Yuan Longping, père du riz hybride, fête ses 90 ans

Yuan Longping, père du riz hybride, a aidé la Chine à créer une grande merveille : nourrir près d'un cinquième de la population mondiale avec moins de 9% des terres totales de la planète. Aujourd'hui que les pénuries alimentaires en Chine sont depuis longtemps reléguées dans le passé, ce combattant contre la faim a une ambition beaucoup plus grande : sauver le monde de la famine.

Yuan Longping, agronome de renommée mondiale qui a mis au point les premières variétés de riz hybrides, vient de fêter ses 90 ans, selon le système chinois traditionnel de comptage de l'âge.

Né en septembre 1930, il a aidé la Chine à forger une merveille : nourrir près du cinquième de la population mondiale avec moins de 9% du total des terres du monde.

Pendant longtemps, avoir assez à manger fut un grave problème en Chine. « J'ai vu des scènes déchirantes de personnes mourant de faim sur la route avant 1949 », se souvient-il encore. Ce fut cette année-là, quand Yuan Longping postula pour l'Université agricole du Sud-ouest qu’il noua une relation privilégiée avec le riz, aliment de base du peuple chinois qui allait devenir le centre de sa carrière de chercheur tout au long de sa vie.

Une découverte d'une espèce de riz sauvage particulière qu'il fit dans l'île méridionale de Hainan en 1970 devint le prélude de décennies de recherche sur le riz hybride en Chine. Trois ans plus tard, il cultivait la première variété de riz hybride à haut rendement au monde avec trois lignées : le mâle stérile, le mainteneur et le restaurateur.

Le riz hybride a depuis été cultivé dans toute la Chine et les agriculteurs ont obtenu un rendement incroyable après avoir adopté les variétés hybrides de Yuan Longping. Le riz hybride a enregistré un rendement annuel supérieur d'environ 20% à celui des variétés de riz conventionnelles, ce qui signifie qu'il pourrait nourrir 70 millions de personnes supplémentaires par an. Aujourd'hui, sa superficie de plantation accumulée en Chine dépasse 16 millions d'hectares, avec une production totale de céréales de 658 milliards de kg en 2018, soit près de cinq fois celle de 1949.

« La Chine a une population nombreuse mais peu de terres arables, le seul moyen pour nous de garantir notre sécurité alimentaire nationale est d'augmenter le rendement des cultures », a-t-il déclaré.

En 1986, Yuan Longping a évoqué la stratégie de sélection du riz hybride -passant de la variété de riz hybride à trois lignées à une variété à deux lignées, puis à une variété à une seule lignée. La technique à deux lignes signifie que les semences de riz hybride sont cultivées avec les lignées mâles uniquement stériles et restauratrices, ce qui nécessitera des techniques moins compliquées, économisera du travail et réduira les coûts. Selon les experts du riz, comparée à sa devancière à trois lignes, la variété de riz hybride à deux lignes a des rendements plus élevés et rend l'utilisation de la main-d'œuvre et des ressources matérielles plus efficace.

A la date de 1995, les agriculteurs locaux avaient planté 20 000 hectares de riz hybride à deux lignées dans 55 pays sur une base expérimentale. La production à l'hectare a atteint 8 250 kg, soit 1 125 kg de plus que celle de la variété à trois lignées. Ce succès a permis à la Chine de devenir le chef de file mondial dans le domaine de la recherche sur le riz hybride.

En 1996, le ministère chinois de l'Agriculture a officiellement mis en place un programme de sélection du super riz. Quatre ans plus tard, la première phase de l'objectif de 10,5 tonnes par hectare était atteinte. Le record a été battu à nouveau trois fois : 12 tonnes en 2004, 13,5 tonnes en 2011 et 15 tonnes en 2014. À présent, selon Yuan Longping, l'objectif de 18 tonnes par hectare est sur le point d'être atteint.

Wasim Waheed, directeur de recherche dans une ferme rizicole, travaille dans une rizière à Lahore, dans la province du Penjab, au Pakistan, le 10 juillet 2019. Un projet a été lancé ici en 2014 et a été mis en œuvre par Guard Agriculture Research and Services en collaboration avec la société Chinese Yuan Longping High Tech Agriculture Company. (Xinhua / Jiang Chao)

Un cadeau de la Chine au monde

Aujourd'hui que les pénuries alimentaires sont depuis longtemps reléguées dans le passé de la Chine, Yuan Longping, ce combattant contre la faim a une ambition beaucoup plus grande : sauver le monde de la famine.

Depuis les années 1980, l'équipe de Yuan Longping a proposé des cours de formation dans des dizaines de pays d'Afrique, des Amériques et d'Asie, fournissant ainsi une source de nourriture solide dans les zones à risque de famine élevé.

Avec l'aide de l'équipe de Yuan Longping, une variété de culture hybride a produit cette année une récolte de 10,8 tonnes par hectare à Madagascar, dépassant de loin le rendement du riz local. Et le rendement moyen du riz hybride planté au Kenya est quatre à cinq fois supérieur à celui des variétés conventionnelles.

Selon un rapport de l'ONU, plus de 820 millions de personnes avaient faim en 2018 dans le monde. Et si le riz hybride est planté dans la moitié des 147 millions d'hectares de rizières du monde, ce rendement supplémentaire à lui seul pourra nourrir 500 millions de personnes supplémentaires, a affirmé Yuan Longping.

L'équipe de Yuan Longping a continué à faire de nouvelles percées. Son équipe a été invitée à faire une plantation d'essai du riz tolérant au milieu salin-alcalin dans des champs expérimentaux à Dubaï en janvier 2018, remportant un énorme succès. Les exportations chinoises de riz tolérant aux solutions salines-alcalines ont été envisagées comme moyen de lutter contre l'insécurité alimentaire mondiale.

L'équipe de recherche et de développement sur le riz de sol salé de Yuan Longping travaille dans un champ d'essai à Baiyiawati, dans le comté de Yopurga de la région autonome ouïghoure du Xinjiang (nord-ouest de la Chine), le 3 juin 2019. L'équipe de recherche et de développement sur le riz de sol salin de Yuan Longping, pionnier prestigieux du riz hybride, étend son échelle de plantation sur la bordure ouest du désert du Taklamakan dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang (Xinhua / Ren Liying).

D'avoir assez à manger à bien manger

Le projet de riz hybride de Yuan Longping est aujourd'hui passé de l'augmentation de la production au développement vert et durable. En septembre 2017, une souche de riz indica à faible teneur en cadmium mise au point par l'équipe de Yuan Longping et par l'Académie des sciences agricoles de la province du Hunan a été en mesure de réduire la quantité moyenne de cadmium dans le riz de plus de 90% dans les zones souffrant de pollution par les métaux lourds.

« Il s'agit d'une avancée majeure, et la technologie est simple et peu coûteuse à appliquer », a déclaré Yuan Longping, qui travaille actuellement sur la troisième génération de riz hybride et s'efforce de remplacer progressivement le riz hybride à trois lignées et à deux lignées au cours des prochaines années.