Entre sauver leur pays ou sauver leur chef, les parlementaires du Peuple de la Liberté, le parti de Silvio Berlusconi, pourraient laisser croire qu'ils ont choisi ce dernier. Hier en effet, ils ont décidé de boycotter les travaux de la Chambre et du Sénat malgré la détérioration de la situation économique de la Péninsule, afin de protester contre la décision de la Cour de cassation de statuer dès le 30 juillet sur la condamnation en appel du Cavaliere à quatre ans de prison et cinq ans d'interdiction d'exercice de charge publique pour fraude fiscale.
Même si le calendrier judiciaire et l'aggravation de la situation économique ne sont pas liés, les deux évènements mis ensemble font peser une lourde menace sur le gouvernement de coalition dirigé par Enrico Letta., car par cette simple grève, les parlementaires du Peuple de la Liberté montrent leur capacité de nuisance en bloquant -fût-ce temporairement- les réformes dont l'Italie a pourtant le plus urgent besoin. Outre la rapidité inhabituelle de la justice dans un pays où sa lenteur est proverbiale, le fait que la décision de la Cour de cassation soit le dernier recours possible pour Silvio Berlusconi dans cette affaire n'a sans doute pas été pour rien dans la décision surprenante de son parti, qui fait pourtant partie de la fragile coalition de centre-droit. Mais il se pourrait bien que ce ne soit qu'un baroud d'honneur, car d'une part étant donné l'âge (76 ans) du Cavaliere, il est peu probable qu'il finisse ses jours derrière les barreaux, et que d'autre part, si le Peuple de la Liberté faisait chuter le gouvernement, on ne peut exclure qu'alors Enrico Letta chercherait des alliés ailleurs, isolant plus encore le parti de Silvio Berlusconi.