Dernière mise à jour à 09h34 le 19/03
"Depuis 1969, quand j'ai commencé mes études de la langue chinoise à Paris, jusqu'à présent, ça fait un demi-siècle", a rappelé Joël Bellassen, sinologue français reconnu, premier inspecteur général de chinois au ministère français de l'Education nationale. D'étudiant ayant la curiosité de la langue à professeur qui cultive et transfère la moralité chinoise, puis témoin de la coopération culturelle et éducative entre la France et la Chine, il a consacré toute sa vie au chinois et le chinois a changé le cours de sa vie.
Alors qu'est célébré cette année le 55e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises, M. Bellassen, qui a accordé une interview exclusive à l'Agence de presse Xinhua au Centre culturel de la Chine à Paris, a estimé que la Chine est un partenaire privilégié pour la France et que les relations bilatérales ont encore beaucoup de belles pages à écrire.
"IL EST PREFERABLE DE VOIR UNE FOIS QU'ENTENDRE CENT FOIS"
M. Bellassen se souvient clairement de son arrivée en Chine : "C'était le 18 novembre 1973 que je suis allé en Chine pour poursuivre mes études de chinois, après 4 ans d'études à Paris, grâce à la reprise des échanges culturels entre les deux gouvernements".
Il a révélé que la question qu'on lui a le plus souvent posée tout au long de sa vie est "Pourquoi avez-vous choisi le chinois ?". "Ce n'est pas facile de répondre. Je m'intéresse beaucoup à la langue chinoise parce qu'elle est unique et j'ai toujours eu de la curiosité pour la culture linguistique chinoise", a-t-il confié.
Quand M. Bellassen faisait ses études à l'université de Paris-VIII, il s'intéressait à tout ce qui concernait le chinois et la Chine, comme par exemple les histoires des proverbes, les échecs chinois, les pensées de Laozi et de Zhuangzi ou encore les œuvres littéraires de Lu Xun.
"Mais je le savais bien, pour connaître la Chine, il est préférable de voir une fois qu'entendre cent fois", a affirmé ce sinologue, "et grâce à mes études à Beijing, mon chinois s'est évidemment amélioré et j'ai approfondi ma connaissance de ce grand pays".
En 1975, il est rentré en France et s'est engagé à promouvoir, étudier et enseigner le chinois, sa carrière étant désormais intimement liée aux échanges culturels entre la France et la Chine. Il est ainsi devenu le premier inspecteur général de chinois au ministère français de l'Education nationale.
VIF ENGOUEMENT DE LA LANGUE CHINOISE EN FRANCE
M. Bellassen a indiqué qu'en France, depuis l'année 2000, l'enseignement du chinois a explosé. Le nombre d'élèves au lycée et au collège qui apprennent cette langue a augmenté d'environ 30 % chaque année et dépassé le record pendant plusieurs années consécutives. L'enseignement du chinois devient plus réglementé et la maîtrise du mandarin devient un nouveau laissez-passer pour l'emploi, ce petit plus qui fera la différence.
Selon les chiffres du service de l'Education de l'ambassade de Chine en France, plus de 110.000 personnes apprenaient le chinois en France en 2018. Au cours d'une dizaine d'années écoulées, le gouvernement français a ouvert des classes internationales de chinois dans 46 écoles primaires et secondaires.
En outre, le ministère de l'Education nationale a créé un poste d'inspecteur général chargé de l'enseignement du chinois, ce qui selon M. Bellassen "est une mesure exceptionnelle au sein du système éducatif français".
Il a déclaré que l'origine historique des deux pays et le soutien du ministère de l'Education nationale ont fait grimper la cote d'amour du chinois en France. "La France est au premier rang mondial en matière de sinologie et d'enseignement du chinois".
"LA CHINE EST UN PARTENAIRE PRIVILEGIE POUR LA FRANCE"
Le sinologue a affirmé que la relation franco-chinoise est particulière, puisque la France est l'un des premiers grands pays occidentaux à avoir reconnu la Chine. "C'est une initiative porteuse de sens", a-t-il dit.
M. Bellassen a expliqué que la France, par rapport à d'autres pays occidentaux, a une certaine longueur d'avance, ce qui a contribué au développement de la sinologie et de l'étude du chinois et donc à une meilleure compréhension de la Chine et de sa culture.
Au sujet de la perspective des relations bilatérales, il a déclaré : "Je pense que la suite des échanges de cette relation singulière entre la France et la Chine doit nous rendre optimistes parce que nous sommes toujours allés dans le bon sens avec un développement multiforme, c'est-à-dire touchant tous les domaines, et il y a encore beaucoup de belles pages à écrire. La France considère la Chine comme un partenaire privilégié".
Afin de faire évoluer la connaissance entre les deux pays, "il faut petit à petit réduire les stéréotypes, les images figées. Et ça ne peut se faire qu'au prix du renforcement des liens et des échanges de toutes sortes, notamment au niveau des individus et notamment au niveau culturel", a-t-il affirmé.