Dernière mise à jour à 17h09 le 07/05
Le racisme est une maladie qui s'est répandue dans tous les recoins de la société américaine et aucun remède ni vaccin n'a été trouvé depuis des siècles. Au moment même que se déroulait le procès Floyd, un autre homme noir a été abattu par la police du Minnesota, ce qui a de nouveau déclenché la colère du public. Aux États-Unis, ce chevauchement n'est guère une coïncidence. Les incidents récurrents de violence ethnique maligne ont rendu difficile la respiration de la société américaine et continuent de torturer la conscience de ce pays.
Ces incidents ethniques pernicieux qui sont entrés dans le champ de vision de tous les États-Unis ne sont que la pointe de l'iceberg, ils sont sous-jacents à des injustices systémiques plus générales. Depuis un peu plus d'un an, l'épidémie soudaine de COVID-19 a permis à un nombre croissant de gens de voir ce monstre tapi sous l'eau. Une grande quantité de données montre que les minorités américaines telles que les Afro-Américains et les Hispaniques ont souffert de manière disproportionnée de l'épidémie. Derrière cela se cache le déséquilibre général dans la possession des ressources économiques et sociales des différents groupes ethniques aux États-Unis. Celia Maxwell, doyenne associée à l'Ecole de médecine de l'Université Howard, d'origine Afro-Américaine a soupiré : « Regardez notre groupe ethnique. C'est un désert en matière de nourriture, de transport et d'éducation ... Nous n'avons pas tous les facteurs sociaux propices à la santé ».
Selon une étude de la Caesars Family Foundation américaine, entre 2010 et 2018, la proportion d'Afro-Américains sans assurance médicale était 1,5 fois supérieure à celle des Américains blancs, tandis que proportion d'Américains hispaniques sans assurance maladie est plus de 2,5 fois plus élevée que celle des Américains blancs. Les frais médicaux élevés ont même contraint un grand nombre de personnes issues de minorités ethniques à renoncer à se faire soigner. Et même après être entré à l'hôpital pour des procédures de traitement, les injustices que subissent les minorités ethniques ne prennent pas fin pour autant. Le New York Times a rapporté qu'un grand nombre d'études ont montré que les patients d'origine africaine sont souvent moins bien soignés que les patients blancs. Sur le champ de bataille économique de la lutte contre l'épidémie de COVID-19, les minorités ethniques sont également confrontées à une injustice systémique. Selon les données de la Federal Reserve Bank de New York, de février à avril de l'année dernière, 41% des entreprises gérées par des Afro-Américains ont fermé leurs portes, tandis que le chiffre se monte à 17% pour les entreprises dirigées par des Blancs au cours de la même période. Dans cette analyse, le site Internet américain Politico a souligné que les Afro-Américains ont été confrontés à un « modèle documenté de discrimination économique ». Par exemple, les Afro-Américains sont plus susceptibles de se voir refuser des prêts que les Blancs ayant un statut de crédit similaire, et même s'ils obtiennent un prêt, ils doivent souvent payer des intérêts plus élevés.
Des situations similaires apparaissent dans tous les aspects de l'économie et de la société américaines. Ainsi, les personnes de couleur représentent environ un tiers des mineurs de moins de 18 ans aux États-Unis, mais elles comptent pour les deux tiers du nombre total de mineurs incarcérés. De même, les Afro-Américains sont trois fois plus susceptibles d'être tués par la police que les Blancs et la richesse médiane des familles blanches est 42 fois celle des Afro-Américains et 23 fois celle des Hispaniques. Selon le site Internet de USA Today, au premier trimestre de 2020, le taux d'accession à la propriété des familles blanches américaines était de 73,7%, tandis que celui des familles afro-américaines n'était que de 44%. Parmi les 13 000 agents du FBI dans le monde, seuls 4% sont d'origine africaine et l'agence a éliminé de manière disproportionnée les candidats d'origine africaine dans la formation commerciale. Selon un article de l'Associated Press, le traumatisme du racisme est basé sur des siècles de systèmes oppressifs et de comportements racistes, et ces problèmes sont profondément ancrés dans la texture même de ce pays.
En fait, les résultats d'un grand nombre de sondages montrent que la plupart des Américains sont insatisfaits de la situation raciale actuelle. Cependant, dans la prise de décision politique, de nombreuses mesures de réforme liées aux injustices raciales ont toujours souffert d'une sorte d'avortement politique. Le projet de loi de réforme de la police qui a émergé après l'affaire Freud est à ce jour toujours au Congrès des Etats-Unis. La politique américaine actuelle est plus divisée et il est donc plus difficile d'introduire des mesures de fond pour guérir les traumatismes raciaux et restaurer la justice raciale. Certains politiciens ont même ouvertement embrassé l'idéologie d'extrême droite, jouant à des jeux de politique et de discours identitaires, et alimentant le « suprémacisme blanc ». Depuis le début de l'épidémie, la discrimination et l'injustice subies par les Américains d'origine asiatique se sont aussi rapidement accrues. D'une part, elles ont révélé la discrimination et les préjugés de longue date à l'encontre des Américains d'origine asiatique, et d'autre part, elles sont également étroitement liées au mauvais exemple de politiciens entretenant la xénophobie. Quand un diplomate américain a un jour simplement reconnu la crise raciste aux États-Unis lors d'une occasion internationale, Mike Pompeo et d'autres ont lancé un véritable tir de barrage contre lui. Ces phénomènes montrent tous que le prisme politique déforme la vue de certains Américains sur les questions raciales.
Le jour de sa prise de fonction, l'actuel président américain Joe Biden a évoqué le « cri de justice raciale du pays qui se préparait depuis près de 400 ans » et a fait de la promotion de l'égalité raciale l'une des quatre priorités de son mandat. Avec de telles ambitions, le public aura forcément un sentiment de déjà-vu. Il y a douze ans, le premier président afro-américain Barack Obama est entré à la Maison Blanche, apportant avec lui des attentes similaires de « changement » de la société américaine. Cependant, l'histoire qui s'en est suivie a pleinement montré que pour véritablement atténuer les conflits raciaux, les États-Unis ont besoin de bien plus qu'un discours politique passionné. De nos jours, le problème racial aux États-Unis est devenu de plus en plus grave et est devenu l'une des questions de droits de l'homme auxquelles la communauté internationale accorde le plus d'attention. Lorsque le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a examiné le rapport des États-Unis sur les droits de l'homme cette année, plus de 110 pays ont critiqué la question des droits de l'homme aux États-Unis. Face à cette véritable épidémie raciale de plus en plus inquiétante, si les États-Unis continuent à avoir du mal à prendre des mesures concrètes, leur propre mythe des droits de l'homme ne pourra que devenir encore plus absurde.
Par Hu Zexi