Les négociants en jade et en palissandre chinois traversent une passe difficile

A l'heure où la demande intérieure est en baisse et que le nouveau gouvernement du Myanmar s'apprête à renforcer les contrôles sur les ressources naturelles, les négociants en jade et en palissandre de Chine cherchent à diversifier leurs activités.

Kyaw Win Khaing, un citoyen birman né en Chine et qui fait partie d'une famille de négociants en jade, pense que l'âge d'or du jade en Chine est terminé.

« Les ventes de pierres précieuses de haut de gamme ont été tièdes ces deux dernières années », a-t-il déclaré lundi au Global Times.

Le jeune homme, tout juste diplômé de l'université, vend du jade du Myanmar à Ruili, dans la Province du Yunnan, dans le Sud-ouest de la Chine, depuis 2011.

Ruili, qui est avec Tengchong et Yingjiang l'une des trois zones frontalières stratégiques entre la Chine et le Myanmar, a pendant longtemps attiré de très nombreux hommes d'affaires riches et responsables gouvernementaux avec ses importantes disponibilités en jade du Myanmar.

Selon des articles de presse, un centre commercial, qui couvre désormais une superficie de 90,2 mu (6 hectares) a même été construit au début des années 1990 pour réglementer le commerce du jade. Un chauffeur de taxi local a déclaré au Global Times lundi, sous condition de l'anonymat, qu'entre 2011 et 2013, le centre était tellement bondé qu'on ne pouvait même pas trouver de place pour se garer.

Mais aujourd'hui, seuls quelques acheteurs peuvent être vus dans le centre et certains magasins de jade ont déjà fermé.

Les faibles ventes ont suivi la décision de répression de la corruption et des dépenses extravagantes prise par le gouvernement central en 2012. Le ralentissement économique de la Chine est également perçu comme un autre facteur.

Selon Kyaw Win Khaing, à présent, les acheteurs ne sont intéressés que par des produits de basse et moyenne gamme, au prix d'environ 10 000 Yuans (1 501 Dollars).

Il est préoccupé par l'avenir du commerce de jade, qui est plein d'incertitudes, depuis que la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi est au pouvoir. La LND, qui est aujourd'hui le parti au pouvoir au Myanmar, a dit qu'il continuerait de réglementer les mines de jade et lutterait contre l'exploitation et la contrebande endémique.

De son côté, Reuters avait rapporté en 2015 que l'industrie du jade du Myanmar est dominée par des entreprises ayant des liens avec des armées ethniques et des dirigeants du précédent gouvernement militaire.

D'après un rapport publié en 2015 par Global Witness, un groupe de défense de l'environnement basé à Londres, l'industrie du jade au Myanmar, qui produit environ 90% des plus beaux jade du monde, a produit pour 31 milliards de Dollars de pierres en 2014, soit près de la moitié de l'ensemble du PIB du pays.

Selon le Myanmar Times, à la fin du mois de juillet, les autorités minières ont annoncé qu'elles ne renouvelleraient pas les permis d'exploitation minière pour le jade et les pierres précieuses, et ne pourraient envisager d'accorder de nouveaux permis qu'après l'adoption de lois locales sur les pierres précieuses.

« Dans le passé, nous pouvions exporter du jade facilement, mais maintenant, sous le nouveau gouvernement, la répression des douanes sur la contrebande du jade est aussi stricte que leur lutte contre la drogue », a déclaré Kyaw Win Khaing.

Le commerce du jade n'est pas le seul secteur qui a été touché. Un homme de 40 ans, du nom de Xie, qui vendait du mobilier de palissandre de luxe au Myanmar depuis 2006, gagne maintenant sa vie comme chauffeur de taxi. « Avant, je gagnais 800 000 Yuans par an avec le commerce de palissandre du Myanmar. Mais aujourd'hui, c'est devenu un secteur qui perd de l'argent », a-t-il déclaré lundi au Global Times.

Les données du Bureau du commerce de Ruili ont montré que, au premier semestre de 2016, les importations passées par ce port étaient de 5,25 milliards de Yuans, en baisse de 5,72% d'une année sur l'autre. Dans le même temps, 9,4 milliards de Yuans de fret, principalement des matériaux de quincaillerie et de construction, a été exporté au Myanmar, en hausse de 5,61% d'une année sur l'autre.

Toutefois, tant Xie que Kyaw Win Khaing ont foi en l'avenir de Ruili et du commerce bilatéral entre la Chine et le Myanmar, indiquant que le nouveau gouvernement du Myanmar devrait apporter plus d'ouverture et de stabilité dans le pays, ce qui signifie d'énormes opportunités dans des domaines comme le tourisme bilatéral et la coopération dans l'agriculture.