Dernière mise à jour à 11h11 le 27/10
Photo d'archive (Xinhua/Shan Yuqi) |
L'année 2020 était censée être une année de mondialisation et de libre-échange ininterrompues -jusqu'à l'arrivée de la pandémie de COVID-19, qui a eu un effet cataclysmique sur les économies du monde.
L'onde de choc provoquée par le virus a affecté toutes les facettes de la vie normale, de nos relations personnelles aux relations internationales, tandis que la distanciation sociale décime les interactions humaines et alourdit davantage les interactions diplomatiques appropriées entre les pays.
Ce qui semble aller de pair avec ce qui précède est une réflexion profonde sur non seulement le rôle d'un pays dans le monde, mais aussi ses liens avec les autres.
Selon le rapport « Tendances transatlantiques 2020 : l'opinion transatlantique sur les défis mondiaux avant et après le COVID-19 », l'Allemagne est le leader incontesté en Europe, et son influence s'est renforcée depuis janvier.
Le document publié en juin par le German Marshall Fund (en coopération avec la Fondation Bertelsmann et l'Institut Montaigne) a révélé que si 63% des répondants allemands et 64% des répondants français considéraient Berlin comme la puissance européenne la plus influente en janvier, l'estime du pays pendant la pandémie a augmenté respectivement de 13 points et 8 points. La même recherche suggère également que l'influence de la Chine sur la scène mondiale a considérablement augmenté après la fin de la première vague de pandémie, avec le doublement des résultats entre janvier et mai 2020 : de 13% à 28% en France, et de 12% à 20% en Allemagne.
Ces résultats semblent faire partie d'une tendance plus large, car l'enquête du Pew Research Center (menée en partenariat avec la fondation à but non lucratif Korber-Stiftung) publiée en mai 2020 a révélé que bien que 37% des répondants allemands ont déclaré donner la priorité aux relations de leur pays avec les États-Unis, 36% ont ressenti la même chose à propos de la Chine. Il y a un an, la différence était de 50 à 24% en faveur des États-Unis.
En outre, la même chose peut être trouvée dans le document de recherche de Korber-Stiftung « L'impulsion de Berlin : la politique étrangère allemande à l'époque du COVID-19 », qui a souligné que « 73% des Allemands disent que leur opinion des États-Unis s'est détériorée -plus du double le nombre de répondants qui ressentent la même chose envers la Chine ».
Les relations entre l'Union européenne et la Chine sont la priorité de la présidence allemande du bloc. La politique étrangère s'intéresse cette année à un objectif global de « renforcer l'Europe en tant que pôle de stabilité dans le monde », comme l'a souligné la chancelière Angela Merkel.
Ces relations sont d'autant plus importantes pour l'Union européenne qu'elles sont également liées à ses relations économiques avec la Chine, sachant que cette dernière était à nouveau le partenaire commercial le plus important de l'Allemagne en 2019. L'Allemagne représente quant à elle environ un tiers des échanges de la Chine avec l'Union européenne, et c'est le plus grand exportateur du bloc vers la Chine dans l'Union européenne.
Comme le suggère le rapport du fonds, la France et l'Allemagne considèrent la crise sanitaire actuelle et le changement climatique comme les défis mondiaux les plus importants à relever.
L'Europe a beaucoup à apprendre de la Chine dans sa lutte contre le COVID-19. Nous pouvons également voir une tentative active de la part de Berlin d'inciter Beijing à coopérer avec l'Europe en matière de protection du climat.
Un événement virtuel organisé par le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères et l'Agence allemande de l'énergie le 6 octobre intitulé « La Chine et l'Union européenne - De nouvelles alliances pour la protection du climat », a servi de bon suivi de la réunion en ligne de septembre, au cours de laquelle les deux parties ont annoncé des objectifs climatiques plus ambitieux et convenu de mettre en place un dialogue de haut niveau sur l'environnement et le climat.
L'Union européenne souhaitant fonder ses mesures de relance sur le Green Deal européen, des mesures décisives doivent dans le même temps être prises de la part de la Chine pour saisir le moment si elle souhaite sérieusement entretenir une relation longue, mutuellement avantageuse et amicale avec le « Vieux Continent ».
Alors que le reste du monde s'efforce d'empêcher les nouveaux cas de coronavirus de bloquer la fragile reprise économique, la Chine a été la seule grande puissance mondiale à éviter cet écueil, son PIB enregistrant une augmentation annuelle de 4,9% au troisième trimestre.
La récente appréciation du yuan se révélant positive pour les importations chinoises -qui, selon Reuters, « ont progressé à leur rythme le plus rapide cette année en septembre » (en hausse de 13,2%)- ainsi que pour le pouvoir d'achat des citoyens, la transition mondiale vers la consommation de biens provenant des services pourrait constituer pour la Chine une opportunité parfaite pour alimenter la croissance de l'Europe.
En plus de son ambition d'être un acteur géopolitique indépendant sur la diplomatie et le changement climatique, l'Europe a particulièrement besoin sur le plan économique de bonnes relations avec la Chine. La Chine, qui considère quant à elle l'Union européenne comme un contrepoids indispensable à des États-Unis de plus en plus agressifs, ne devrait pas manquer une occasion de faire de son mieux pour être davantage considérée comme un « partenaire stratégique » que comme un « rival systémique » par le bloc qui vise à être un intermédiaire entre Beijing et Washington.
Angela Merkel ayant clairement indiqué en 2018 qu'elle ne briguerait pas un cinquième mandat de chancelière en 2021 et souhaitant que l'on se souvienne d'elle comme d'une femme d'État sous la direction de laquelle l'Europe a été sauvée d'encore plus d'immigration et d'effondrement économique, cette année présente probablement pour la Chine l'occasion la plus prometteuse d'améliorer et sécuriser ses relations avec l'Union européenne pour les années à venir.
L'auteur, Adriel Kasonta, est l'ancien président du comité des affaires internationales du groupe de réflexion britannique The Bow Group.