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Heureux comme un Français dans le hutong

( La Chine au présent )

16.01.2014 à 09h59

LAURENT CASSAR, membre de la rédaction

Si vous vous réveilliez un petit matin dans un hutong de Beijing, vous penseriez vous trouver dans les ruelles d'un village chinois, ou bien un siècle en arrière. Petites maisons grises d'un étage, odeur de soupe matinale et atmosphère paisible, seulement troublée par les sonnettes mécaniques d'antiques bicyclettes ou par la voix de quelques conteurs de xiangsheng provenant d'une petite radio à piles à la ceinture d'un vieillard...Mais vous êtes pourtant au centre-ville de Beijing, mégalopole bouillonnante de plus de 20 millions d'habitants, une des plus grandes villes au monde ! « On se croirait dans un village en plein centre-ville, c'est génial ! », nous dit Sébastien, un des nombreux Français habitant dans un des hutong de Beijing. Eh oui, les Français aiment les hutong et sont de plus en plus nombreux à y vivre ! Pour quelles raisons ? Et tout d'abord, qu'est-ce qu'un hutong ?

Un hutong est composé de plusieurs siheyuan (« maison emmurée à cour carrée ») reliés entre eux par un réseau de passages plus ou moins étroits. Les hutong sont un des symboles de Beijing et les premiers siheyuan y ont été construits il y a environ 800 ans, sous la dynastie des Yuan. Durant des siècles, le hutong a été la norme à Beijing en matière d'urbanisme avant d'être progressivement remplacé par des immeubles bordant de larges avenues. Lorsque l'on se balade (et se perd bien souvent) dans ces dédales de ruelles, il est difficile de concevoir la logique de ces constructions mais pourtant, l'organisation d'un siheyuan était – et cela l'est encore parfois – très codifiée. Traditionnellement, un siheyuan servait de lieu de vie aux membres d'une même famille. On y entre par une petite porte, en général ouverte la journée et de couleur rouge, située au sud-est de la structure. S'en suit un passage étroit débouchant sur une cour intérieure, invisible depuis la porte. Autour de cette cour où sont souvent plantés des arbres fruitiers, les différents bâtiments sont disposés selon les points cardinaux. Le meilleur bâtiment se trouve côté nord car il fait face au sud, ce qui permet aux rayons du soleil d'illuminer la pièce. Là habitaient les « anciens », en général les grands-parents. Les parents et petits-enfants étaient logés dans les bâtiments est et ouest. Les filles non mariées dormaient dans le lieu le plus éloigné de la porte donnant sur l'extérieur, afin de les protéger. Le bâtiment sud abritait la salle à manger et la salle d'étude, tandis que les toilettes étaient situées au sud-ouest des habitations afin de repousser les fantômes qui soi-disant rôdaient dans les parages…

Aujourd'hui, beaucoup d'expatriés habitent dans les hutong. Un loyer souvent abordable ainsi que l'atmosphère calme et conviviale sont les deux raisons qui l'expliquent le plus fréquemment. Il est aussi à noter que les étrangers vivent souvent dans des maisons rénovées, où des toilettes et une douche ont été installées.

Marie, jeune journaliste de 26 ans, habite en colocation dans un hutong de Beijing depuis trois ans. Elle aime beaucoup y vivre, pour le calme et le côté convivial du lieu. « C'est super silencieux, on n'entend pas un bruit, à part notre voisine, une vieille Chinoise, qui appelle son chien dans la cour xiao hua ! xiao hua ! à 5h du matin… », dit-elle. En effet, pas de circulation ni de klaxon dans ces ruelles interdites (théoriquement) aux voitures. Elle a aussi une terrasse sur le toit, très agréable pour les chaudes soirées d'été. Elle habite dans la maison côté nord (donc orientée au sud), et les autres habitations sont occupées par une Italienne, une Américaine et une vieille femme chinoise. « Si par exemple on reçoit un colis et qu'on n'est pas là, c'est ma voisine chinoise qui le récupère puis nous le donne quand on rentre, c'est très convivial », explique-t-elle. Du côté des points négatifs, il y fait froid en hiver (parfois même plus froid qu'à l'extérieur) et des insectes s'y introduisent en été. « J'ai eu un scorpion dans ma chambre, nous dit-elle, et aussi des grosses araignées et des mille-pattes ! » Mais pour seulement 2 500 yuans (un peu plus de 300 €) par mois (sa colocataire payant également 2 500 yuans), le prix est très avantageux pour un logement en plein cœur de Beijing !

David, 35 ans, professeur de français, habite quant à lui dans un immeuble au pied duquel se trouve un hutong. Il emprunte donc les petites ruelles du hutong tous les jours. Il a son idée sur les raisons pour lesquelles les Français aiment tant les hutong : « En fait, les hutong représentent l'image que les Français ont de la Chine. Pour la plupart des gens, la Chine, ce n'est pas les grands immeubles, mais des petites maisons avec des lanternes et des portraits de Bouddha… On ne vient pas en Chine pour voir la même chose que chez nous, en plus grand », dit-il. Le côté calme et convivial revient aussi dans ses propos, tout comme un certain côté naturel : « Il n'y a pas de gaz d'échappement, très peu de lumières aussi, c'est peace… Par exemple, on peut croiser des vieux qui vont aux toilettes en pyjama le soir, c'est normal. Tu imaginerais ça en France ?! » Bien sûr que non ! Son ami Sébastien, 44 ans, professeur d'économie et peintre, ne pense pas différemment. Il habite dans un hutong, dans une maison où il a la place pour peindre et entreposer ses toiles. Vu le montant très élevé des loyers à Beijing, habiter dans un hutong représente le meilleur rapport espace/prix. « Les Chinois n'aiment pas vivre dans les hutong. Pour eux, avoir un appartement dans un immeuble, c'est un signe d'ascension sociale, mais les Français, eux, aiment bien. On en a marre des immeubles, on préfère souvent quelque chose de plus convivial, de plus authentique. Il n'y a aucun bruit, c'est génial, à part les cris des chats errants qui font l'amour la nuit ! » s'amuse-t-il.

Anne-Sophie a 27 ans et travaille dans l'édition. Elle adore se balader dans les hutong. Ses quartiers de hutong préférés ? Gulou, Nanluoguxiang et les environs du lac Beihai. « Ce que j'aime, c'est l'ambiance. Il s'y passe plein de choses, c'est toujours en effervescence, et on voit vivre les gens de façon souvent traditionnelle, parce qu'il y a beaucoup de personnes âgées. Et puis, ce sont comme des villages au cœur de la ville. Je ne sais pas trop pourquoi, mais on s'y sent bien. Les gens semblent relax, du moins ils vaquent à leurs occupations tranquillement », dit-elle. En effet, cette impression de village dans la ville est très caractéristique de la vie des hutong. Au fil des ruelles, on tombe sur des groupes de retraités jouant aux cartes ou au mahjong sur de petites tables pliantes, des femmes accroupies lavant leur linge dans de petites bassines (et jetant ensuite l'eau « tout naturellement » dans la rue), des épiceries, des restaurants, des coiffeurs de rue, des ateliers de petits artisans, des bars… Elle se souvient aussi d'une petite anecdote « très pékinoise » : « Un jour férié vers Houhai, il y avait des queues interminables devant chacune des toilettes publiques, alors je me suis aventurée dans un hutong pour en chercher et j'ai trouvé des toilettes vides. Il n'y avait qu'un seul WC, à la turc, et c'était sale, mais j'étais contente. C'est devenu mes toilettes secrètes de secours. Ce qui est drôle, c'est d'avoir l'impression de rentrer chez des gens, parce que ces toilettes sont principalement utilisées par les habitants du hutong. »

Il y a différents types de hutong à Beijing. Du hutong le plus « populaire » (qu'on définirait comme « pauvre » selon nos standards européens) au hutong très « bobo », rempli de bars à la mode et de restaurants hors de prix. La meilleure façon de découvrir ces quartiers est de s'y aventurer, au hasard. Au début, on ressent un peu d'appréhension à s'enfoncer dans ces petites ruelles grises, qui sont parfois larges de moins d'un mètre, on se dit que si on s'y fait agresser, personne ne pourra nous aider. Mais rassurez-vous, en Chine, ce type d'agression est extrêmement rare. Alors on tourne à droite, puis à gauche, puis là où la ruelle nous mène… Et on arrive bien souvent dans ce qui semble être un cul-de-sac. Mais dans le doute, on s'aventure au-delà de la petite porte rouge ouverte, dans un genre de passage étroit, entre un amas d'objets hétéroclites : vélos, plantes, bocaux en verre, bassines, tabourets et une jungle de câbles électriques au-dessus de nos têtes. Et là, le passage débouche sur une cour intérieure, carrée, propre, avec souvent des arbres, du linge en train de sécher. Bref, on est dans un siheyuan, « chez des gens ». On a presque envie de s'excuser auprès des habitants qu'on n'a pas vus et on rebrousse chemin pour emprunter une autre ruelle de ce labyrinthe d'un autre temps. En chemin, on achète des baozi (des petits pains fourrés à la viande ou aux légumes) pour quelques centimes d'euro et on va boire une bière dans un petit bar local où l'on nous donne une grande bouteille de Tsingdao pour 5 yuans (environ 0,60 €) et où l'on nous dit que les cigarettes se jettent sur le sol, mei wenti (« pas de problèmes », en chinois).

Dans d'autres hutong, « à la mode », on retrouve des boutiques qui vendent des objets d'artisanat local. Du simple gadget « attrape-touriste » aux articles de haute qualité. Nicole, 60 ans, se rend souvent à Beijing, en touriste. Elle ne reste que dans les hutong, qu'elle adore : « Les hutong et les Pékinois qui y habitent sont fantastiques. Il y a tellement d'artisans formidables ici. J'aime rentrer dans les boutiques et discuter avec les gens. C'est le cœur de la culture Han, des lieux uniques au monde », dit-elle. De nombreux hutong ont été détruits ces dernières années pour laisser place à des habitations modernes. Mais aujourd'hui, la ville de Beijing a décidé de protéger les hutong, afin de préserver l'âme de cette ville à l'histoire si riche. Et année après année, mois après mois, de plus en plus de Français viennent s'installer là où bat le cœur du Beijing immortel.

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