Le 10 décembre, le gouvernement français a adopté un programme de réforme économique massif visant à lever de nombreuses restrictions pesant sur l'ouverture économique, et à promouvoir la croissance économique. Son nom officiel est « projet de loi de promotion de la croissance et de l'activité économique », et parce qu’il a été proposé par le Ministre de l'Economie Emmanuel Macron, il a aussi été appelé « projet de loi Macron ».
Ses principales dispositions sont les suivantes : augmenter le nombre des jours et des heures d’ouverture des magasins le dimanche ; encourager de nouvelles ouvertures de supermarchés, ce qui permettra de renforcer la concurrence sur le marché ; assouplir les conditions de fonctionnement et de construction des routes et des voies ferrées, faire baisser les prix et améliorer les conditions de transport ; vendre de 5 à 10 milliards d’Euros d’actifs appartenant à l'Etat ; augmenter les investissements ; poursuivre la simplification des procédures administratives ; modifier les conditions et les modalités de liquidation des retraites. Le projet de loi sera soumis à l'Assemblée nationale française.
Après sa publication, le projet de loi Macron a reçu le soutien d’une majorité de Français. Ainsi, la chaine d’informations BFM a récemment rapporté que selon un récent sondage, 58% des Français ont exprimé leur soutien au projet de loi Macron : les électeurs de gauche y sont favorables à 55% et ceux de droite à 61%. Le Premier ministre français Manuel Valls a même qualifié ce texte de « loi de la liberté et de progrès ».
Ce projet de loi n’est sans doute pas sans lien avec la situation économique morose de la France. Cette année, l'économie française est en récession. Le gouvernement français a récemment dû réviser ses prévisions de croissance économique pour 2014 et 2015, fixées à 1% et 1,7% respectivement à 0,4% et 1%, et retardé de deux ans la date d’accomplissement de son engagement initial d’objectif de réduction du déficit. Le taux de chômage est supérieur à 10%, et la dette souveraine se monte à pas moins de 2 000 milliards de Dollars US.
Parmi les diverses mesures destinées à stimuler l'économie introduites par le projet de loi, la plus notable est sans aucun doute l'assouplissement des restrictions d’ouverture des commerces le dimanche. Plus précisément, il s’agit du nombre de dimanches ouverts pour les commerces chaque année, qui devrait passer de 5 à 12 jours et de l’autorisation accordée aux magasins se trouvant dans des « secteurs touristiques fréquentés par les touristes internationaux » d’ouvrir jusqu'à minuit.
En Grande-Bretagne et d'autres pays, l’ouverture des magasins le dimanche est une chose entrée dans les mœurs, et sans aucune restriction. Pourtant, en France, c’est toujours resté un problème. Il semble que le souci majeur des gouvernements a toujours été la protection du droit au repos des employés du commerce. Il ne leur viendrait pas à l’esprit que cette pratique n’est pas bonne pour les intérêts des consommateurs ordinaires, mais qu’en plus elle est également néfaste pour l'emploi. En conséquence, les dimanches, en France, les rues commerçantes sont désertes. S’ils ne vont pas se balader dans la campagne, les gens vont alors en périphérie des villes dans les marchés aux puces, ou tout simplement restent à la maison.
Pour les touristes étrangers, en particulier les touristes chinois, de plus en plus nombreux, ce genre de situation est de moins en adaptée à l'environnement de développement du tourisme international. Pour beaucoup de visiteurs, la durée de séjour est calculée au plus juste. Des magasins fermés le dimanche, cela veut dire pour ces touristes une journée où ils n’ont nulle part à aller pour faire du shopping. Et cela a à l’évidence une incidence sur l'envie de certains touristes de venir voyager en France.
Conscient du problème, le gouvernement français espère, grâce à ces mesures, augmenter le nombre de touristes internationaux, et en particulier renforcer l’attrait de la France auprès des touristes chinois.
Il est à noter que l'introduction de ces mesures n’est pas étrangère non plus avec une manifestation de la diaspora chinoise en France l'année dernière en faveur de ses droits. Le 14 décembre 2013 en effet, un certain nombre d'associations chinoises en France ont lancé un mouvement de signature d’une pétition à Paris, souhaitant obtenir 10 000 voix en faveur « du droit à l’activité et au travail de la communauté asiatique le dimanche » et l’envoi d’une lettre ouverte au président François Hollande, appelant le gouvernement français à s’intéresser au problème et à promouvoir des réformes législatives allant dans ce sens. Le 25 février de cette année, les associations chinoises, qui ont atteint leur objectif de signatures, les ont envoyées, ainsi que la lettre ouverte, au palais présidentiel. Un tel événement n’a pas manqué d’attirer l'attention au plus haut niveau en France, et a sans nul doute également contribué à l'introduction des mesures de réforme, montrant de même l’élargissement et le renforcement croissants de l'influence de la communauté chinoise dans la société française.
Bien que le nouveau projet de loi relatif aux réformes ait encore un petit goût d’inachevé, bien que, à gauche comme à droite, il y a des gens qui ont une opinion différente sur ce sujet, c’est tout de même un pas en avant. Pour le gouvernement français, la présentation de ce projet de loi n’est pas seulement le signe d’une réforme graduelle de l'économie, mais elle témoigne aussi de son engagement et de sa capacité à faire des réformes. Un proverbe chinois dit que « Celui qui, monté dans un bateau, n’avance pas risque la chute ». Il n’est pas interdit de penser que le projet Macron, qui a obtenu l’assentiment d’une majorité des Français, une fois adopté par l'Assemblée nationale, aura un rôle dans la promotion du développement de l’économie française.
Ren Yaqiu
Le 15 décembre 2014