Selon le FMI, les droits de douane contre la Chine sont supportés par les Américains et peu susceptibles de résoudre les déséquilibres commerciaux

Le Fonds monétaire international (FMI) a averti le 21 août que ce sont les importateurs et les consommateurs américains qui paient la facture des droits de douane imposés par l'administration américaine sur les produits chinois, et que ces prélèvements ne résoudraient pas le déséquilibre commercial entre les deux économies.

Dans un article de blog intitulé « Taming the Currency Hype » (« Calmer le battage médiatique sur la monnaie »), les co-auteurs Gustavo Adler, Luis Cubeddu et Gita Gopinath affirment qu'imposer des droits de douane est une politique contre-productive pour lutter contre la surévaluation de la monnaie car « les droits et les taux de change fonctionnent différemment ».

Gustavo Adler est actuellement directeur de division adjoint au département des études du FMI, Luis Cubeddu est directeur de la division économique ouverte du département, et Gita Gopinath, économiste en chef au FMI.

« Des droits de 10% ne compensent pas nécessairement un taux de change de 10% plus apprécié (surévalué) », ont-ils déclaré.

Selon les chercheurs du FMI, le droit de douane moyen appliqué aux marchandises importées de Chine par les États-Unis a augmenté d'environ 10% depuis le début de 2018, et qu'il devrait augmenter de 5 points de pourcentage supplémentaires si les projets récemment annoncés d'imposer des prélèvements supplémentaires sont mis en œuvre.

Le président américain Donald Trump a annoncé le 1er août sur Twitter que les États-Unis imposeraient des droits de douane supplémentaires de 10% sur quelque 300 milliards de dollars d'importations chinoises à partir du 1er septembre. Le bureau du représentant du commerce américain a pour sa part déclaré dans un communiqué du 13 août que certains de ces droits seraient reportés au 15 décembre.

La dépréciation de la monnaie chinoise, le renminbi, est en grande partie « le résultat de ces mesures commerciales et des incertitudes qui y sont associées », estiment les économistes.

« Ce sont les importateurs et les consommateurs américains qui supportent la charge des droits de douane », peut-on encore lire dans l'article. « La raison : la vigueur de la devise américaine a eu jusqu'à présent un impact minimal sur les prix en dollars que les exportateurs chinois perçoivent en raison de la facturation en dollars ».

« Des droits douaniers bilatéraux plus élevés risquent peu de réduire les déséquilibres commerciaux globaux, car ils détournent principalement les échanges commerciaux vers d'autres pays », ont souligné les auteurs, ajoutant que « Au lieu de cela, ils risquent de nuire à la croissance nationale et mondiale en sapant la confiance des entreprises et les investissements et en perturbant les chaînes d'approvisionnement mondiales, tout en augmentant les coûts pour les producteurs et les consommateurs ».

Donald Trump a critiqué à plusieurs reprises la Réserve fédérale, lui reprochant de ne pas avoir suffisamment réduit le taux d'intérêt de référence, tout en exprimant la frustration qu'un dollar fort laisse l'économie américaine dans une position désavantageuse par rapport aux autres économies du monde.

« Le seul problème que nous ayons, c'est Jay Powell (le président de la Réserve fédérale) et la Réserve fédérale ... Nous sommes en concurrence avec de nombreux pays qui ont un taux d'intérêt beaucoup plus bas, et nous devrions être inférieurs à ceux-ci » a tweeté le président américain le 21 août. Il a également affirmé que le 20 août a marqué « le plus haut dollar de l'histoire des États-Unis ».

Dans son blog, le FMI a souligné qu'« il ne faut pas trop miser sur le fait qu'un assouplissement de la politique monétaire peut affaiblir suffisamment la monnaie d'un pays pour améliorer durablement sa balance commerciale ». Les économistes estiment pour leur part que les pays qui enregistrent des déficits commerciaux, tels que les États-Unis, « devraient réduire leurs déficits budgétaires sans sacrifier la croissance et renforcer la compétitivité de leurs industries d'exportation ».