Dernière mise à jour à 08h34 le 18/08
Le dynamisme de la croissance économique de la Chine devrait lui permettre de connaître une croissance plus sûre et durable à moyen et à long terme, a estimé dans une récente interview à Xinhua James Daniel, directeur adjoint du Département Asie-Pacifique du Fonds monétaire international (FMI) et chef de mission pour la Chine.
"Cette forte dynamique donne à la Chine la marge de manoeuvre dont elle a besoin pour accélérer les réformes", pense-t-il. "Il est temps de le faire".
L'économie chinoise a progressé de 6,9% au premier semestre 2017, au-dessus de l'objectif annuel de 6,5% fixé par le gouvernement, selon les données publiées par le Bureau national des statistiques le mois dernier.
M. Daniel, qui a mené une mission en Chine en juin pour mener l'examen annuel de la balance des paiements du pays, rappelle que le FMI a augmenté ses perspectives de croissance et de niveau d'endettement de la Chine pour les trois prochaines années, soulignant l'importance de surveiller les risques de dette de la Chine.
"Ces risques doivent être gérés si l'on veut qu'une croissance robuste se maintienne de manière sûre. Cela nécessite des réformes en vue de rendre cette croissance moins dépendante du crédit, de la dette et des investissements", avertit l'expert.
Selon M. Daniel, beaucoup de réformes de la Chine sont en bonne voie. "Les surcapacités (industrielles) ont été réduites et le cadre dans lequel les collectivités locales peuvent emprunter a été amélioré".
Il salue également l'accent mis par la Chine sur la réduction des risques liés à la stabilité financière, tout comme sa volonté de mettre en place un nouveau comité de stabilité et de développement financiers au sein du Conseil d'Etat afin de renforcer la coordination en matière de contrôle financier.
James Daniel pense que les autorités chinoises comprennent l'importance de tirer parti d'une forte croissance pour poursuivre les réformes nécessaires, car "elles ont mis davantage l'accent sur les risques à la stabilité financière" depuis le 3e trimestre 2016 lorsque la croissance économique s'est renforcée.
Bien que le contrôle des risques dans le secteur financier soit important, la Chine doit également s'atteler à d'autres secteurs de l'économie pour faire face aux problèmes de la dette et il y a davantage de travail à faire, selon le responsable du FMI.
En ce qui concerne les risques de dette des entreprises, M. Daniel remarqué que "le rythme de croissance de la dette des entreprises a ralenti récemment", ce qui traduit une réduction des surcapacités, les initiatives de restructuration du gouvernement et la reprise cyclique de la croissance du commerce et des prix à la production.
Il suggère que la Chine poursuive le désendettement dans le secteur privé et s'appuie davantage sur les forces du marché pour allouer des crédits aux entreprises qui l'utilisent de manière plus productive.
Alors que la Réserve fédérale des Etats-Unis pourrait décider d'une nouvelle hausse de ses taux directeurs en décembre, M. Daniel ne s'attend pas à ce que la politique monétaire de la Fed ait un impact majeur sur l'économie chinoise, notant que la pression exercée par les sorties de capitaux a diminué cette année.
Cependant, un "cycle de hausses très rapide et inattendu dans un environnement extrême" pourrait entraîner de grandes pertes de réserves de change et, au final, une dépréciation éventuelle des taux de change", avertit M. Daniel.
"Mais nous pensons que ce risque est relativement faible, nous pensons tous que le niveau actuel des réserves est suffisant", selon lui.
Les réserves de devises de la Chine ont augmenté pour un sixième mois consécutif en juillet, atteignant 3.081 milliards de dollars, selon la Banque populaire de Chine.
M. Daniel rappelle que le FMI a discuté avec les autorités chinoises des risques pesant sur le commerce international, y compris de potentiels conflits avec les Etats-Unis. Aussi encourage-t-il les deux parties à rechercher des solutions qui profiteront à chacun.