Dernière mise à jour à 14h29 le 24/08
Wang Jianlin, président du groupe Wanda, lors d'une interview à Beijing, le 23 août 2016. [Photo / Agences] |
Wang Jianlin, l'homme le plus riche de Chine, a annoncé mardi, alors qu'il intensifie sa poussée à Hollywood, que le conglomérat de divertissement Dalian Wanda Group Co, dont il est le président, a pour ambition de conclure cette année des accords liés au cinéma d'une valeur de 2 milliards de dollars aux États-Unis.
Après avoir terminé l'acquisition de deux sociétés du secteur du cinéma non-productrices -chacune d'une valeur supérieure à 1 milliard de dollars- la prochaine cible de Dalian Wanda serait un de ces grands studios de cinéma qu'on appelle les « Big Six », a déclaré M. Wang à Reuters dans une interview exclusive.
« Mon objectif est d'acheter des entreprises d'Hollywood et d'apporter leur technologie et leurs capacités en Chine », a-t-il ajouté, refusant néanmoins d'en dire davantage sur les deux offres prévues, qui renforceraient l'empire cinématographique de Wanda.
En janvier, Wang Jianlin a dépensé 3,5 milliards de dollars pour acquérir une participation de contrôle dans le studio de cinéma américain Legendary Entertainment, qui se trouve derrière des grands succès comme « Jurassic World », ce qui a fait de Wanda la première entreprise chinoise à posséder un grand studio d'Hollywood.
Dalian Wanda, qui est entrée dans la liste Fortune Global 500 cette année, a pour objectif de tripler les revenus de sa division culturelle, où dominent le divertissement, les sports et le tourisme, pour les faire passer à 150 milliards de Yuans (22,6 milliards de dollars) d'ici 2020.
Reuters a rapporté le mois dernier que Wanda a eu des entretiens avec Viacom Inc au sujet de l'acquisition de sa participation dans Paramount Pictures, l'un des studios composant les « Big Six », où on trouve également la Twentieth Century Fox, Warner Brothers, Walt Disney, Universal Pictures et Columbia Hollywood.
« Nous sommes intéressés non seulement par Paramount, mais aussi par chacun d'entre eux. Si l'un des Big Six se disait disposé à nous être vendu, nous serions intéressés », a déclaré M. Wang.
« Seuls ces six studios sont de véritables entreprises du cinéma de niveau mondial, les autres ne le sont pas. Si nous voulons construire un véritable empire du film, passer par là est une étape nécessaire ».
Dalian Wanda est à la tête d'un grand nombre d'entreprises chinoises qui investissent à Hollywood, parmi lesquelles Fosun International, qui a investi dans Studio 8, une société de production fondée par Jeff Robinov, ancien dirigeant de Warner Brothers, et Huayi Brothers Media Corp, qui produit des films avec STX Entertainment, un studio dans lequel a investi la société chinoise société de capital privé Hony Capital.
Wang Jianlin a par ailleurs précisé que Dalian Wanda commencerait également à co-investir dans des blockbusters mondiaux l'année prochaine.
Un écran près de chez vous
Le conglomérat chinois, qui a commencé comme promoteur immobilier dans la ville de Dalian, dans le nord-est de la Chine, cherche également à étendre le plus grand réseau de salles de cinéma du monde, a déclaré M. Wang, qui a ajouté que, suite à l'achèvement de ses acquisitions d'Odeon & UCI Cinemas Group, dont le siège est à Londres, et Carmike Cinemas Inc aux États-Unis, Dalian Wanda contrôlerait 15% des recettes mondiales au box-office et pourrait atteindre son objectif d'en contrôler 20% plus tôt que son objectif, originellement fixé à 2020.
Wang Jianlin, qui a également acheté l'entreprise de marketing sportif suisse Infront Sports & Media AG et World Triathlon Corp, propriétaire de la franchise « Ironman », a dit qu'il était principalement intéressé par l'acquisition de sociétés de divertissement et de sport aux États-Unis et en Europe.
« Si la société cible correspond à notre appétit, il n'y a pas de limite supérieure au financement », a-t-il souligné, avertissant cependant que trop d'investisseurs se précipitent sur le marché du film, un secteur qu'il juge « brûlant ».
« La plus grande partie de l'argent investi en Chine, et même dans l'industrie cinématographique mondiale, est de l'argent stupide. Il n'y en a qu'une partie qui soit de l'argent intelligent », a-t-il dit.
« Du fait que la croissance de l'industrie cinématographique en Chine ralentit à moins de 20%, voire 10%, 8% cette année, certains seront balayés. Comme Warren Buffett l'a dit, 'on ne découvre qui nage tout nu que lorsque la marée se retire' ».
Une entrée en bourse directe ou une introduction indirecte ?
Par ailleurs, Wang Jianlin a dit que Dalian Wanda Commercial Properties Co, la société phare du secteur de l'immobilier de Wanda, serait réinscrite à la bourse de Shanghai, soit par une entrée en bourse ou une introduction indirecte.
La semaine dernière, les actionnaires de la société cotée à Hong Kong ont approuvé une offre de rachat qui aurait pour conséquence une privatisation de l'entreprise. La société a déclaré plus tôt ce mois-ci qu'elle envisageait de se faire radier de la bourse de Hong Kong le 20 septembre.
M. Wang a dit que les deux options étaient sur la table pour la réinscription prévue à la bourse de Shanghai, ajoutant que l'approbation pour une introduction en bourse normale pourrait prendre deux ou trois ans, tandis que pour une introduction indirecte, il faudrait plus d'un an.
Les entreprises cotées de la Chine continentale atteignent généralement des valorisations plus élevées que celles qui sont négociées à Hong Kong, appuyées par un grand bassin d'investisseurs particuliers.
Mais Wang Jianlin a dit que le « problème central » qui a déclenché le plan de radiation n'est pas la faible valorisation des actions de la société à Hong Kong, mais le manque de liquidités : « Nous n'avons fait coter que 14% de la société à Hong Kong, ce qui signifie que 86% des actions ne sont ni liquides, ni susceptibles d'être données en garantie », a-t-il déclaré Wang, ajoutant que « ça n'est pas une véritable société cotée en bourse ».