La France a annoncé mercredi suspendre provisoirement la livraison de son premier porte-hélicoptères Mistral à la Russie qui devait être livré en octobre, a annoncé mercredi la présidence dans un communiqué.
"Le président de la République a constaté que, malgré la perspective d'un cessez-le-feu qui reste à confirmer et à être mis en œuvre, les conditions pour que la France autorise la livraison du premier BPC (bâtiment de projection et de commandement) ne sont pas à ce jour réunies", est-il expliqué dans le document de l'Elysée.
"Les actions menées récemment par la Russie dans l'est de l'Ukraine contreviennent aux fondements de la sécurité en Europe", poursuit le communiqué.
Cité par l'agence de presse officielle russe Itar-Tass, le vice-ministre russe de la Défense, Iouri Borissov, a réagi en indiquant que "le refus à ce contrat ne sera pas une tragédie pour (la Russie) en matière de plan de réarmement".
De son côté, la porte-parole du département d'Etat américain, Jennifer Psaki, a salué dans un email une "sage décision" de la part de la France.
L'annonce de la suspension du contrat est intervenue à la veille de l'ouverture d'un sommet de l'Otan à Newport (Royaume-Uni) en partie consacré à la crise ukrainienne, auquel participent une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, dont Barack Obama et François Hollande.
Par ailleurs, l'Union européenne prépare de son côté de nouvelles sanctions contre la Russie compte tenu de l'aggravation de la situation en Ukraine, ce qui place Paris dans une situation délicate dans sa relation commerciale militaire avec Moscou.
La suspension du contrat a suscité des critiques dans l'opposition, à l'instar de la députée UMP Valérie Pécresse qui a déclaré jeudi matin sur France Info avoir l'impression que la France "cède à la pression de ses alliés".
"Si l'annonce du président se concluait par l'arrêt de la construction, ce seraient des centaines d'emplois qui seraient mis en difficulté", a pour sa part estimé Jean-Marc Perez, secrétaire adjoint du syndicat FO, cité par la presse française.
La France a signé en 2011 avec la Russie un contrat de 1,12 milliard d'euros pour la construction de deux porte-hélicoptères, le Vladivostok et le Sébastopol. Le premier devait être livré en octobre de cette année et le second en 2015.