Les membres de l'Union européenne (UE) devraient comprendre que le protectionnisme n'aide pas à rendre leurs entreprises concurrentielles, a déclaré l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder.
Lors d'une interview récemment accordée à Xinhua, il a appelé à une approche basée sur les négociations pour traiter les disputes commerciales UE-Chine concernant les produits solaires.
"Je partage l'opinion du gouvernement allemand. Les disputes commerciales devraient être résolues à travers les négociations", a poursuivi M. Schröder, qui a été chancelier de 1998 à 2005.
Il a appelé le gouvernement allemand à exercer plus de pressions sur l'UE concernant ce dossier, en indiquant qu'"il serait illogique pour les deux parties de travailler avec de plus en plus de tarifs punitifs".
Plus tôt ce mois-ci, l'UE a établi des tarifs punitifs sur les panneaux solaires chinois. Les droits de douane punitifs actuels de 11,8% dureront jusqu'au 6 août, puis s'élèveront à 47,6% en cas d'échec des négociations.
Le gouvernement allemand est préoccupé par les démarches de Bruxelles, et le vice-chancelier et ministre de l'Economie Philipp Rösler a déclaré que l'imposition des droits de douane punitifs sur les panneaux solaires chinois constitue une "grave erreur".
Dans cette interview accordée à Xinhua, M. Schröder a noté que le partenariat entre la Chine et l'Europe conduit à des résultats gagnant-gagnant alors que le protectionnisme du commerce y porte atteinte.
Les entreprises allemandes ont exprimé des inquiétudes vis-à-vis de la décision de l'UE d'imposer des droits antidumping provisoires sur les produits solaires chinois.
Dans un communiqué rendu public plus tôt ce mois-ci, la Fédération de l'Industrie allemande (BDI) a dit regretter la décision de l'UE, tout en appelant de toute urgence les deux parties à trouver une solution mutuellement acceptable.
"Les tarifs punitifs sur les produits chinois ne rendront pas l'industrie solaire allemande concurrentielle", a indiqué M. Schröder. "Seules les entreprises qui se sont simultanément spécialisées et internationalisées sont en mesure de survivre".
L'ancien chancelier a souligné que l'économie chinoise s'est grandement développée et est devenue plus concurrentielle technologiquement, ce qui a non seulement abouti à une augmentation des niveaux des salaires en Chine et à un prix plus élevé des produits, mais aide également à créer pour les entreprises allemandes de nouvelles opportunités de coopération avec les partenaires chinois.
Il importe peu que les concurrents viennent des Etats-Unis, de la Chine ou de l'Europe, a-t-il noté, le plus important est qu'il existe des conditions équitables pour tout le monde.
Quant aux démarches de certains pays européens visant à protéger leur propre économie face aux pertes liées à la crise de la dette dans la zone euro, M. Schröder a souligné que les pays européens devraient comprendre que le protectionnisme n'aide pas à rendre leurs entreprises concurrentielles.
"Il y a dix ans, nous étions considérés comme 'le grand malade de l'Europe'. Aujourd'hui nous sommes le moteur de la croissance", selon M. Schröder, réitérant les réformes de la sécurité sociale et de l'emploi qu'il a défendues, et qui ont réduit les impôts et libéralisé le marché du travail.
Il a ajouté que les autres pays européens devraient procéder à des réformes similaires.
Au sujet de la crise de la dette régionale en cours, M. Schröder a indiqué que l'UE doit prendre des mesures supplémentaires pour surmonter la crise, y compris une coordination accrue des politiques financières et économiques parmi les Etats membres de l'UE et davantage de mesures favorables à la croissance.
"La croissance en Europe est importante pour la Chine et vice versa", a souligné l'ancien chancelier. "Nous sommes interdépendants".