Le président américain Barack Obama entame lundi sa visite d'Etat aux Philippines, la dernière étape de sa tournée dans quatre pays d'Asie visant à stimuler la politique américaine de rééquilibrage vers l'Asie, ou "pivot vers l'Asie".
Plusieurs heures avant l'arrivée du président américain, Washington et Manille ont signé un accord de défense renforçant leur coopération militaire, ce qui permettrait aux Etats-Unis d'avoir une présence militaire plus importante aux Philippines.
Etant donné le conflit territorial entre les Philippines et la Chine, la manoeuvre est particulièrement préoccupante car cela pourrait enhardir Manille dans son bras de fer avec la Chine, ce qui exacerberait les tensions dans la région et perturberait à son tour la stratégie de rééquilibrage du gouvernement Obama.
Il est a noter que les Philippines, un élément pertubateur en mer de Chine méridionale, empiète sur le territoire chinois et harcèle les bateaux de pêche chinois, comme ce qui s'est passé il y a deux ans dans les eaux au large de l'île Huangyan, qui fait partie intégrante du territoire chinois.
En avril 2012, un navire de guerre philippin est entré dans les eaux de l'île Huangyan, sous prétexte d'en "sauvegarder la souveraineté", et a harassé des pêcheurs chinois qui s'étaient abrités d'une tempête dans un lagon. Les relations entre la Chine et les Philipines ont ainsi tourné mal.
Lorsque les tensions se sont exacerbées en 2012, le gouvernement philippin du président Benigno Aquino a tourné le dos à la Chine. En dépit des efforts continus de Beijing en quête d'une solution négociée sur une base bilatérale et d'égal à égal, le gouvernement Aquino a trahi ses engagements envers le dialogue et ont fait cavalier seul le mois dernier en cherchant à obtenir un arbitrage international.
Une attitude aussi agressive pourrait facilement déboucher sur de nouvelles provocations. Torse gonflé, M. Aquino pourrait rendre une issue amicale au conflit plus difficile, voire impossible, à atteindre, et cela exacerberait les tensions dans la région.
Un tel scénario irait à l'encontre de ce que les Etats-Unis souhaitent pour leur pivot vers l'Asie. Washington a expliqué clairement que la paix et la stabilité en Asie correspondent à ses propres intérêts.
Lors de sa visite dans quatre pays d'Asie, M. Obama tente de trouver un équilibre délicat entre sa stratégie de pivot vers l'Asie et ses relations avec Beijing qui ne cessent de se développer.
Tout en rassurant ses alliés asiatiques en proie à des incertitudes au sujet des engagements du gouvernement américain, M. Obama a également détruit les illusions qu'ils pourraient entretenir au sujet d'un soutien sans-faille de Washington dans leurs conflits territoriaux avec la Chine. Le président américain a réaffirmé que Washington n'allait pas choisir son camp dans ces différends.
Même si la neutralité affichée de Washington n'a pas encore été mise à l'épreuve, le gouvernement américain est parfaitement conscient qu'il n'y a pas de remède miracle aux nombreux problèmes auxquels l'Asie est confrontée, et que la meilleure façon de les résoudre est de laisser les pays directement concernés s'en occuper eux-mêmes.
L'idée que la stratégie actuelle de Washington en Asie viserait à freiner la montée en puissance de la Chine relève du fantasme.
Comme l'explique Ted Galen Carpenter de l'institut Cato, antagoniser simultanément deux grandes puissances serait une erreur monumentale pour Washington, alors que celui-ci est actuellement impliqué dans son pire bras de fer avec la Russie depuis la fin de la guerre froide en raison de la crise en Ukraine.
L'océan Pacifique est suffisamment vaste pour que les Etats-Unis et la Chine puissent y coexister. Les deux plus grandes puissances économiques du monde peuvent aider à y construire un meilleur avenir en coopérant.
C'est pourquoi Washington devrait se méfier de cette nouvelle attitude enhardie affichée par Manille.