Dernière mise à jour à 16h40 le 19/05
Le 69e Festival de Cannes a débuté le 11 mai dernier. Aucun film en langue chinoise n'a été sélectionné pour la compétition principale, et même dans la section « Un certain regard », il n'y a pas de films chinois, l'implication de la Chine est donc bien faible. Dans ces conditions, que peut bien écrire un journaliste des médias chinois déjà enregistré depuis longtemps ? Inspiré par la section « Un certain regard » du festival, j'ai soudainement pensé à ce titre, « Un certain regard sur le Festival de Cannes ».
Le bureau de la section « Un certain regard » du Festival de Cannes. Photo Li Yongqun
Un certain regard sur le Festival de Cannes… qu'est-ce que peut bien vouloir dire ce « certain regard » ? Une belle matinée ensoleillée, la brise marine. Me promenant dans les rues de Cannes, devant l'église située en face du Palais des Festivals, où l'on préparait la messe, je me suis laissé entrainer par ces voix mélodieuses, ouvrant la porte de l'église l'espace d'un instant, semblant avoir trouvé un point d'intérêt : le cinéma et la religion, qui semblent si éloignés, mais qui, ici comme le Palais du Cinéma et l'église, sont debout tout proches, à portée de main.
Dans son article intitulé « Du festival considéré comme un ordre » publié en juin 1955 dans la revue Les Cahiers du Cinéma, André Bazin, le « père de la Nouvelle Vague du cinéma », parlant du Festival de Cannes, a écrit « depuis 1946, j'ai assisté à la progressive mise au point du phénomène Festival, à l'organisation empirique de son rituel, à ses hiérarchisations nécessaires. J'ose comparer cette histoire à la fondation d'un Ordre et la participation totale au Festival à l'acceptation provisoire de la vie conventuelle. En vérité, le Palais qui se dresse sur la Croisette est le moderne monastère du cinématographe ».
Le 69e Festival International du Film de Cannes organisé dans la ville de Cannes, sur la côte méditerranéenne du Sud de la France. Photo Li Yongqun
En ce sens, pour les journalistes qui assistent ensemble au Festival de Cannes pendant deux semaines, il s'agit, pour les besoins d'un même mélange d'esprit surréaliste, de méditer dans le Palais des Festivals. « Le Festival de Cannes, c'est d'abord une puissante injection de cinéma. Ici, en regardant quatre ou cinq films par jour, les gens ont la sensation, pendant les deux semaines que dure le Festival, de se trouver sur une autre planète. Ici, c'est une sorte de carnaval où foisonnent les idées, des plus superficielles aux plus grandes ». Par ces mots, la réalisatrice française Valérie Donzelli a révélé le sentiment d'une partie considérable des festivaliers. Il n'est guère difficile d'expliquer pourquoi le Festival annuel du Film de Cannes parvient à attirer près de 4 000 journalistes et 40 000 festivaliers.
Cette année, c'est le 69e Festival de Cannes, et c'est la 43e fois qu'il y a un jury d'inspiration religieuse au Festival de Cannes. En fait, la religion a toujours été comme une sorte de fantôme planant au-dessus de divers festivals internationaux du cinéma, comme ceux de Berlin, de Venise, de Montréal ou de Locarno.
Au Festival de Cannes cette année, bien qu'aucun film chinois n'ait été sélectionné, les efforts des cinéastes chinois sont visibles partout. Photo Li Yongqun
Depuis 1974, la religion est donc présente dans le jury du Festival de Cannes, et participe aux prix décernés, comme le film de Zhang Yimou de 1994, « Vivre ! », qui a reçu le Prix du jury œcuménique du Festival de Cannes. Ce jury, mis en place chaque année, est composé de deux associations chrétiennes, Signis, l'Association catholique mondiale pour la Communication, et Interfilm, l'Organisation internationale protestante pour le Film. Dans l'industrie du film, Signis est l'héritière de de l'« Organisation catholique internationale du cinéma » (OCIC), mise en place en 1928. Ces deux associations religieuses, à travers l'organisation de séminaires internationaux, de concours de film, de financement de films, la diffusion de films par le biais de leurs propres réseaux de télévision, la protection du patrimoine et d'autres moyens contribuent à défendre les valeurs humaines et spirituelles du développement du cinéma.
Le Marché du Cinéma pendant le Festival de Cannes. Photo Li Yongqun
Le Jury œcuménique du Festival de Cannes comprend six juges, qui viennent de différents pays et cultures et qui sont remplacés chaque année, est bien connu des journalistes, des critiques et des chercheurs dans le domaine du cinéma, mais aussi des catholiques ou des protestants. Ils bénéficient du traitement de VIP au Festival, participent à l'entrée sur le tapis rouge. La session du jury de cette année est caractérisée par son caractère très féminin, avec cinq femmes et un homme. Ils se rencontrent souvent lors du Festival de Cannes, analysent les films de manière indépendante, et organiseront une cérémonie officielle dans la Salle des Ambassadeurs du Palais des Festivals le 21 mai à 17h00, invitant les hôtes de marque du Festival, les journalistes, les réalisateurs, à assister à la remise du prix au film qu'ils auront choisi. Lors du Marché du Cinéma, du Festival de Cannes, le jury œcuménique a toujours son propre stand, offrant aux cinéastes toute une variété de canaux et d'informations sur les films religieux. Le 18 mai, le jury œcuménique a également organisé un ensemble de messes, cultes et autres célébrations dans une église de Cannes, suivie d'une réception. Le jury œcuménique de Cannes a également mis en place un mécanisme permanent, ce qui fait que l'ombre de la religion sur le Festival de Cannes peut être décrite comme omniprésente.
Quand on se souvient des films vus pendant le Festival, ils semblent, sans exception, tous remplis de connotations religieuses.
(Auteur : Li Yongqun)