L'Ukraine a affirmé jeudi avoir pris deux blindés appartenant à une division aéroportée russe près du bastion des séparatistes pro-russes de Lougansk, où l'armée ukrainienne mène « une grande bataille ». Si ces informations s'avèrent exactes, il s'agirait de la première preuve de l'implication des forces régulières russes dans le conflit dans l'est de l'Ukraine, ce que la Russie a toujours démenti, malgré les accusations répétées de Kiev et de l'Occident qui pensent que Moscou fait transiter armes et combattants par sa frontière.
D'après le porte-parole de l'armée ukrainienne, Andriï Lyssenko, un ensemble de documents, permis de conduire et documents militaires, aurait été trouvé dans l'un des véhicules. Le journaliste ukrainien Roman Botchkala, qui se trouve dans la zone des combats, a même posté sur sa page Facebook plusieurs photos de ce qu'il prétend être des documents saisis dans les blindés, parmi lesquels figurent un passeport russe, des cartes de crédit, une carte d'assurance maladie et même un règlement des parachutistes, ce que le ministère russe de la défense a bien évidemment démenti tout en se moquant de la « mille et unième preuve » ukrainienne et ironisant sur la présence d'« une telle bibliothèque dans un blindé ».
À Donetsk, dans une rue cossue près du stade du Shakhtar bombardé mercredi soir, les riverains étaient désemparés devant l'ampleur des dégâts sur leurs maisons. Il était impossible d'établir vers où se dirigeaient les tirs, mais beaucoup pensent que l'armée visait un cantonnement des séparatistes situé à proximité immédiate. "Ce n'est pas la première fois qu'ils [l'armée ukrainienne] bombardent ici, le quartier avait déjà été touché le 14 août, mais ils ratent toujours", dit Anatoli. Inna, un professeur de physique, vient d'enterrer son chien tué par un obus dans son jardin. Elle montre le cratère, sa maison défigurée et criblée d'éclats d'obus, celle de ses voisins d'en face, détruite.
Dans l'Est du pays, la situation qui ne fait qu'empirer pour les civils, dont, selon l'ONU, au moins 415 800 ont fui leur foyer, sans compter les plus de 2 000 morts en quatre mois. Quant au convoi humanitaire de Moscou destiné aux populations de l'Est victimes des combats, il est toujours bloqué du côté russe de la frontière depuis une semaine, les autorités ukrainiennes n'ayant toujours pas commencé l'inspection des camions sous les auspices de la Croix-Rouge, mettant en avant l'absence de garanties de sécurité pour son acheminement sur le territoire contrôlé par les rebelles en Ukraine.