Les anciens habitants des Chagos dans l'océan Indien ont perdu le procès qu'ils intentaient contre la décision de la Grande-Bretagne de faire un parc marin autour de l'archipel.
Dans une décision rendue mardi, la Haute cour britannique a déclaré le projet "compatible avec les lois européennes".
Selon Lord Justice Richards et le juge Justice Mitting, la décision de Londres de créer un parc marin protégé dans l'océan Indien, au large des Chagos n'a rien d'illégale.
Ce jugement est un coup dur pour les Chagossiens qui avançaient que la décision britannique de créer ce parc marin n'était qu'une manoeuvre de plus, visant à les emêcher de retourner sur l' archipel des Chagos
L'archipel des Chagos, revendiqué par l'Etat mauricien, avait été excisé du territoire mauricien peu avant l'indépendance et cédé à bail aux Etats-Unis qui y ont construit une base militaire au début des années 70. En 2010, Londres a décidé unilatéralement fin 2010 de créer un parc marin dans les eaux des Chagos.
Les habitants des îles qui ont été exilés vers Maurice et les Seychelles n'ont cessé de réclamer leur droit de retour. Plusieurs cours de justice, dont la Haute Cour de Londres et la Cour européenne des Droits de l'Homme leurs ont donné raison mais à chaque fois le gouvernement britannique a usé de stratagème pour rendre impossible le retour des anciens habitants et leurs descendants.
En avril 2010, alors que les Chagossiens luttaient sur plusieurs fronts pour retrouver leur terre, le commissaire du British Indian Ocean Territory (BIOT), Colin Roberts, décide de décréter les eaux chagossiennes, parc marin protégé.
Cette manoeuvre de Londres avait soulevé la colère du gouvernement mauricien qui, à travers le Premier ministre Navin Ramgoolam a dénoncé "l'hypocrisie" et la "malhonnêteté" des Anglais dans cette affaire qui empoisonne les relations entre Londres et Port-Louis.
L'"agenda caché" de Londres a, d'ailleurs, été mis au jour par les révélations du site WikiLeaks.
Les Chagossiens pensaient avoir trouvé un argument de taille devant la justice en s'appuyant sur ces révélations du site de Julien Assange.
Dans une note diplomatique, révélée par Wikileaks, Colin Roberts a affirmé à un diplomate américain que le but de ce parc marin protégé autour des Chagos était d'empêcher le retour des Chagossiens.
Toutefois lors du procès, le haut diplomate britannique a nié en Cour que le parc marin visait à priver aux Chagossiens de leur droit de retour sur leur terre et a maintenu que c'était pour des raisons écologiques.
La justice britannique a accepté ces arguments et trouvé la plainte des Chagossiens irrecevable. La Haute cour britannique n'a pas tenu compte, non plus, des révélations des notes diplomatiques de Wikileaks.
Réagissant à chaud sur le jugement de la Haute cour de Londres, Olivier Bancoult, président du Groupe Réfugiés Chagos, a déclaré qu'il compte faire appel de ce jugement.
D'autre part, l'État mauricien a également entrepris des actions légales auprès du Tribunal international du droit de la mer (TIDM) pour contester le projet de parc marin.
Maurice a obtenu une première victoire face à la Grande- Bretagne dans la bataille juridique qui les opposent devant le Tribunal arbitral international institué sous la Convention du Droit de la Mer des Nations unies (UNCLOS) en janvier dernier.
La Cour Permanente d'Arbitrage présidée par l'Australien Ivan Shearer avait rejeté l'objection de Londres à l'effet que cette instance d'arbitrage des Nations unies ne peut avoir pour mandat de se prononcer sur la question de souveraineté (Jurisdiction) de Maurice sur l'archipel des Chagos.