Alors que les opportunités économiques se développent, grande est la tentation pour les petites populations d'abandonner leur langue maternelle en faveur de la langue régionale dominante afin d'élargir leurs possibilités économiques. Telle est en tout cas la conclusion du Dr Tatsuya Amato, du Département de zoologie de l'Université de Cambridge. Le Docteur Amato et ses collègues ont utilisé les critères de définition des espèces menacées établie par l'Union internationale pour la conservation de la nature pour mesurer la santé des langues du monde.
Selon les chercheurs, les trois principaux facteurs de risque pour la disparition des langues sont la petite taille de la population, un petit habitat géographique et l'évolution démographique ou la diminution du nombre de locuteurs. Utilisant ces ensembles de données, l'équipe a déterminé que les niveaux de capital par PIB (produit intérieur brut) sont corrélés à la perte de la diversité linguistique. En bref, plus une économie régionale réussit, plus sa langue décline rapidement.
« Quand une économie se développe, il y a une langue qui en arrive souvent à dominer les sphères politiques et éducatives de la nation. Les gens sont obligés d'adopter la langue dominante ou alors ils risquent de devenir des laissés pour compte - économiquement et politiquement. Bien sûr, tout le monde a le droit de choisir la langue qu'il veut parler, mais empêcher une langue de mourir est important pour préserver la diversité culturelle humaine dans un monde de plus en plus globalisé », a déclaré le Docteur Amato dans un communiqué.
Comme exemples de de langues à risque, les chercheurs ont cité le Haut Tanana, parlé par les peuples autochtones en Alaska de l'Est qui ne compte plus que 24 orateurs. La langue Wichita, une langue ancienne parlée par les Indiens des Plaines d'Amérique du Nord ne possède plus qui le parle couramment et les langues des peuples autochtones des Territoires du Nord en Australie sont maintenant en déclin ou ont disparu complètement. Selon les recherches publiées dans l'édition du 3 septembre de la revue Proceedings of the Royal Society B, « Les langues sont actuellement en train de disparaître à un rythme d'extinction encore plus rapide que celui de la perte catastrophique bien connue de la biodiversité »,.