Malgré des risques de ralentissement, l'économie chinoise est sur la bonne voie, analyse Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial.
Pour éviter une perte de vitesse, la Chine devrait remplacer sa locomotive économique qui carbure aux bénéfices pour une locomotive davantage axée sur l'innovation et la qualité, a observé M. Schwab dans un entretien récent accordé à Xinhua.
"J'ai visité la Chine pour la première fois en 1979 sur l'invitation de l'Académie chinoise des sciences sociales, et j'y suis retourné tous les ans depuis", a-t-il révélé. "Ce qui m'a le plus frappé à propos de la Chine depuis, c'est son incroyable transformation".
M. Schwab a bâti une relation solide avec la Chine en 2007 lorsqu'il a inauguré le forum estival de Davos, qui réunit chaque année les pontes de la politique, du monde des affaires et des sciences sociales. La Chine accueille ce sommet chaque été, et la ville-hôte alterne chaque année entre les villes portuaires de Tianjin et de Dalian.
Le forum estival Davos de cet été, également connu sous le nom World Economic Forum Annual Meeting of the New Champions, se tient de mercredi à vendredi à Dalian, et réunit plus de 1.600 participants du monde entier sous le thème "être à la hauteur des impératifs de l'innovation".
"Nous entrons dans une nouvelle ère de croissance économique où nous devons construire un monde dans lequel la qualité de vie, et pas seulement le volume de la production, est au centre de nos activités", dixit M. Schwab.
Selon lui, la Chine, le plus grand marché des pays émergents, est rapidement entrée dans une nouvelle phase où elle devrait investir "dans les moteurs de la future croissance économique" pour incorporer une plus grande ouverture sociale et davantage de durabilité environnementale dans le processus de décision économique, tout en construisant "un écosystème d'innovations robuste et qui fonctionne bien".
"Il faut mettre le récent ralentissement chinois en perspective", a-t-il insisté. "La situation macroéconomique générale (de la Chine) est bonne -- l'inflation est en baisse, le déficit budgétaire est modéré, et le rapport dette publique/PIB fait partie des plus faibles au monde. La faculté de la Chine à rester dans le top 30 de notre Indice mondial de compétitivité est un véritable exploit".
Il relève néanmoins que pour poursuivre sur la voie de la productivité et de la prospérité durables, la Chine doit se consacrer davantage à l'innovation et aux réformes institutionnelles.
"L'innovation va jouer un rôle de plus en plus important pour stimuler la transformation, et cela ne pourra se produire qu'à travers une croissance ouverte à toutes les parties prenantes de la société", a-t-il souligné.
Les nouveaux leaders politiques chinois ont mis en place un programme ambitieux et des réformes, telles que la libéralisation des marchés, qui sont un pas dans la bonne direction, analyse M. Schwab.
La Chine doit permettre à tous les entrepreneurs de lutter à armes égales, rendre les transactions plus transparentes et donner les mêmes opportunités à tous les acteurs du marché, a-t-il poursuivi.
Il a également partagé sa philosophie, qu'il a décrit en ces termes : "après la crise économique, nous devons repenser notre système mondial et nos processus de décision".
"La coopération et la gestion de la copropriété mondiale doit être stratégique plutôt que réactive, en priorisant les besoins mondiaux et en corrigeant les déséquilibres".
"Nous devons non seulement servir nos propres intérêts mais aussi ceux de tous ceux avec qui nous sommes interconnectés".
M. Schwab espère que le Forum économique mondial, qu'il a fondé il y a 40 ans, puisse devenir un espace permettant de créer une confiance mutuelle par le biais de "réseaux internationaux d'interactions et de partage d'expériences informels".
"En réunissant les leaders établis des secteurs public et privé et les jeunes communautés dynamiques du forum, nous pouvons trouver de nouvelles idées et impulsions pour une croissance durable... Et nous pouvons également apprendre beaucoup auprès d'eux", a-t-il observé.
Le fondateur du forum de Davos a appelé les participants à quitter la réunion avec une nouvelle vision qui se projette plus loin dans l'avenir, qui soit dynamique et qui aille au-delà de la gestion de crise, ce qui correspond à la mission du forum, un organisme "engagé à améliorer l'état du monde".