Dernière mise à jour à 17h08 le 06/12
Un employé d'un comptoir bancaire de Nantong, dans la Province du Jiangsu, compte des Renminbi et des Dollars US. [Photo / China Daily] |
La dépréciation continue du Yuan face au Dollar américain depuis septembre a suscité des inquiétudes au sujet d'une possible fuite de capitaux de la Chine, particulièrement parce que les investissements étrangers du pays dans le secteur non financier ont augmenté de plus de 53% d'une année sur l'autre pour atteindre 145,96 milliards de Dollars US dans les trois trimestres premiers de cette année. Le chiffre pour l'ensemble de l'année dernière a été d'environ 121,4 milliards de Dollars US.
En réponse, le gouvernement chinois, comme l'ont confirmé des responsables de la Banque populaire de Chine, de la Commission nationale du développement et de la réforme et d'autres ministères, vont examiner plus étroitement les investissements à l'étranger tout en mettant en œuvre la stratégie de « sortie ».
Cependant, les observateurs et les investisseurs ne doivent pas s'inquiéter et ne devraient pas être victimes de spéculations. La vérité est que le Yuan est encore stable sur le marché monétaire mondial et qu'il continuera à l'être. Sa récente dépréciation est une réponse naturelle du marché à un Dollar américain plus fort après l'élection de Donald Trump comme prochain Président des Etats-Unis et la possibilité que la Réserve fédérale américaine augmente les taux d'intérêt.
Le taux de change de la monnaie chinoise n'est plus lié uniquement au Dollar américain grâce à la mondialisation croissante du commerce. L'indice du système de change chinois (China Foreign Exchange Trade, CFETS) qui sert aujourd'hui d'indicateur majeur de la valeur du Yuan, est resté au-dessus de 94 au deuxième semestre de cette année. Le rapport du Dollar américain au poids du CFETS est situé juste au-dessus de 26%, un chiffre pas assez élevé pour influencer le taux de change du Yuan. Voir la valeur du Yuan face à un panier de devises au lieu d'une seule monnaie serait donc plus précis.
Certes, les réserves en devises étrangères de la Chine sont passées de près de 4 000 milliards de Dollars US en 2014 à environ 3 120 milliards de Dollars US à la fin d'octobre, alimentant ainsi les inquiétudes concernant de potentielles sorties de capitaux. Cependant, près de la moitié de cette baisse d'environ 870 milliards de Dollars US a été liée aux avoirs nets à l'étranger détenus par ses entreprises non gouvernementales, qui ont augmenté d'environ 424,2 milliards de Dollars US à la fin du deuxième trimestre.
Cela dit, les récentes fluctuations des réserves de change de la Chine ne signifient pas nécessairement des sorties d'argent à grande échelle et désordonnées, qui ne sont pas enregistrées. Elles sont le résultat des efforts croissants des entreprises chinoises et des personnes individuelles pour construire leurs portefeuilles à l'étranger.
Les fusions et acquisitions des entreprises chinoises à l'étranger se sont élevées à environ 111,9 milliards de Dollars US l'an dernier et le chiffre des trois premiers trimestres de cette année est d'au moins 170 milliards de Dollars US. Ce n'est pas tout. Au cours des dix premiers mois, la Chine a reçu pour environ 103,9 milliards de Dollars US investissements étrangers directs, enregistrant même une légère augmentation d'une année sur l'autre de 200 millions de Dollars US. Le niveau record de l'investissement en dit long sur la santé de l'économie chinoise, surtout compte tenu de la faiblesse des flux de capitaux mondiaux.
Que la Chine reste une destination attrayante pour les investissements étrangers et les multinationales a beaucoup à voir avec son énorme marché et les réformes économiques en cours. La deuxième plus grande économie du monde bénéficie toujours d'une croissance stable et d'une hausse de la consommation. Elle s'efforce également de refondre ses secteurs manufacturiers et des services, où le fort potentiel de l'intelligence artificielle et des énergies vertes restent inexploités.
Le succès des zones franches comme celle de Shanghai, d'autre part, ajoute du poids à la volonté du gouvernement chinois de rationaliser son administration pour créer un environnement favorable aux investisseurs.
Il serait erroné de sous-estimer la résilience économique de la Chine. Avec la perspective de voir l'accord de partenariat transpacifique mené à Washington s'amenuiser et sachant aussi que le Partenariat économique régional régional soutenu par Beijing est sur la bonne voie, la Chine devrait jouer un rôle plus important dans l'intégration économique régionale.
L'auteur est chercheur senior à l'Institut des Finaces Suning, affilié à Suning Appliance Co.