Le ministre français de l'Economie, Arnaud Montebourg, a annoncé vendredi après-midi que l'Etat va entrer dans le capital du groupe français Alstom à hauteur de 20%, devenant ainsi le principal actionnaire. Il rachètera les deux tiers de la participation de Bouygues.
Le gouvernement français accorde par ailleurs sa préférence à l'américain General Electric, et fera valoir son droit de veto si besoin.
L'Etat français s'est attaché ces derniers jours à faire monter les enchères, avec succès. Après General Electric jeudi, le tandem germano-nippon Siemens-Mitsubishi Heavy Industries a rehaussé son offre vendredi, mettant sur la table 8,2 milliards d'euros en numéraire, contre 7 milliards d'euros dans une première mouture présentée lundi.
L'américain General Electric a finalement obtenu la faveur du gouvernement français en proposant de créer trois coentreprises à parité (turbines à vapeur, réseaux et énergies renouvelables) avec Alstom, lui cédant son activité de signalisation ferroviaire, et en établissant le siège de quatre activités en France. Dans l'alliance pour les turbines à vapeur, l'Etat français aurait donc un droit de veto assorti de droits de gouvernance.
"Alstom, aujourd'hui, serait sans condition dans les mains de General Electric depuis des mois si nous n'étions pas intervenus", a souligné le Premier ministre français Manuel Valls, vendredi matin sur les ondes de la radio France Inter. Les autorités françaises ont ainsi estimé que leur interventionnisme est bénéfique pour l'industrie nationale.
M. Montebourg a mis la pression sur Bouygues pour lui racheter 66% de ses titres, le prix étant en négociations.
Vendredi, le président français François Hollande a reçu à l'Élysée le patron de GE, l'Américain Jeff Immelt, et celui de Siemens, Joe Kaeser.
Après, M. Montebourg a été chargé d'annoncer la décision. "Le gouvernement a pris la décision d'entrer à hauteur de 20 % du capital d'Alstom, et de devenir le principal actionnaire de cette entreprise, a déclaré le ministre de l'Économie, qui a prôné avec ferveur le patriotisme économique.
Des observateurs ont estimé que cette affaire de rachat montre cependant que le français Alstom est bien confronté à d'énormes défis dans le contexte de la mondialisation. D'une part, Alstom a besoin du capital pour pouvoir décrocher des contrats importants dans les secteurs de transport et d'énergie, d'autre part, la branche énergie de la société est notamment mise au défi dans le context de la réorganisation du marché de l'énergie en Europe.