Le gouvernement français a participé lundi, après de courtes vacances d' été, à un séminaire consacré au futur du pays, intitulé "la France en 2025", thème sur lequel ils avaient été priés de travailler il y a une quinzaine de jours par le président François Hollande.
Réuni au grand complet, à l' exception du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, absent pour cause de déplacement, le gouvernement s' est penché sur ses perspectives pour l' Hexagone dans un peu plus d' une décennie, en présence du président français et du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
"Nous avons décidé, à la fin de ce séminaire, de confier au Commissariat général à la stratégie (organe créé par le gouvernement socialiste français en avril 2013) la rédaction d' un projet pour la France pour les dix ans qui viennent", a signalé le chef du gouvernement sur le perron de l' Elysée, où s' est tenue cette réunion de rentrée.
C' est en effet le Commissaire général à la stratégie et à la prospective, Jean Pisani-Ferry, qui a ouvert les travaux du séminaire, soumettant aux ministres français ses propositions pour le futur de la France. Ne doutant pas "des réserves de croissance" du pays, il a appelé à insuffler de l' espoir dans l' esprit des citoyens français.
"La société française n' a plus confiance en l' avenir parce qu' elle n' a plus confiance en elle-même", a regretté l' économiste français, qui a estimé, dans une interview au journal Le Monde, que l' on pouvait adopter "beaucoup de réformes sans affaiblir la conjoncture", notamment sur les retraites, la formation professionnelle ou encore l' efficacité des services publics.
La réforme des retraites, à laquelle le gouvernement français doit s' atteler en cette rentrée, fait partie des trois grandes questions énumérées par le président François Hollande, lors du discours qu' il a prononcé à l' occasion du séminaire. S' ajoutent à ce sujet très sensible le budget de l' Etat de l' année prochaine et l' inversion de la courbe du chômage à la fin de l' année 2013.
"Nous sommes réunis ce matin pour traiter l' immédiat et l' urgence, mais aussi pour dire ce que nous voulons faire de la France pour les dix ans qui viennent", a souligné M. Hollande.
L' une des projections, qui font grand bruit ce lundi matin, n' est autre que "le plein emploi" attendu par le ministre français de l' Economie, Pierre Moscovici, qui cite l' exemple de l' Allemagne qui a atteint cet objectif de forte réduction du chômage.
"Pourquoi pas la France, si nous savons faire des choix dynamiques pour notre économie, donnant la priorité à l' emploi des jeunes et des seniors ?", a mis en avant M. Moscovici dans sa contribution au séminaire.
La ministre du Logement Cécile Duflot a prédit, quant à elle, un toit et une environnement de qualité pour tous, tandis que son homologue au Redressement productif, Arnaud Montebourg, a tablé sur un renouveau de l' industrie française.
Cet optimisme exacerbé n' a pas manqué de susciter les railleries de l' opposition. "Quand on mesure chaque jour la cacophonie qui règne au gouvernement, je comprends qu'ils préfèrent se projeter dans l'avenir", a estimé le député UMP (Union pour un Mouvement Populaire, droite), Eric Ciotti, dans une interview au journal Le Figaro.
"On rêve éveillés, c'est fait pour ceux qui aiment rêver, sans avoir d'ancrage dans la réalité", a considéré, pour sa part, l'ancien candidat centriste à la présidence, François Bayrou (MoDem ou Mouvement démocrate), sur la radio France Inter.
Pour le chef du gouvernement, M. Ayrault, il ne s' agit pas de rêver, mais de se projeter sur le long terme. "La France dans dix ans, ce n' est pas loin", a-t-il souligné, à l' issue du séminaire.
"Le gouvernement est bien dans l' action pour aujourd' hui, nous sommes dans l' action du quotidien et en même temps nous portons une ambition", a déclaré le Premier ministre français. "Les nations qui réussissent sont celles qui se projettent vers l' avenir", a-t-il insisté.