Dernière mise à jour à 10h08 le 07/05
L'accord de libre-échange sino-mauricien (ALEMC), entré en vigueur au 1er janvier, offre un potentiel extraordinaire pour relancer l'économie de l'archipel touristique de l'océan Indien dans le sillage de la pandémie, mais aussi pour le commerce entre l'Afrique et la Chine, estime Kwang Poon, homme d'affaires et observateur politique mauricien.
Dans un entretien exclusif à Xinhua, il fait remarquer que cet accord survient au moment où tous les pays ont pour priorité, après la santé de leur population, de relancer leur économie. Aussi, "l'ALEMC a le potentiel de stimuler la relance de l'économie mauricienne en ouvrant le vaste marché chinois aux producteurs locaux avec à la clé un accès préférentiel", prédit-il.
Cet entrepreneur spécialisé dans l'import-export juge cet accord historique au sens où il est le premier du genre entre la Chine et un pays africain et que son "entrée en vigueur coïncide à dessein avec l'opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA)". Il est d'avis qu'au-delà de doper les échanges commerciaux, il a le potentiel d'approfondir la coopération sino-mauricienne de plusieurs façons.
Ainsi, vu sa position géostratégique, Maurice "est idéalement placée pour se développer en un port de transbordement avec des services de cabotage pour optimiser le fret maritime entre la Chine et l'Afrique. En appui avec l'augmentation du flux commercial, si Maurice devient un centre régional de règlement en RMB, cela pourrait encore réduire le coût et la rapidité des transferts transfrontaliers et apporter des revenus non-négligeables à l'économie mauricienne", dit-il.
Cette influence en termes financiers sur l'économie mauricienne n'est certes pas nouvelle car, rappelle Kwang Poon, "la Chine a participé et participe déjà au développement économique de Maurice depuis toujours". Et de citer notamment quelques projets récents tels que le complexe multisports de Côte d'Or, le barrage de Bagatelle ou le rehaussement de l'aéroport international parmi d'autres.
Selon lui, il est important de ne pas tarder à mettre tout ça en oeuvre, estimant qu'il "faut battre le fer pendant qu'il est chaud et maintenir l'élan afin de garder l'intérêt et promouvoir des actions de deux côtés".
Kwang Poon est d'avis que les opérateurs mauriciens devraient être plus entreprenants, accroître leur présence et adapter leur marketing sur le marché chinois afin de pouvoir écouler plus de produits.
A ses yeux, l'un des bénéfices les plus évidents et faciles à mettre en oeuvre est l'exportation des sucres spéciaux, c'est à dire non raffinés et haut de gamme. Si Maurice exportait déjà en Chine du rhum, de la bière, du textile haut de gamme et des fruits de mer, "l'ALEMC donnera un avantage tarifaire aux produits mauriciens et cela permettra sans doute de booster les ventes".
Kwang Poon pense que cet accord "est un outil incroyable qui nous permet d'envisager d'élargir le rôle de Maurice et de rajouter de la substance à la juridiction mauricienne en tant que passerelle entre l'Asie et l'Afrique".