Le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, a défendu mercredi une gauche ferme en matière de sécurité, dénuée de tout laxisme, alors que ses divergences avec son homologue à la Justice, Christiane Taubira, au sujet de la réforme pénale envisagée par le gouvernement socialiste ont récemment fait surface.
"Avec la garde des Sceaux (titre porté par le ministre de la Justice en France), nous voulons et nous incarnons une gauche qui n'est pas laxiste, qui est sévère à l'égard de ceux qui ont des comportements insupportables (les délinquants)", a déclaré M. Valls sur la radio française RTL.
"La gauche doit se préoccuper des plus faibles, des plus modestes. Ce sont souvent les plus faibles, les plus modestes, les plus fragiles dans les quartiers populaires – les femmes, les personnes âgées, les personnes handicapées – qui sont d'abord victimes de la délinquance et de l'insécurité", a poursuivi le ministre français.
"Je ne veux pas participer au vieux débat entre une droite qui serait soi-disant sécuritaire, alors qu'elle a échoué sur ce sujet-là – les violences n'ont cessé d'augmenter au cours de ces dernières années – et une gauche qui serait laxiste", a mis en avant le "premier flic de France".
"Ce n'est pas le cas", a-t-il ajouté, soucieux de montrer que la gauche et la lutte contre l'insécurité ne sont pas incompatibles. La fermeté à l'encontre de la délinquance a longtemps été présentée comme l'apanage de la droite en France, notamment lors des passages de Nicolas Sarkozy au ministère de l' Intérieur entre 2002 et 2004 puis entre 2005 et 2007.
M. Sarkozy, qui en avait fait son cheval de bataille, avait ensuite été élu à la présidence française en 2007, avant d'être évincé par le candidat socialiste François Hollande en mai 2012, après un quinquennat très axé sur un discours et une politique sécuritaires inflexibles.
L'une des mesures phares de ce mandat, les peines plancher pour les récidivistes, est visée par la réforme pénale en cours d' élaboration. La suppression de ce dispositif fait partie des engagements de campagne de M. Hollande.
"La seule question qui vaille : c'est par quoi nous remplaçons (les peines plancher) ?" a souligné M. Valls, qui a estimé que ces peines "n'ont pas fait la preuve de leur efficacité ".
"Mais, les Français évidemment sont inquiets sur les questions de récidive", a-t-il poursuivi, ne cachant pas son empathie et affirmant vouloir être "sévère à l'égard de la petite délinquance qui pourrit la vie de (ses) concitoyens tous les jours, avec une réponse appropriée à l'égard de la délinquance des mineurs".
"Nous voulons ensemble avec Christiane Taubira bâtir une politique pénale, une chaîne pénale qui soit efficace. Et c'est ce débat-là qui a lieu", a-t-il souligné, écartant les rumeurs lui attribuant des dissensions profondes avec Mme Taubira.
Pourtant, à en croire une lettre au président François Hollande ayant récemment fuité dans la presse française, le projet de réforme pénale défendu par la ministre de la Justice susciterait bel et bien la désapprobation de M. Valls.
Dans cette missive, le ministre de l'Intérieur a notamment demandé à "traiter (..) plus finement des récidivistes", soulignant la nécessité d' "une exigence accrue de prévisibilité et de fermeté de la loi pénale".
Dans son interview de mercredi matin sur RTL, le ministre de l'Intérieur a décrit ces échanges comme un processus de discussion normal devant rester "discret et confidentiel". "Il n'y aura qu' une seule ligne, qu'un seul texte de loi quand il sera arbitré par le président de la République et par le Premier ministre", a-t-il insisté.
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