La presse française a largement salué mercredi la ligne politique clairement social-démocrate défendue la veille par le président François Hollande, lors de sa troisième conférence de presse donnée à l'Elysée depuis son élection en mai 2012.
Consacrant sa une à cet "Hollande libéré", le journal français de gauche Libération constate que le président issu du Parti socialiste français (PS) a procédé mardi après-midi à "une clarification idéologique, assumant sa filiation social-démocrate".
"Sans entrer dans le débat stérile entre les uns, qui parlent de tournant, et les autres, qui évoquent une simple confirmation, force est de reconnaître que l'intervention d'hier ouvre un nouveau chapitre du quinquennat", souligne son éditorialiste.
"Avec un Président qui se projette sur un axe volontairement à droite de la gauche, et qui fait du pacte de responsabilité avec les entreprises et de la réduction des dépenses publiques les deux pierres angulaires de sa lutte pour le retour à la croissance et à l'emploi", poursuit-il.
Le quotidien de gauche se félicite, en outre, du caractère fédérateur de ce choix résolu d'une politique de l'offre, notant que M. Hollande cherche à "décrocher le soutien d'une partie de la droite, en plus du patronat et des syndicats".
Dès mardi soir, le député centriste, Jean-Louis Borloo (UDI), a fait part de son soutien probable au pacte de responsabilité avec les entreprises, mesure clé présentée lors de la conférence de presse présidentielle.
Le député de droite, Bruno Le Maire (UMP), a, pour sa part, trouvé que le discours de M. Hollande "sonn(ait) agréablement aux oreilles". "Quand j'entends parler de politique de l'offre, de soutien aux entreprises, de simplification, je suis prêt à soutenir, à dire : oui, c'est la bonne direction pour la France", a-t-il encore déclaré mardi.
Plus circonspect, le quotidien français de droite Le Figaro constate "un tournant... dans les mots", que son éditorialiste décrit comme un "tour de passe-passe".
Qualifiant le virage présidentiel de "verbal", il estime que ce discours est "évidemment destiné à rassurer les créanciers de la France et les agences de notation".
Le journal économique français Les Echos s'est montré plus indulgent qu'à son habitude au sujet de l'action présidentielle, saluant "la fin des cotisations familiales pour les entreprises" devant être mise en œuvre d'ici à 2017.
"Le patronat pourra se réjouir d'une mesure qu'il réclame depuis des années, même si les sommes en jeu (15 milliards d'euros d'allègement en tout) sont loin des revendications affichées par Pierre Gattaz, le président du Medef (principale organisation patronale française)", souligne le quotidien financier.
"La meilleure défense restant l'attaque, le chef de l'Etat est passé à l'offensive. Deux heures trente durant, lors de sa conférence de presse, hier, il a accéléré. Sur le fond", commente Les Echos.
Les deux grandes mesures énoncées par M. Hollande sont une nouvelle baisse des charges patronales grâce au "pacte de responsabilité", qui viendrait s'ajouter au crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), et la réalisation prochaine de 50 milliards d'euros d'économies publiques.
L'éditorial du journal économique estime notamment que "(le choix de baisser le coût du travail pour les entreprises) peut contribuer à restaurer la confiance perdue avec les milieux économiques".
Pour le quotidien Le Parisien, la "périlleuse conférence de presse (de M. Hollande) lui aura permis de marquer un point". "Lui qu'on disait mou et flou a lancé hier un programme de réformes et d'économies inédites avec échéances à la clé", s'exclame-t-il, admiratif devant "cet exercice de haute voltige".