Dernière mise à jour à 14h22 le 13/07
Là où bat le tambour vit une autorité, marquant la souveraineté de la nation burundaise. Au temps des rois, longtemps avant la colonisation, le son du tambour résonnait très tôt le matin pour rendre hommage aux ancêtres, et retentissait à nouveau le soir pour marquer la fin de la journée. Symbole d'autorité, de démarcation entre le jour et la nuit et de rendre hommage au dieu ancestral Imana. Ses vibrations portant très loin servaient aussi de transmission de message lors des réunions organisées à la cour royale. Aujourd'hui, le tambour burundais est toujours aussi célèbre et les tambourinaires (Abatimbo) infatigables. Cet instrument a été inscrit par l'Unesco comme patrimoine culturel et immatériel de l'humanité, en avril 2014.
Le Burundi est un petit pays situé en Afrique de l'Est. Certes, pas très connu du monde chinois et du monde occidental, car parfois il faut pouvoir le décrire par rapport à ses voisins comme la Tanzanie par exemple, qui couvre le bord Est et Sud du Burundi. Mais, le tambour burundais a su porter loin l'image de ce petit pays touristique, le cœur de l'Afrique, le pays des mille collines, la terre des ancêtres. Dans les festivals, il fait bouger les têtes d'approbation, d'autres danses à son rythme car étant un instrument qui anime et qui vibre dans les cœurs des gens qui l'écoutent.
La symbolique du tambour Issu d'un tronc d'arbre taillé et creux a l'intérieur, «Umuvugangoma» (en langue locale), est fabriqué à partir d'une peau de taureau (jamais de vache). Ce tambour bien original comprend quatre principales composantes : le pied, le ventre, les chevilles et la peau. Le tambour évoque ses relations intimes avec l'agriculture et la fécondité. Sa peau (peau de taureau tannée pour couvrir le grand tronc creux) est comparable au berceau d'un bébé, ses chevilles (des petites branches relient la peau au tronc creux) et aux seins d'une femme, son corps (le gros tronc creux) son ventre. D'où le mythe que la femme ne peut pas battre le tambour car cela reviendrait à se battre elle-même. Donc elles ne touchent pas au tambour.
Le nom Ingoma (tambour), signifie aussi royaume. Là où siégeaient les rois résidaient aussi les tambours. Il existe encore aujourd'hui au Burundi sanctuaire Ingoro Y'ingoma ou palais des tambours. Cet instrument occupe une place légendaire dans la culture burundaise, symbolisant notamment la légitimité du pouvoir et la pérennité de la nation. Bien plus qu'un simple instrument de musique, il fait partie des objets sacrés.
Un patrimoine qui embellit l'image du pays
Le Burundi a toujours été présenté comme une nation de guerre et de conflits. Mais les ancêtres, eux l'ont toujours qualifié de pays de lait et de miel. Deux éléments de l'alimentation des jeunes Burundais, car étant un pays d'agriculteurs et d'éleveurs. Ainsi, le tambour vient couronner le tout en embellissant cette image à travers les autres nations de par son rôle social. Au son du tambour, les gens sont heureux, dansent et se préoccupent peu des différences qui les séparent.
En plus des sites pittoresques, comme la source du Nil, les chutes d'eau et les eaux thermales, les failles, les forets des arbres sacrés, les nombreuses montagnes et vallées, les huttes des maisons anciennes, le Tambour de Gishora (là où est né le tambour) reste le premier instrument culturel tant national qu'international.
Battu sur un même rythme, avec des mouvements de danse coordonnées et uniformes, les Abatimbo, continuent d'animer inlassablement les assemblées.
A noter la présence d'un jeune tambourinaire en herbe dans chaque groupe d'Abatimbo, pour perpétuer la tradition ancestrale.
Blandine NIYONGERE