Dernière mise à jour à 10h19 le 30/08
Un employé compte des billets de 100 Yuans chinois dans la succursale d'une banque étrangère, le 4 janvier 2016 à Beijing. (Photo / Agences) |
Depuis le début des années 1990, certains observateurs de la Chine ont prédit à l'échelle internationale, l'un après l'autre, un scénario dans lequel l'économie chinoise connaîtrait une récession majeure, bien que ce fait ne se soit jamais produit. Aujourd'hui, ils semblent avoir trouvé de nouvelles munitions pour alimenter leur argument : la dette croissante du pays.
Suite à la dégradation des cotes de crédit de la Chine en mai par Moody's, qui a cité la possibilité de sa dette en constante augmentation, le Fonds monétaire international a averti ce mois-ci que la croissance du crédit en Chine était sur une « trajectoire dangereuse ».
« L'expérience internationale suggère que la croissance du crédit en Chine est sur une trajectoire dangereuse, avec des risques croissants d'un ajustement perturbateur », a déclaré le FMI dans un rapport. Le FMI a en conséquence appelé à une « action décisive » de la Chine et lui a conseillé de poursuivre ses réformes pour réduire ses niveaux d'endettement.
De fait, ce genre d'avertissement mérite une attention sérieuse de la part des décideurs politiques puisque la Chine est effectivement confrontée au défi de la réduction de sa dette. Mais, en même temps, il est crucial que la Chine ne soit pas induite en erreur par un argument aussi alarmiste, et qu'elle réduise ses niveaux d'endettement avec une telle hâte que cela risque de compromettre sa stabilité économique.
Si une croissance économique stable ne peut pas être maintenue, cela affectera en retour la volonté du pays de réduire ses niveaux d'endettement.
« La conclusion du FMI, même si elle mérite notre attention, ne concorde pas avec la situation réelle de la Chine », a déclaré Yu Yongding, économiste à l'Académie chinoise des sciences sociales. « Nous ne devrions pas adopter ses suggestions ».
Compte tenu de son taux de dépôt élevé, a précisé M. Yu au China Daily, la Chine possède suffisamment de résilience pour faire face à son problème d'endettement. Si elle se précipite pour résoudre son problème de dette -qui a été accumulée sur une longue décennie- d'une manière hâtive, cela risque de nuire à sa croissance économique.
« Nous avons pris une série de mesures pour résoudre le problème de la dette et elles ont été très efficaces », a-t-il souligné.
Selon le Ministère des finances, le ratio dette/PIB de la Chine était de 36,7% en 2016, moins que la plupart des grandes économies industrialisées et émergentes.
De son côté, le Comité national du développement et de la réforme a annoncé ce mois-ci que les niveaux d'endettement global de la Chine avaient chuté à la fin de 2016 par rapport à la fin du troisième trimestre 2016. Il a par ailleurs ajouté qu'à la fin juin, le ratio actif/passif des entreprises industrielles majeures était tombé à 55,9% par rapport à 56,7% un an plus tôt.
M. Yu estime également que, si la croissance économique ralentissait, les niveaux de levier pourraient augmenter. Par conséquent, la Chine doit bien le rythme de la réduction de son niveau d'endettement de manière adéquate afin que les efforts visant à réduire ceux-ci ne soient pas menées trop à la hâte, au risque d'affecter la croissance économique globale.
Les décideurs financiers, a-t-il encore suggéré, devraient également être plus tolérants envers les entreprises fortement endettées si leurs activités restent sur la bonne voie.
Dans le contexte de la réduction de l'endettement, certaines entreprises, du fait de leur niveau élevé en ce domaine, ne peuvent continuer à accéder aux prêts bancaires et sont acculées à la faillite. « Si leurs activités demeurent largement saines, elles peuvent seulement faire face au défi d'une pénurie de liquidité temporaire. Les banques devraient continuer à leur accorder des prêts et, à mesure que leurs activités repartiront sur la bonne voie, elles sortiront peu à peu des difficultés et deviendront solvables », a souligné M. Yu.
De cette façon, a-t-il conclu, ces entreprises pourraient réduire progressivement leurs niveaux d'endettement après l'amélioration de leurs activités, ce qui contribuera à la réduction de la dette et à la stabilité économique globale.