Pendant huit ans, la Chine a mené avec bravoure le mécanisme de réforme du taux de change du yuan (RMB) en fonction de son développement économique, alors que des efforts prudents ont été déployés pour éviter que les changements aient des impacts néfastes sur l'économie.
Cependant, certains politiciens occidentaux ferment souvent les yeux sur la complexité économique de la question et accusent de façon précipitée la politique monétaire de la Chine d'être responsable du déficit commercial de leur pays, arguant que Beijing maintient un faible yuan de façon délibérée afin de favoriser ses exportations.
Ils ignorent tout simplement le fait que le yuan chinois a augmenté de 33% par rapport au dollar américain depuis le début de la réforme chinoise du taux de change il y a huit ans.
La réforme chinoise du taux de change est un processus courageux, d'autant que des dizaines de milliers de fabricants exploitant à faible marge bénéficiaire ont encaissé des pertes significatives suite au renforcement du yuan. Ces exportateurs, qui ont grandement contribué à la croissance du PIB et à l'emploi en Chine, ont eu besoin de temps pour s'adapter.
Pour la banque centrale du pays, le mécanisme doit réformer le système financier au fil du temps tout en maintenant l'économie en bonne santé. Les décideurs de politique ont beaucoup à faire, dont la rélexion des étapes spécifiques à prendre pour libéraliser les taux d'intérêt et les taux de change ainsi que le compte de capital.
Par ailleurs, la crise financière internationale dévastatrice et la crise de la dette persistante en Europe ont posé de sérieux défis aux réformes financières chinoises. Le monde est inondé d'argent facile en provenance des Etats-Unis et du Japon, qui attend des rendements plus élevés des économies émergentes, telles que la Chine. Des flux de capitaux spéculatifs entrant et sortant de la Chine pourraient paralyser les instruments de politique macroéconomique.
Permettre au yuan chinois d'être plus flexible est plus facile à dire qu'à faire. Les enjeux sont élevés pour le gouvernement chinois, qui doit stimuler la croissance de la deuxième économie mondiale et alimenter la machine économique mondiale malgré de multiples risques externes.
Malgré tout, une réforme fructueuse pourrait rapporter d'immenses bénéfices. Un taux de change plus orienté vers le marché réduirait les frictions commerciales, encouragerait les importations, modérerait l'inflation et les flux de capitaux spéculatifs. A long terme, la réforme aiderait à optimiser l'allocation des ressources du pays et à stimuler la réorientation vitale de la croissance économique de la Chine, présentement orientée vers les exportations, afin qu'elle soit fondée sur la consommation.
Au cours des huit dernières années, la Chine a pris une série de mesures régulières mais promptes pour réformer son régime des changes. Son approche minutieusement calculée était adaptée au stade de développement de la Chine et a permis d'éviter que l'économie subisse un choc sévère.
Beaucoup d'économistes conviennent que le yuan chinois se trouve maintenant beaucoup plus près d'un taux d'équilibre. Voilà un indice positif du progrès significatif de la Chine vers un yuan plus flexible.
De plus, la montée du yuan a assoupli le déséquilibre commercial et celui de la balance des paiements, alors que l'excédent du compte courant est passé de 8% à près de 2% du PIB, et que la croissance des réserves en devises étrangères a atteint en 2012 son plus bas niveau en neuf ans.
La réforme financière de la Chine, qui ne peut pas faire marche arrière, ne peut pas être réalisée du jour au lendemain. La banque centrale a levé samedi ses contrôles sur les taux d'emprunt, un important jalon de la réforme financière. Des mesures de réforme supplémentaires sont à prévoir dans les mois à venir.
La réforme économique de la Chine constitue un projet colossal et exhaustif. Pour qu'une politique de réforme dans le secteur financier soit un succès, des changements audacieux doivent être apportés dans divers secteurs tels que le monopole d'Etat ainsi que les politiques foncières et fiscales. Une économie fleurissante servira de base solide pour des réformes financières plus profondes.