Dernière mise à jour à 15h49 le 14/05
Selon l'AFP, il existe dans le centre-ouest de la France un centre de soins pour poules, spécialisé dans l'adoption de poules âgées de plus de 18 mois. Dans un grand parc clos de 16 hectares, des centaines de volatiles qui ont survécu à l'abattoir folâtrent librement, picorant de l'herbe tendre fraîche et verte au soleil et continuant à pondre et à vieillir en toute quiétude.
Ce centre, qui porte le nom de « Poulehouse », est situé à Coussac-Bonneval, à 40 km au sud de Limoges, et a été fondé par une start-up technologique française début 2017. Le slogan de l'entreprise est « L'œuf qui ne tue pas la poule ». Ce « poulailler » géant peut accueillir jusqu'à 18 000 poulets « à la retraite ».
Fabien Sauleman, cofondateur de l'entreprise, a confié à l'AFP que c'est après être devenu végétarien qu'il a commencé à s'intéresser aux œufs. Il pensait à l'origine que les œufs étaient la seule source de protéines animales qui ne causait pas de douleur aux animaux. Cependant, il a constaté que presque toutes les poules pondeuses, y compris celles élevées dans des fermes écologiques, étaient envoyées à l'abattoir au 18e mois, lorsque leur production d'œufs commence à décliner. Or, le temps de ponte des poules s'étend sur une durée beaucoup plus longue que 18 mois.
La partenaire de Fabien Sauleman, Elodie Pellegrain, est agronome. Elle a précisé à l'AFP qu'en fait, les poules pondent des œufs jusqu'à la fin de leur vie, mais que, tout simplement, les poules âgées pondent moins, ce qui leur a donné l'idée de construire un système de « pension pour poules ». Selon l'un des fondateurs, Sébastien Neusch, qui gère l'information numérique et le marketing de la coopérative, ils parient que les gens seraient prêts à payer davantage pour des « œufs éthiques », tout en rendant ces œufs entièrement traçables. Avec un double avantage : permettre à l'éleveur obtenir un salaire équitable et éviter qu'une poule encore capable de pondre ne soit tuée.
Pari gagné : le projet a été couronné de succès lors de son premier test sur Facebook, et alors même que ce poulailler pas comme les autres n'avait pas encore été mis en place, un grand nombre de personnes avaient déjà exprimé leur soutien à ce projet d'œufs éthiques. Le système de retraite de la « maison de retraite des poules » est similaire à celui des Français : les revenus de la production de jeunes poules avec beaucoup d'œufs permettent d'entretenir les poules à la productivité réduite.
La « maison de retraite des poules » travaille actuellement avec 4 élevages écologiques pour livrer de jeunes poules à ces élevages de poulets : après 18 mois, quand la quantité d'œufs baisse, les poules sont rendues à la « maison de retraite » au lieu de prendre la direction de l'abattoir. Ces poules à la retraite peuvent alors continuer à pondre tout en profitant de « prestations de vieillesse ». Et les éco-exploitations qui coopèrent avec la « maison de retraite des poules » ont quant à elles le droit d'utiliser la marque déposée Poulehouse pour vendre leurs œufs. Cependant, Poulehouse a une autre exigence : ces élevages de poulets doivent s'assurer qu'aucun dommage ne soit causé au bec des poules.
Les œufs vendus sous la marque Poulehouse sont deux fois plus chers que les œufs organiques ordinaires, mais ils ont déjà une clientèle régulière. En 2017, 400 000 de ces œufs super-éthiques ont été vendus dans 400 points de vente répartis dans toute la France. Actuellement, il y a plus de 20 fermes qui souhaitent rejoindre le système, mais la « maison de retraite des poules » a indiqué que leur taille actuelle ne leur permet pas de s'agrandir. Cependant, à long terme, de nombreux élevages de poulets écologiques pourraient à leur tour fournir à leurs propres poules un système de « pension de vieillesse ».