Dernière mise à jour à 11h03 le 02/06
Deux experts des Nations Unies sur les personnes déplacées et les exécutions sommaires ont appelé mercredi à Genève à protéger immédiatement des milliers de civils pris au piège dans le nord de la Syrie, suite à la multiplication récente des attaques perpétrées par l'Etat islamique (EI) dans la région d'Alep.
Le rapporteur spécial sur les droits de l'homme des personnes déplacées dans leur propre pays, Chaloka Beyani, et le rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns, ont exprimé leur préoccupation face à la perspective d'un nouveau déplacement massif de populations dans la région et à la prise pour cible des civils vulnérables ou pris au piège, y compris ceux qui ont déjà été déplacés par le conflit, dans un communiqué de presse conjoint, publié à Genève.
Selon les derniers rapports dont dispose l'ONU, l'EI s'est rapidement emparé d'un grand nombre de villages au cours des derniers jours et s'est établi à moins de deux kilomètres de la ville d'Azaz, mettant en péril les personnes déplacées qui vivent dans des camps près de la frontière turque et d'autres communautés vulnérables dans la zone.
"En dépit de rapports faisant état d'actions entreprises pour ouvrir les routes et octroyer le droit de passage aux civils assièges, la situation se détériore et des réponses urgentes sont nécessaires pour sauver des vies", a déclaré M. Beyani.
Le rapporteur spécial a indiqué qu'environ 165.000 personnes déplacées restent bloquées à la frontière turque, dans les établissements touchés par des bombardements et des frappes aériennes. "Si la sécurité ne peut être assurée pour les personnes déplacées à l'intérieur de la Syrie, il incombe aux pays voisins d'ouvrir leurs frontières et de garantir un passage sûr et le droit de demander l'asile", a souligné M. Beyani.
Selon lui, les agences humanitaires et les ONG ont évacué une partie du personnel, ce qui limite les programmes d'assistance humanitaire pour les personnes déplacées et d'autres civils, y compris l'apport de soins médicaux. Le personnel hospitalier a été évacué et au moins trois travailleurs humanitaires auraient été grièvement blessés dans les zones proches du conflit.
"Des informations non confirmées indiquent que les militants de l'EI ont exécuté des familles, y compris les femmes et les enfants, ayant des liens présumés avec des groupes affiliées à l'armée syrienne libre dans la ville de Kiljibrin", a déclaré de son côté M. Heyns. "Si elles sont vérifiées, toutes ces actions constitueraient des exécutions sommaires et pourraient constituer des crimes de guerre".
Les deux experts ont noté que les personnes déplacées et d'autres personnes dans la zone de conflit auraient également été arrêtées. Soupçonnées d'appartenir à des groupes d'opposition, leur sort serait à l'heure actuel incertain.
"Nous demandons la cessation de la violence pour permettre aux civils pris au piège de quitter les zones de conflit aussi rapidement que possible et de la façon la plus sécurisée possible", ont ajouté les rapporteurs spéciaux de l'ONU.