L'investissement chinois a augmenté rapidement, tant aux États-Unis que dans l'Union européenne, mais l'UE a attiré près de deux fois plus de capital que les États-Unis ces dernières années, selon le rapport publié lundi d'une organisation qui surveille les tendances financières mondiales.
Les investissements chinois dans l'UE ont atteint plus de 10 milliards de dollars ces deux dernières années, selon le rapport du groupe Rhodium à New York. Le total investi aux États-Unis a grimpé à 6,5 milliards de dollars l'année dernière, soit une augmentation fulgurante des investissements annuels qui représentaient moins de 1 milliard avant 2010.
Le groupe China Petroleum & Chemical Corp a annoncé lundi son intention de dépenser 1,02 milliard de dollars pour acheter la moitié des propriétés pétrolières et gazières Mississippi Lime de Chesapeake Energy Corp dans l'Oklahoma, afin d'accroître sa présence dans l'industrie du gaz de schiste en plein essor en Amérique du Nord.
Les Européens ont assuré un accueil plus chaleureux aux investisseurs chinois que leurs homologues américains, selon une étude du groupe Rhodium, en particulier dans le secteur de la haute technologie.
La crise de la dette de la zone euro a présenté de nouvelles opportunités pour les investisseurs.
Selon Rhodium, les investisseurs chinois ont dépensé 6 milliards de dollars dans les secteurs des machines industrielles et de l'automobile en Europe, contre moins de 3 milliards aux États-Unis.
« L'Europe est un marché relativement plus libre que les États-Unis, et exerce moins d'interférences sur les activités commerciales et les affaires », a estimé Huo Jianguo, président de l'Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique, un think tank affilié au ministère du Commerce.
M. Huo a également indiqué que la crise de la dette européenne avait facilité l'accès au marché pour les investisseurs chinois.
« La région possède certains des meilleurs producteurs du monde, mais beaucoup ont désespérément besoin de capital », a-t-il ajouté.
L'entreprise Sany Heavy Industry Co Ltd, qui siège à Changsha, a acheté le fabricant allemand de pompes à béton Putzmeister l'an dernier pour 360 millions d'euros (475 millions de dollars).
Les pays de l'UE ont également attiré des investissements dans les services publics et les infrastructures de transport. En 2012, les entreprises d'État et les organismes d'investissement souverain chinois ont investi plus de 5 milliards de dollars dans ces secteurs, y compris une participation du fonds souverain de la Chine dans l'aéroport d'Heathrow à Londres.
Les États-Unis n'ont presque pas attiré d'investissements dans leurs infrastructures de transport et les 3 milliards de dollars qui ont été investis depuis la Chine dans les services publics ciblaient des entreprises dont la majorité des actifs est enregistrée en dehors des États-Unis.
Les dirigeants du fonds souverain China Investment Corp ont répété plusieurs fois que la société cherchait encore des opportunités d'investissement dans le marché des infrastructures européennes.
Les différentes préoccupations européennes et américaines de sécurité sont également un facteur, selon le rapport.
« La compétition stratégique entre les deux pays a influencé l'image des investissements chinois ici », a noté Sauvant, un ressortissant allemand qui vit et enseigne aux États-Unis depuis plusieurs décennies. La concurrence stratégique avec la Chine n'est pas un problème en Europe, selon lui.
R. Mason Cargill, associé du cabinet d'avocats Jones Day à Washington, a affirmé que le gouvernement américain accueille les investissements chinois en général, mais que « les préoccupations relatives à la sécurité nationale restent un défi majeur pour les investisseurs chinois aux États-Unis, en plus des différences culturelles dans les affaires. »
Li Zhongzhou, expert du commerce et des investissements et ancien fonctionnaire du ministère du Commerce, a estimé que les États-Unis ne devraient pas trop s'inquiéter de l'ampleur des investissements chinois, car celle-ci est assez faible.
« Cependant, le gouvernement américain devait changer de manière de penser au sujet de la Chine », a-t-il souligné. « Les entreprises chinoises pourraient contribuer à créer des emplois aux États-Unis, mais le gouvernement continue à craindre les vols de technologie et la délocalisation des emplois. »