Dernière mise à jour à 16h15 le 30/09
La Chine va soumettre sa propre technologie nucléaire au rigoureux programme d'évaluation du gouvernement britannique en vue d'obtenir une approbation dans les cinq ans qui viennent, et d'utiliser celle-ci pour construire une centrale électrique à Bradwell, sur les côtes Est de l'Angleterre. La conception des centrales chinoises bénéficiera d'une impulsion majeure si elle réussit à passer ce processus d'approbation.
L'annonce en a été faite jeudi par He Yu, Président de la société China General Nuclear Corp.
Elle est intervenue juste après que CGN, son partenaire français EDF et le gouvernement britannique aient signé un accord final sur un autre projet lancé depuis un certain temps, la centrale d'Hinkley Point, un contrat d'une valeur de 18 milliards de livres (23,4 milliards de Dollars US), en lui donnant le feu vert définitif. CGN financera un tiers de cet investissement.
Le projet d'Hinkley Point est considéré comme un précurseur de plans futurs visant à introduire la technologie nucléaire chinoise à l'étranger.
Si la technologie chinoise passe avec succès l'évaluation du GDA (General Design Assessment) britannique, la centrale de Bradwell pourrait être le premier projet nucléaire situé dans un marché développé à utiliser une technologie purement chinoise.
Dans le cadre des contrats signés jeudi, CGN et EDF investiraient également conjointement dans deux autres projets nucléaires au Royaume-Uni, ceux de Sizewell et Bradwell. CGN serait l'actionnaire majoritaire de Bradwell, qui pourrait utiliser Hualong One, une technologie nucléaire chinoise de troisième génération.
Être l'investisseur majoritaire dans le projet de Bradwell, avec une part de 66,5%, signifie que CGN assumera la responsabilité du projet et que ses rendements financiers seront plus élevés, a précisé He Yu.
Le GDA britannique, qui détermine si une nouvelle technologie nucléaire peut être utilisé au Royaume-Uni, est connu pour être l'organisme d'évaluation le plus rigoureux du monde dans ce secteur. Actuellement, seule la technologie française European Pressurized Reactor (EPR) a reçu l'approbation du GDA. La technologie américaine AP1000 est quant à elle toujours en attente de l'approbation du GDA. A Hinkley Point, c'est l'EPR français qui sera utilisé.
« Une fois que Hualong One aura obtenu l'approbation du GDA, cela stimulera la confiance des autres pays et fera progresser le développement du marché mondial de Hualong One », a encore ajouté He Yu.
La technologie de la centrale Bradwell sera calquée sur la technologie Hualong One, actuellement déployée dans la Phase II de la centrale électrique Fangchenggang, dans le Guangxi.
CGN a créé un département de projet GDA en février 2015 pour travailler sur le processus de réglementation ; la préparation technique pour le processus d'évaluation du GDA a été achevée en juillet dernier.
Le nouveau gouvernement britannique, dirigé par le Premier ministre Theresa May, avait surpris toutes les parties au projet en juillet quand elle avait annoncé qu'elle avait besoin de plus de temps pour évaluer le projet. L'approbation a néanmoins été donnée il y a deux semaines, avec toutefois une condition supplémentaire, celle que la centrale d'Hinkley et les autres centrales nucléaires à capitaux étrangers ne pourront pas changer de mains sans l'accord du gouvernement britannique.
Une réunion du conseil d'administration d'EDF, qui a eu lieu le 27 septembre, a confirmé qu'EDF approuvait pleinement la condition supplémentaire.
La construction de la centrale d'Hinkley va commencer en 2019, pour un début d'exploitation prévu en 2025. Elle satisfera 7% des besoins énergétiques du Royaume-Uni.
Lady Barbara Judge, ancienne présidente de la UK Atomic Energy Authority, estime quant à elle que la Chine possède de bonnes capacités nucléaires techniques. « J'ai un grand respect pour les projets nucléaires dans toute la Chine », a-t-elle dit.
Andrew Shepherd, analyste senior en infrastructures et en énergie chez BMI Research, a déclaré: « une évaluation rigoureuse et solide du réacteur entièrement conçu par la Chine par les régulateurs britanniques donnerait certainement une forte impulsion aux projets d'exportation de technologies nucléaires chinoises ».
Selon lui, CGN va augmenter ses efforts de communication, en mettant davantage l'accent sur la « transparence » avec le public au Royaume-Uni au sujet de sa technologie, afin d'établir la confiance, ajoutant que CGN est actuellement à un stade avancé de préparation d'investissements nucléaires en Roumanie. Parmi les autres zones et pays envisagés figurent la République tchèque, les pays d'Asie du Sud-est, l'Afrique du Sud et la Turquie.