Dernière mise à jour à 15h51 le 20/05
L'objectif de la démocratie doit être la « gouvernance », et l'effet de la gouvernance est le critère permettant de mesurer les avantages et les inconvénients de la pratique démocratique. A l'évidence, si l'on se demande quel genre de « gouvernance » la démocratie américaine a apporté à la société américaine, la feuille de réponse sera très difficile à lire. La société américaine est polarisée et déchirée depuis longtemps. Le chaos est sa norme, et pas grand-chose n'a été fait face aux risques et aux défis majeurs.
Au fil des années, le désordre de la gouvernance américaine n'a cessé de donner le vertige au monde : le gouvernement américain a été « fermé » encore et encore, et a même établi un record de près de 35 jours de fin 2018 à janvier 2019 ; l'épidémie de COVID-19 est endémique, mais les politiciens aux États-Unis se chamaillent pour savoir s'il faut ou non porter des masques. Le gouvernement fédéral et les gouvernements des États se sont rués sur le matériel anti-épidémie mais mis en œuvre une politique de réponse inverse. Des manifestations telles que « Black lives matter » et « Halte à la haine contre les Américains d'origine asiatique » ont balayé le pays, mais l'objectif de la justice raciale est encore loin ; des fusillades se produisent fréquemment, mais le projet de loi sur le contrôle des armes à feu a été englouti dans le tourbillon politique de Washington... cette perte sans fin de gouvernance reflète les problèmes structurels de la démocratie américaine.
Le chaos aux États-Unis a atteint un point où de nombreux Américains se sentent désespérés. Le 6 janvier de cette année, des dizaines de milliers de manifestants ont violemment attaqué le bâtiment du Capitole, une émeute déclenchée par la controverse sur l'élection présidentielle américaine. La nouvelle de la « prise du Capitole » a choqué le monde. Les médias américains ont écrit que c'était la première fois dans l'histoire américaine moderne que le transfert de pouvoir « a évolué vers une confrontation d'entités dans les couloirs du pouvoir de Washington », « la violence, le chaos et la destruction ont ébranlé le noyau de la démocratie américaine », et « un coup dur à l'image du phare de la démocratie américaine ». Le chercheur britannique Martin Jacques a pour sa part souligné que la société américaine est sérieusement déchirée, que le phénomène de polarisation politique est désespérant et que le système gouvernemental est presque paralysé. « L'essence de la crise a été largement sous-estimée, mais son impact est extrêmement important », a-t-il dit.
Certains politiciens américains se vantent souvent de la « conception ingénieuse » du système démocratique américain. Cependant, la réalité, c'est le monstre de la « politique de veto » engendré par cette « conception ingénieuse » : le combat acharné entre les partis Républicain et Démocrate aux États-Unis s'intensifie, le gouvernement peut être fermé, le Congrès peut être paralysé, et il est difficile de prendre des décisions. Comme nous le savons tous, les différences entre les deux partis en matière d'économie, de race, de changement climatique, d'application de la loi, de participation internationale et d'une série d'autres questions deviennent de plus en plus évidentes. Les législateurs votent davantage du point de vue des intérêts des partis sur de nombreuses questions publiques majeures. Le différend sur la politique est de plus en plus devenu un différend d'identité. Cette lutte sans fin a fait tomber la gouvernance nationale dans le bourbier de l'inefficacité. Le Pew Research Center a constaté que six Américains sur dix utilisent le mot « extrême » pour décrire les deux partis. Par la faute de politiciens extrémistes, les électeurs qui soutiennent les différents partis sont inconciliables. La haine politique suscitée par le fanatisme politique se propage à travers le pays comme un fléau, qui est devenu la racine des troubles sociaux continus aux États-Unis.
Qui devrait assumer la responsabilité de la gouvernance ? Il n'est pas facile de trouver une réponse à cette question aux États-Unis. Alors que l'épidémie de COVID-19 faisait rage, les vociférations des experts de la technique consistant à faire porter le chapeau aux autres n'ont cessé de se faire entendre. Le président a accusé les gouverneur, et les gouverneurs ont accusé le gouvernement fédéral... partout aux États-Unis, c'était à qui ferait porter le chapeau à l'autre, alors que dans le même temps la sécurité de la vie du peuple américain n'était pas entièrement protégée. Inutile de dire que les conséquences de ces désordres causés à la démocratie américaine sont finalement supportés par le peuple américain.
Face à toutes sortes de désordres, la société américaine est remplie de déception et de réflexions. Le 18 janvier de cette année, Francis Fukuyama, un célèbre politologue américain, a écrit un article intitulé « Pourri jusqu'au cœur » sur le site du magazine Foreign Affairs, soulignant : « le gouvernement américain est toujours contrôlé par de puissants groupes d'élite, qui déforment les politiques en fonction de leurs propres intérêts et sapent la légitimité de l'ensemble du régime. Et le système est encore trop rigide pour se réformer ». Le centre de recherche sur les affaires publiques, fondé conjointement par l'Associated Press et le Centre national de recherche sur l'opinion publique de l'Université de Chicago, a constaté que 45% des personnes interrogées pensaient que le système démocratique aux États-Unis avait échoué, 29% de plus que ceux qui pensaient qu'il « fonctionne très bien ou plutôt bien ». Selon un article publié récemment par le quotidien Capitol Hill, les Américains perdent confiance en la démocratie occidentale. Citant les conclusions du Pew Research Center, le document souligne que 65% des Américains pensent que le système démocratique aux États-Unis a besoin d'une réforme majeure ou d'une révision approfondie pour survivre. Dans le même temps, l'article souligne que « notre système actuel n'apporte pas de solution stable et il n'y a pas de consensus ».
Une société qui veut parvenir à une gouvernance efficace ne peut faire l'impasse sur une puissante force d'auto-purification, d'auto-perfectionnement, d'auto-innovation et d'auto-amélioration. De toute évidence, l'étrange cercle de la politique américaine peut difficilement engendrer un tel pouvoir. Ce n'est qu'une question de temps avant que les conflits ne s'accumulent dans la polarisation et le déchirement prolongés de la société américaine, qui évolue vers la confrontation avec l'intensification des contradictions. Comment ne pas s'inquiéter pour la démocratie américaine !
Par Zhong Sheng (Zhong Sheng est un pseudonyme souvent utilisé par le Quotidien du Peuple pour exprimer son point de vue sur la politique étrangère)