Dernière mise à jour à 13h13 le 27/04
Selon un article paru dans un journal hongkongais, bien que Alipay et WeChat Pay soient présents au Japon et que quasiment tous les grands magasins et supermarchés soient équipés pour accepter ce type de paiement, on constate aujourd'hui que 99% des personnes ayant recours au paiement mobile sont des Chinois qui se rendent au Japon pour faire du tourisme, pour des motifs professionnels ou encore pour étudier. Bien que les négociations entre les banques japonaises et les organismes chinois de paiement par tiers n'aient pas encore abouti et que les Japonais ne puissent toujours pas utiliser Alipay ou WeChat Pay, la véritable raison pour laquelle le paiement mobile n'a toujours pas trouvé prise dans ce pays est que les habitants de l'île ne semblent pas y accorder un grand intérêt.
Selon un article publié le 20 avril sur le site internet du Quotidien économique de Hong Kong, dès le début de l'année 2017, Alipay a signé des accords avec plus de 45 000 magasins. Ces accords ne se limitaient pas aux grandes boutiques hors taxes, mais également aux grandes surfaces et aux magasins d'électroniques, qui ont tous intégré des solutions de paiement Alipay et WeChat Pay. Trois grandes enseignes japonaises de commerces de proximité, à savoir 7-Eleven, Family Mart et Lawson, ont déjà mis en place le paiement mobile dans plus de 40 000 de leurs magasins. Mais si les entreprises de paiement par tiers chinoises rencontrent des difficultés à s'implanter sur le marché japonais, c'est avant tout parce que les Japonais utilisent très peu ces nouvelles solutions de paiement.
L'article explique qu'en premier lieu, les Japonais accordent une grande importance à la protection de leurs données personnelles, ce qui explique pourquoi des sociétés de paiement par tiers comme Alipay et WeChat Pay ont tant de mal à se développer au Japon. En effet, ces entreprises qui récoltent les données personnelles, qui peuvent être particulièrement privées, de leurs clients pour nourrir leurs bases de big data ont besoin de savoir ce que vous avez acheté, où vous l'avez acheté, combien vous l'avez payé, quels sont vos hobbies, que mangez-vous tous les jours, où vous êtes allé aujourd'hui etc. Par ailleurs, l'utilisation des cartes de crédit au Japon est particulièrement aisée et pratique. Selon les statistiques, les adultes japonais de plus de 20 ans possèdent en moyenne 2,6 cartes de crédit. Selon le dernier rapport de la banque centrale de Chine sur les systèmes de paiement, les Chinois ne possèdent en moyenne que 0,31 carte de crédit par habitant, et dans une ville comme Beijing où la concentration d'hommes d'affaires est la plus forte, ce chiffre atteint à peine 1,35 carte par personne. En outre, certains Japonais utilisent exclusivement de l'argent liquide et refusent de prendre leur carte de crédit de peur de dépenser sans compter.
L'article souligne un aspect qui mérite réflexion. En effet, il ne semble pas y avoir de lien entre la résistance et le refus des Japonais à utiliser des solutions de paiement par tiers et le fait que la société japonaise soit en avance ou en retard. Il s'agirait avant tout d'habitudes de consommation, d'une certaine conception de l'argent liquide et de l'importance accordée à la protection de la vie privée. En réalité, le développement rapide et la généralisation du paiement mobile en Chine a été rendu possible par un concours de facteurs et de circonstances bien particulières, il n'est donc pas forcément évident de réussir à exporter un tel phénomène dans un pays étranger.