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Observations sur le défilé militaire chinois (3)

La Chine au présent | 22.10.2015 10h27

Le défilé militaire à l'occasion de la Journée de la victoire de la Guerre de résistance contre l'agression japonaise était également un moyen de faire connaître aux peuples du monde entier, notamment aux Occidentaux, les réalités suivantes :

Premièrement, depuis 70 ans que la guerre est finie, les autorités japonaises n'ont jamais formulé de vive voix des excuses sincères à la Chine, ni admis explicitement que le Japon est celui qui avait déclenché le conflit. De même, elles s'obstinent à nier les abominables exactions commises par leur armée en Chine, notamment le massacre de Nanjing, les attaques bactériologiques de l'Unité 731 et l'asservissement de « femmes de réconfort » pour les soldats japonais. Peu conscients de la violence extrême de cette guerre, des membres du gouvernement et de la Diète japonaise s'entêtent à effectuer des visites au sanctuaire Yasukuni, lequel rend hommage aux Japonais tombés dans la guerre, dont plusieurs criminels de la Seconde Guerre mondiale condamnés à mort. Deuxièmement, avec le soutien tacite des États-Unis, le Japon continue de revendiquer des terres à tous ses pays voisins : les îles Kouriles à la Russie, les îles Dokdo à la Corée du Sud et les îles Diaoyu à la Chine. Les îles Ryu Kyu sont également source de problèmes. À titre de comparaison, bien que l'Allemagne eût perdu 120 000 km² de territoire après la Seconde Guerre mondiale, elle n'est pas impliquée aujourd'hui dans des contentieux territoriaux avec les pays limitrophes. Dans ce contexte-là, le gouvernement au pouvoir cherche encore à modifier la Constitution pacifiste japonaise, ce qui pousse les pays voisins à se poser sérieusement cette question : le Japon a-t-il vraiment renoncé à son plan d'expansion militaire ?

Après avoir pris la décision d'organiser une parade militaire pour le 70e anniversaire de la fin de la guerre, la Chine a adressé des invitations à 51 pays, dont le Japon, preuve que cet événement était avant tout un sincère appel au maintien de la paix. Hormis le Japon et les États-Unis, les 49 autres États ont répondu positivement. Le désintérêt du Japon et des États-Unis ainsi que l'absence des chefs des États européens aux commémorations mettent en évidence le fait que le monde actuel se scinde de plus en plus nettement en deux camps : d'un côté, la Chine, la Russie et le reste des BRICS ainsi que des pays en développement en Asie, en Afrique et en Amérique latine ; de l'autre, les États-Unis, le Japon, les membres de l'UE, l'Australie et autres pays développés. L'interrogation suivante vient donc à l'esprit : cette situation est-elle la phase embryonnaire d'une nouvelle guerre froide ?

Tout amateur de bridge sait qu'il a pris une bonne carte lorsque son adversaire se sent mal à l'aise lors du pli. Dans ce « jeu » des 51 invitations, celle du Japon était justement une très bonne carte. Cela rappelle l'invitation que le président Chirac avait fait parvenir en 2004 au chancelier allemand Gerhard Schröder à l'occasion du 60e anniversaire du débarquement en Normandie. En cette année importante, la France et l'Allemagne avaient tourné une page de leur histoire. Il va sans dire qu'à l'époque, l'Allemagne avait déjà reconnu l'ensemble des crimes commis par les Nazis pendant la guerre et avait présenté ses profondes excuses à tous les pays qu'elle avait envahis. Si le Japon avait répondu présent à l'invitation de la Chine, il aurait dû faire le point sur son attitude pendant la guerre et demander pardon expressément aux pays victimes. Ainsi, la Chine tendait au Japon un « rameau d'olivier ». Échec et mat pour le Japon...

Si les politiciens japonais avaient fait preuve d'assez de sagesse et d'audace, ils auraient sauté sur cette occasion historique. Mais à vrai dire, le Japon n'était pas en mesure d'accepter ce « rameau d'olivier ». D'une part, pour l'heure, on ne peut pas dire de ce pays qu'il soit véritablement indépendant. L'influence qu'exercent les États-Unis sur la politique étrangère du Japon se mesure à tous les étages et joue même un rôle déterminant dans les affaires politiques intérieures nippones. N'avez-vous pas remarqué que presque tous les hommes politiques japonais plaidant pour l'amitié nippo-chinoise ont été ostracisés ? La politique étrangère du Japon, en particulier sur les affaires qui ont trait à la Chine, obéit aux vues des États-Unis : c'est un fait qui saute aux yeux ! Si le Japon avait, en quelque sorte, repris confiance en lui dans les années 1970-1980, époque de plein essor économique, les Accords du Plaza conclus avec les États-Unis l'avaient cependant rejeté sans tarder dans une stagnation économique prolongée, de sorte qu'aujourd'hui, le Japon n'a plus le courage, ni même la volonté, de dire « non » à Washington. Depuis la fin du siècle dernier, le Japon est une « Angleterre asiatique » au service des États-Unis.

D'autre part, comme signalé précédemment, le Japon n'a pas procédé à un examen de conscience approfondi sur son passé. Preuve en est lorsque la société et les milieux politiques japonais contestent et réécrivent l'histoire du procès de Tokyo.


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(Rédacteurs :Yin GAO, Wei SHAN)
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