Jean-Paul Rappeneau : les échanges sino-français sur le cinéma doivent se faire par la rencontre et la parole

Ce mois de mai, Jean-Paul Rappeneau, grand metteur en scène et scénariste français, est venu en Chine pour présenter sept de ses films à Beijing dont « Cyrano de Bergerac » et « Le hussard sur le toit » lors du festival Croisements 2019, organisé par l'ambassade de France en Chine.

« C'est la première fois que je viens en Chine et tout est nouveau pour moi ! » Le réalisateur nous a parlé de sa curiosité envers ce pays qui lui semble lointain mais fascinant, ajoutant que « pourtant, je connais tant de grand réalisateurs chinois qui me fascinent d'une manière incroyable ». Énumérant avec précision quelques grands noms connus tels que Zhang Yimou, Chen Kaige et Wang Jiawei, M. Rappeneau a exprimé l'affection particulière qu'il porte au film « Le Secret des poignards volants » de Zhang Yimou tourné en 2004. « J'adore le sens du mouvement dans ce film et c'est cet aspect visuel de beauté qu'on trouve dans les films chinois tels que celui-ci qui m'a attiré et inspiré tout au long de mon parcours de création », a-t-il précisé.

Né à Auxerre, en Bourgogne, à la veille du déclenchement de la Seconde guerre mondiale, son enfance pas très joyeuse a joué un rôle crucial dans son parcours professionnel. « J'ai vu de mes yeux la maison de mes parents occupée par des troupes allemandes et ce souvenir m'a beaucoup affecté ». C'est ainsi qu'il a décidé de créer un long-métrage, intitulé « La vie de château » qui parle d'une relation compliquée entre une Française, un résistant français et un officier allemand, symbolisant l'effervescence chaotique de l'époque que la guerre a provoquée.

Parlant du cinéma français, le réalisateur a précisé avec fierté que l'âme du cinéma français se trouve dans les « films d'auteur » que tant de réalisateurs français pratiquent de génération en génération. Le « cinéma d'auteur » est un genre de cinéma qui reflète le style artistique particulier d'un certain metteur en scène ou d'un scénariste. Il a pris forme et a été mis en valeur lors du mouvement de la Nouvelle Vague dans les années 1960 au cours duquel une kyrielle de réalisateurs et scénaristes français ont surgi dont Jean-Paul Rappeneau. Parlant d'Agnès Varda qui était une force de l'avant-garde lors du mouvement, il l'a qualifiée de « mère de tous les réalisateurs français », affirmant qu'elle est une icône de la France dans son histoire cinématographique.

« De nos jours, on est plus ou moins perturbés par les nouveaux goûts du public et par le grand succès des blockbusters des cinémas américains que l'on trouve en France, en Chine et aussi dans d'autres pays », regrette le réalisateur français. Néanmoins, il a également exprimé son espoir envers le futur brillant de la coopération cinématographique entre la Chine et la France tout en citant des points communs partagés par ces deux pays aux niveaux culturel et artistique.

En effet, la coopération cinématographique sino-française, initiée même avant l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France en 1958 possède une belle et longue histoire. De nos jours, face à un contexte en pleine mutation et à la modernisation des techniques de tournage de films, le metteur en scène a réitéré l'importance de l' « interconnexion » entre la Chine et la France au niveau des échanges culturels. « Les échanges entre le cinéma français et le cinéma chinois ne pourront bien aboutir qu'à travers la rencontre et la parole. C'est après mon arrivée ici en Chine que je me suis rendu compte que les réalisateurs français et chinois partagent les mêmes rêves, les mêmes envies et aussi les mêmes difficultés », a-t-il ajouté.