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Le service de soins « haut de gamme » aux personnes âgées en Chine

le Quotidien du Peuple en ligne | 17.05.2016 15h37

Le Forum sino-français de coopération sur les services de soutien aux personnes âgées a eu lieu à l'ambassade de France le 5 mai 2016. Plusieurs opérateurs français s'y sont présentés, y compris un des plus grands fournisseurs de service en Europe, le groupe Orpea, dont le président de la filiale chinoise, M. Nathaniel Farouz, a partagé avec le journaliste de People.cn ses expériences inédites.

People.cn : Pourriez-vous présenter la spécificité du développement et du positionnement d'Orpea en Chine par rapport à d'autres opérateurs privés ?

M. Nathaniel Farouz : La France a développé un savoir-faire internationalement reconnu dans la prise en charge des personnes âgées dépendantes, notamment grâce à l'impulsion du gouvernement et à l'implication des acteurs privés. Chez Orpea, nous bénéficions d'un effet d'échelle : nous avons 27 ans d'histoire, et gérons aujourd'hui 715 établissements dans 10 pays. Ceci nous permet d'accumuler une expérience inégalée de bonnes pratiques.

Nous avons la capacité de nous aligner sur ce qui se fait de mieux dans chacun des pays dans lesquels nous sommes présents, et il existe une émulation certaine entre tous nos établissements, qui nous pousse à toujours améliorer nos exigences qualitatives. Nous avons retranscrit ces exigences en standards de qualité, qui touchent non seulement le soin, les pratiques médicales et la rééducation, mais aussi le service hôtelier, la restauration et tous les autres aspects de la vie dans nos établissements.

En ce qui concerne directement la Chine, nous avons travaillé avec des références, chinoises et internationales, de façon à adapter, un par un, chacun de ces standards de qualité au contexte culturel et social chinois. Nous avons mis en place plusieurs programmes de formation, courts et longs, internes et ouverts, en Chine et en Europe, de façon à nous assurer que notre personnel soit au niveau de ces standards.

Notre premier projet de Nanjing, qui a ouvert fin mars, est le résultat de ces efforts. Il s'agit d'un établissement médicalisé de 140 lits, offrant des méthodes de prise en charge de pointe, dans un environnement très haut de gamme, et qui dispose notamment d'une unité pour les personnes désorientées et d'une unité pour les personnes très dépendantes. C'est aussi le « pilote » grâce auquel nous allons pouvoir lancer la même dynamique d'amélioration continue que nous avons en Europe, mais cette fois-ci adaptée à la Chine.

People.cn : La thérapie non-médicale est une caractéristique majeure des services aux personnes âgées en France. Quels avantages qu'on pourrait recevoir de ce traitement et est-il facile de transmettre ce savoir-faire en Chine ?

M. Nathaniel Farouz : Les personnes âgées, en Chine comme en Europe, sont souvent sur-médicamentées. Entre les différents médicaments prescrits indépendamment par différents médecins, et un certain nombre de produits ou suppléments alimentaires que ces personnes prennent de leur propre initiative, les personnes âgées présentent souvent un risque dit « iatrogénique », c'est à dire de consommation excessive de médicaments.

Les recherches récentes ont démontré qu'il était possible de diminuer de façon significative le nombre de médicaments absorbés par les personnes âgées, tout en améliorant considérablement leur qualité de vie et en diminuant les différents risques liés à leur vieillissement.

Les thérapies non médicamenteuses proposent ainsi tout un arsenal d'approches différentes, qui allient souvent le ludique au thérapeutique, permettant d'améliorer l'humeur des personnes âgées, de travailler sur la mémoire, le ressenti et l'expression des émotions, stimulant les sens et permettant d'activer ou de réactiver de façon générale l'ensemble des capacités physiques ou psychiques résiduelles de nos résidents.

Il s'agit d'activités utilisant un certain nombre d'éléments et d'outils du quotidien, encadrées par des professionnels spécifiquement formés, et faisant l'objet de projets de soin et projets de vie proposés de façon individualisée par des équipes pluridisciplinaires, en concertation avec chaque résident et sa famille.

La Chine dispose aujourd'hui d'une médecine d'excellente qualité, mais la prise en charge « long terme » de personnes dépendantes en est encore à ses balbutiements. Les thérapies non médicamenteuses et leurs bénéfices doivent donc être bien expliqués, aux professionnels de santé comme aux autres, avec beaucoup de pédagogie.

Il existe pourtant des « ponts » indéniables entre les thérapies non médicamenteuses et la médecine chinoise, notamment en ce que les deux favorisent le préventif sur le curatif et proposent des approches plus douces que les molécules pharmaceutiques.

Enfin, c'est au résultat que l'on juge, et lorsque qu'en quelques semaines seulement, nous pouvons montrer que des résidents qui étaient insomniaques dorment désormais bien la nuit, qui ne se déplaçaient qu'en fauteuil roulant sont aujourd'hui capables de faire quelques pas de façon autonome ou qui ne buvaient qu'à la paille peuvent désormais boire de nouveau au verre, il est plus facile de faire accepter les pratiques. Ce n'est que le début, et c'est une somme de petits changements comme ceux-ci qui améliorent considérablement la qualité de vie des personnes âgées.

People.cn : ORPEA est souvent compris en Chine comme le fournisseur « haut de gamme » des services aux personnes âgées. Dans l'esprit des Chinois, l'idée de dépenser une grande somme d'argent pour garantir la vie de retraite est encore nouvelle. Comment ORPEA réagit à cet état d'esprit ? Avec quels obstacles par exemple et quels résultats ?

M. Nathaniel Farouz : Orpea est en effet un acteur haut de gamme, dans le sens où nous nous efforçons de fournir des soins et une prise en charge de qualité impeccable, avec des professionnels formés aux méthodes les plus récentes, sans avoir recours à des raccourcis ou des petites économies. Nous sommes aussi haut de gamme, par exemple dans notre établissement de Nanjing, en ce que nous permettons à nos résidents de vivre dans un environnement beau et confortable, avec un service, une restauration et une offre d'activité de qualité.

Il est vrai qu'il n'est pas dans les habitudes chinoises de dépenser de l'argent pour le bien-être des personnes âgées. Une des raisons est essentiellement qu'il n'y a que peu d'offre de service de qualité disponible, notamment en ce qui concerne la prise en charge des personnes âgées dépendantes.

Néanmoins, nous avons pu observer depuis notre ouverture une réponse très positive des personnes âgées et surtout de leurs familles : le concept confucéen de piété filial reste très important dans la société chinoise, et beaucoup considèrent qu'offrir à leurs parents le confort d'une vie « la meilleure possible » malgré leur dépendance physique ou psychique est un bel acte de piété filiale.

Chez Orpea, nous sommes les gardiens des bons moments des personnes âgées et de leur famille : nous leur permettons de vivre ensemble des moments heureux, confortables et conviviaux, notamment en préservant les capacités physiques et cognitives des personnes âgées aussi longtemps que possible. Cela n'a pas de prix. 

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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