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Des musées privés sont alimentés en vestiges archéologiques par des pilleurs de tombes

le Quotidien du Peuple en ligne | 10.08.2016 10h27
Des musées privés sont alimentés en vestiges archéologiques par des pilleurs de tombes
Des inspecteurs des reliques historiques mesurent un tunnel après le pillage d'une tombe de la Dynastie Shang (vers 1600-1064 av. JC) en décembre 2015 à Zhengzhou, dans la Province du Henan (centre de la Chine). Photo: AP

Après que des tombes datant de la Dynastie Qing (1644-1911) aient été pillés par deux fois en sept mois, le gouvernement local de Zunhua, dans la Province du Hebei (Nord de la Chine) a promis de mieux protéger les sites et les vestiges culturels de sa ville.

Bien que l'Administration d'Etat du patrimoine culturel (SACH) ait reproché au gouvernement local son irresponsabilité et ses mauvaises compétences en matière de gestion, les experts ont toutefois souligné que la lutte contre le pillage de tombes est à la fois juridiquement et financièrement difficile.

La demande en objets historiques en Chine augmente rapidement. Mis à part les collectionneurs, les musées privés sont les principaux acheteurs de reliques volées, a déclaré au Global Times Ni Fangliu, expert en archéologie à Nanjing.

Un sous-sol très lucratif

La tombe d'une concubine impériale située dans le complexe des Tombes des Qing de l'Est, à Zunhua, a été saccagée par neuf voleurs et 12 pièces ont été volées le 31 octobre 2015. Selon le site d'information chinanews.cn, les voleurs ont été par la suite arrêtés et les reliques récupérées.

Après le vol, la SACH a convoqué les responsables de la ville de Zunhua, mais aussi de la ville de Tangshan, qui administre Zunhua, et les responsables ont alors promis qu'ils feraient davantage pour protéger le site.

Cependant, le 17 mai dernier, le tombeau de l'impératrice Xiaozhuang (1613-1688), également situé dans le complexe, a été cambriolé. Selon chinanews.cn, les voleurs n'ont toujours pas été pris, et l'enquête sur l'affaire est toujours en cours.

« Le gouvernement local et le département de l'administration devraient améliorer leurs capacités de gestion, ainsi que leur sens de la responsabilité », a déclaré au Beijing Times un responsable de la SACH.

Selon l'agence de presse Xinhua, les Tombes des Qing de l'Est abritent 15 sépultures et 586 bâtiments individuels où reposent les restes de 161 membres de la famille impériale.

« Il est difficile pour le gouvernement de contrôler un endroit comme celui-ci, et les pilleurs de tombes possèdent des technologies plus avancées que le gouvernement », a déclaré M. Ni, qui a insisté sur le manque de fonds pour la protection des reliques.

« Les reliques qu'ils volent dans ces tombes peuvent être vendues en quelques jours, ce qui rend très difficile au gouvernement de retrouver leurs traces », a pour sa part déclaré Liu Yang, avocat à Beijing.

Selon la SACH, seulement 29 incidents lors desquels les reliques ont été volées lui ont été signalés en 2015, outre 83 cas dans lesquels les sites culturels ont été vandalisés. De son côté, le Beijing Times a rapporté qu'environ 22 sites du patrimoine placés sous la protection de l'État ont signalé des cas où leur sécurité était menacée.

Un commerce privé

« De nombreux musées privés ont une grande demande en reliques, ce qui offre aux pillages de tombes un énorme marché », a déclaré Guo Dashun, ancien directeur de l'Institut provincial d'archéologie du Liaoning.

En outre, le gouvernement encourage la construction de nouveaux musées. « Donc, même s'ils savent que la source de ces reliques est douteuse, ils ferment les yeux », a-t-il ajouté, soulignant que « Si ces musées refusent d'accepter des reliques illégales ou signalent des voleurs à la police, alors personne ne leur proposera plus de reliques ».

Le site d'informations sina.com a rapporté en 2014 que Liang Jun, le conservateur d'un musée de la Province du Jiangsu (Est de la Chine) a été condamné à neuf mois de prison avec un an de probation et une amende de 100 000 Yuans (15 013 Dollars) pour l'achat de reliques à des voleurs de tombes.

Selon M. Ni, des solutions judiciaires et de sécurité sont nécessaires. « Pourtant, actuellement aucune d'entre elles ne semble possible ».

La Chine a cessé d'infliger des condamnations à mort aux pilleurs de tombes en 2011 « afin de diminuer le nombre d'exécutions », a pour sa part déclaré maitre Liu.

« Sans la menace de la peine de mort, il ne fait guère de doute que le pillage de tombes sera de plus en plus effréné », a de son côté souligné M. Ni, qui a ajouté que du fait de peines plus clémentes, un marché en pleine expansion et la négligence de certains gouvernements locaux, « peut-être que l'activité de pillage des tombes ne cessera que lorsque toutes les tombes auront été vidées ».

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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