Dernière mise à jour à 15h03 le 02/06
Selon les experts, au moment où la Chine voit sa population diminuer, elle a besoin de mieux éduquer sa population pour soutenir sa croissance à long terme.
Un couple chinois a, en moyenne, seulement 1,4 enfant à la prochaine génération, et calculé à ce taux, la population dans son ensemble devrait être réduite d'un quart après quatre générations, a déclaré Li Hongbin, professeur invité en économie au Centre du développement international de Stanford. « Si nous ne pouvons pas augmenter la quantité, nous pouvons améliorer la qualité, cela par l'éducation », a ajouté M. Li, qui s'est exprimé samedi lors d'une conférence annuelle des chercheurs invités à l'université.
« En un sens, le problème de la Chine est de savoir comment faire face à une population stable ou une population vieillissante lorsque vous avez perdu un stimulus qui vient d'avoir à fournir constamment de nouveaux entrants, de nouvelles générations, de nouveaux emplois, et une formation à de nouveaux étudiants », a de son côté expliqué Nicholas Hope, directeur du centre et de son programme de recherche en Chine.
En octobre dernier, la Chine a lancé une politique du second enfant, mettant un terme à sa politique de l'enfant unique instituée à la fin des années 1970. La nouvelle politique est censée apporter un remède à la tendance au vieillissement de la Chine et aux futures pénuries potentielles de main-d'œuvre en raison des faibles taux de natalité de ces dernières années.
« Beaucoup de femmes choisissent de ne pas avoir un second enfant malgré cette politique, parce que le coût pour les femmes en est trop élevé », a souligné M. Li.
Un point de vue que partage Nicholas Hope : une fois que les femmes ont connu la liberté que donne le fait de ne pas avoir à s'occuper d'une demi-douzaine d'enfants et d'être constamment en train d'accoucher, beaucoup décident qu'un enfant est suffisant, a-t-il expliqué.
« Pour permettre au processus de se poursuivre dans un pays qui insiste à présent sur l'innovation et l'esprit d'entreprise, et s'oriente vers les progrès technologiques de pointe, vous avez besoin d'éduquer les gens beaucoup mieux », a de son côté déclaré M. Hope.
Il a raconté que quand il travaillait pour la Banque mondiale en tant que directeur de pays pour la Chine et la Mongolie, il se rendait fréquemment dans les zones rurales de la province du Guizhou, du Gansu, du Jiangxi, dans l'Ouest de la Chine sous-développé.
« Quand vous regardiez où les gens vivaient », a-t-il dit, « ce n'étaient pas des endroits pouvant permettre aux gens d'avoir un niveau de vie décent dans 25 ans ».
Donc, la question qui se pose immédiatement est de savoir comment armer les enfants vivant actuellement là pour occuper des emplois dans les villes, a-t-il souligné.
« Ils ont besoin d'éducation et vous avez besoin de vous préparer à investir dans l'éducation, et d'aider ces gens à avoir le genre de formation qui leur permettra de travailler dans l'industrie secondaire ou l'industrie des services », a ajouté M. Hope.
« Il ne suffit pas de dire simplement que nous allons remplir les universités à ras-bord », a-t-il souligné. « Vous avez besoin d'investissements plus efficaces et d'une éducation de haute qualité et qui produit des gens qui peuvent apporter des contributions positives ».
L'expérience de Nicholas Hope lui a appris que ce ne sera pas facile : il s'est souvent chamaillé avec des responsables chinois lors de commissions de planification sur l'allocation des fonds.
« Dans certains projets en Chine rurale où nous accordions des prêts concessionnels, ma position était qu'au moins 50% de l'argent devait être consacré à l'éducation et la santé », a-t-il expliqué. Mais la commission de planification le dépensait dans des routes et des industries qui pouvaient être couronnées de succès.
Il faut beaucoup de temps pour voir les fruits de l'investissement dans l'éducation et les gouvernements locaux sont plus préoccupés par la croissance du PIB, a de son côté souligné M. Li. « Cela dépend donc des efforts du gouvernement central pour améliorer l'éducation, et non pas des gouvernements locaux », a-t-il dit.
Selon M. Hope, réaffecter des emplois complétés par une meilleure éducation peut accroître la productivité de la main-d'œuvre : la Chine compte un très grand nombre de personnes dans les zones rurales et un grand nombre de travailleurs ruraux passent dans l'industrie manufacturière et les services, mais le potentiel d'augmentation de la productivité dans l'agriculture est encore énorme, a-t-il insisté.
« Il y a beaucoup de gens qui peuvent être libérés vers des opportunités d'emploi plus productives », a-t-il conclu.