Dernière mise à jour à 08h44 le 14/12
La vérité historique sur le massacre de Nanjing en 1937 est indéniable, ont insisté des universitaires japonais dans des interviews accordées à l'agence Xinhua, avant le 80ème anniversaire du massacre.
Au cours de ce massacre, qui a duré plus de 40 jours suite à la prise par les troupes japonaises de Nanjing, alors capitale de la Chine, le 13 décembre 1937, plus de 300.000 civils et soldats non armés chinois ont été tués et près de 20.000 femmes violées.
Toutefois, certains révisionnistes historiques japonais tentent encore de minimiser ce massacre, affirmant que le nombre de personnes massacrées n'a pas atteint 300.000, ou parfois même niant entièrement la réalité de ce massacre.
"Certains ont prétendu que le massacre de Nanjing a été inventé par les pays vainqueurs pour se venger du Japon durant les jugements du Tribunal de Tokyo. Mais le fait est que les preuves du massacre de Nanjing sont à la fois abondantes et irréfutables", a indiqué Masataka Mori, ancien professeur d'irénologie à l'Université de Shizuoka.
"Les révisionnistes historiques ont utilisé des méthodes variées, telles que le déplacement déguisé des concepts, pour déformer la vérité historique", a indiqué Tamaki Matsuoka, ancienne enseignante d'école primaire ayant passé 30 ans à collecter et transmettre la vérité sur le massacre de Nanjing.
L'un des mensonges le plus souvent répandu par l'extrême droite au Japon, qui a tenté de cacher le massacre, est que Nanjing "n'avait qu'une population de 200.000 habitants", et que par conséquent le nombre de victimes ne pouvait atteindre 300.000, a-t-elle ajouté.
"Le fait est que le nombre de 200.000 habitants a été publié à la hâte par les troupes japonaises et le régime fantoche à cette époque en seulement trois jours, et ne concernait que les populations présentes dans les camps de réfugiés ou dans la zone de sécurité internationale, qui occupait seulement un huitième de la ville de Nanjing", a-t-elle expliqué.
"Il s'agit d'un typique déplacement déguisé de concept. Les forces d'extrême droite n'ont jamais indiqué que le nombre faisait référence à la population de la zone de sécurité, mais a juste gardé le nombre 200.000", a-t-elle poursuivi.
Yutaka Yoshida, professeur à l'Université Hitotsubashi, a fait remarquer qu'une lettre du gouvernement de Nanjing datée du 23 novembre 1937 affirmait qu'environ 500.000 personnes vivaient dans la ville. Il est donc faux de prétendre qu'il n'y avait que 200.000 personnes à Nanjing.
"Les documents de deux organisations caritatives, Chongshan Hall et Red Wan Association, qui ont enterré les corps des victimes, ont montré que les deux organisations à elles seules se sont occupées de 150.000 corps, sans parler des nombreuses autres personnes qui ont été tuées le long du fleuve Yangtze et dont les corps ont été jetés dans l'eau. On estime que 300.000 personnes ont été tuées", a déclaré le professeur Mori.
Mme Matsuoka a déclaré qu'il ne faisait aucun doute que deux soldats japonais, Toshiaki Mukai et Tsuyoshi Noda, s'étaient livrés à un concours de celui qui réussirait à tuer 100 personnes à coups d'épée le premier, ce qui avait été mis en doute par des éléments de l'extrême droite japonaise et l'ancienne ministre de la Défense, Tomomi Inada.
"A cette époque, ce concours a été évoqué à plusieurs reprises dans les journaux japonais, y compris le Mainichi Shimbun et l'Asahi Shimbun, et les deux soldats se sont également vantés de leurs meurtres plus tard au Japon auprès de leurs familles", a rappelé Mme Matsuoka.
Si certains groupes d'extrême droite prétendent que seuls des soldats chinois avaient été tués et que ce concours était "légitime" puisqu'il s'inscrivait dans le cadre de la guerre, Mme Matsuoka maintient toutefois que dans la majorité des cas, les victimes étaient des civils chinois.
"La véracité du massacre de Nanjing a été pleinement prouvée par des études de chercheurs chinois et japonais", a déclaré Atsushi Koketsu, professeur émérite de l'Université de Yamaguchi, au Japon.
Alors, pourquoi ces dénégations sans fondement du massacre ont-elles gagné en popularité au Japon?
Selon M. Koketsu, cela s'explique en partie par la tentative du gouvernement japonais de réviser la Constitution pacifiste du pays.
"La Constitution pacifiste reposait sur la réflexion du Japon sur la guerre, et ceux qui s'opposaient à la Constitution ont donc nié que le Japon ait commis des crimes de guerre et se soit mal comporté avec les autres pays", a-t-il estimé.
Une autre raison est que certains Japonais n'acceptent pas le développement de la Chine dans l'économie et dans d'autres domaines et ont tenté d'attiser le sentiment anti-chinois en remettant en question l'authenticité du massacre de Nanjing, a-t-il ajouté.
Masataka Mori explique également ce phénomène par les tentatives du gouvernement japonais de blanchir les crimes de guerre dans les manuels scolaires.
"Comme les faits de l'histoire de la guerre ont disparu des manuels scolaires, les jeunes peuvent difficilement connaître la véritable histoire et peuvent facilement subir un lavage de cerveau", a-t-il estimé.
Selon M. Koketsu, la Chine et le Japon ne pourront pas établir une réelle confiance mutuelle tant qu'ils ne se seront pas réconciliés en faisant face à l'histoire.
"Nous devons apprendre de l'histoire et c'est seulement ainsi que nous pourrons préserver la paix et créer un avenir meilleur", a-t-il déclaré, appelant les jeunes à en apprendre davantage sur l'histoire.