l'éducation pour tenter de freiner l'embauche de personnel à temps partiel dans ces disciplines, à mesure que la demande augmente en Chine pour une éducation plus complète. Selon le ministère, les résultats des enseignants à temps partiel se sont montrés irréguliers en raison d'une réglementation insuffisante.
Les nouvelles mesures fixent les exigences et les normes de qualification pour la sélection et la gestion des enseignants à temps partiel. Une règle exige que les enseignants en éducation physique et en beaux-arts soient des professionnels extérieurs à l'école, plutôt que recrutés en interne à partir des facultés universitaires existantes. Les professeurs d'art et de sport à temps partiel pourront néanmoins se voir confier des classes régulières ainsi que des activités parascolaires et des formations dans leur domaine.
Ces mesures s'inscrivent dans le cadre des efforts du gouvernement pour que les écoles prennent au sérieux les beaux-arts et l'éducation physique, deux matières souvent négligées car elles ne font pas partie du programme de base testé au gaokao, l'examen national d'entrée à l'université chinois.
Selon Xiong Bingqi, expert en politique de l'éducation qui s'est exprimé le 8 novembre, « L'éducation physique et les beaux-arts sont toujours importants uniquement en paroles, pas en pratique ». M. Xiong, qui est vice-président de l'Institut de recherche sur l'éducation du 21e siècle à Beijing, a expliqué que les étudiants sont principalement évalués par leurs notes au gaokao, car les gouvernements considèrent les résultats aux examens faits sous leur contrôle comme une réussite politique. En conséquence, même si les étudiants échouent aux tests physiques requis pour l'obtention du diplôme, tant qu'ils réussissent bien au gaokao, les autorités éducatives locales trouveront un moyen d'esquiver les résultats de l'examen d'éducation physique.
En septembre, l'agence de presse officielle Xinhua a révélé que certains records d'athlétisme dans le Nord-est de la Chine n'ont pas été battus pendant 40 ans.
« Parce que l'éducation physique et les beaux-arts ne sont pas testés lors de notre gaokao, les deux matières sont principalement enseignées par des collègues qui prendront bientôt leur retraite », a révélé un professeur d'anglais d'un collège public de la province du Jiangsu, dans l'Est de la Chine. L'enseignant a demandé à ne pas être nommé en raison de la sensibilité du sujet.
Ces dernières années, le gouvernement a redoublé d'efforts pour détourner l'attention des résultats des tests vers des évaluations plus complètes, soit en réformant le système du gaokao, soit en renforçant le soutien aux beaux-arts et à l'éducation physique. Pourtant, l'investissement dans ces deux disciplines reste insuffisant : un rapport de 2014 a ainsi montré que 300 000 enseignants d'éducation physique de plus étaient nécessaires pour les écoles primaires et secondaires en Chine, tandis qu'un autre rapport a indiqué l'année dernière qu'il fallait 40 000 enseignants de plus. Les zones rurales en particulier sont sous-desservies.
Dans sa déclaration sur les nouvelles mesures annoncées le 8 novembre, le ministère a déclaré que l'embauche d'enseignants à temps partiel aidera à soulager la pénurie et à améliorer le développement des étudiants d'une manière plus holistique.
M. Xiong, qui se félicite de ces mesures comme une étape positive vers l'amélioration de l'éducation sportive et artistique en général, estime que la clé d'une éducation plus complète réside dans la réforme structurelle du gaokao et l'esprit global tourné vers l'examen qui prévaut en Chine.
« Dans une école centrée sur les notes, l'éducation physique est négligée, et souvent le temps alloué sera pris par d'autres matières », a souligné M. Xiong. « Mais dans une école centrée sur l'étudiant, c'est une exigence fondamentale que chaque matière, tant qu'elle est bonne pour le développement personnel de l'élève, reçoive l'attention qu'elle mérite ».