Les élections législatives de ce dimanche au Japon sont largement considérées comme un référendum sur la politique économique du Premier ministre Shinzo Abe, surnommée "Abenomics".
Le Premier ministre a commencé à mettre en oeuvre les trois volets de sa politique économique l'an dernier, à savoir une politique agressive d'assouplissement monétaire, des mesures d'incitation fiscale et une stratégie de croissance, afin de lutter contre la déflation prolongée et de relancer l'économie.
Pourtant, à divers degrés, ces mesures n'ont pas porté leurs fruits.
DES PERFORMANCES ECONOMIQUES QUI NE SONT PAS A LA HAUTEUR DES OBJECTIFS
Selon les dernières données du gouvernement, le PIB de la troisième économie mondiale a connu une baisse annualisée de 1,9% de juillet à septembre, un chiffre bien pire que prévu.
La grave contraction de l'économie associée à une chute de 7,3% au deuxième trimestre de l'année a entraîné le Japon dans une nouvelle récession technique.
Pire encore, la semaine dernière, Moody's a dégradé la note des obligations souveraines du Japon en les faisant passer de Aa3 à A1 compte tenu de l"'incertitude croissante" sur la situation de la dette du pays et de l'inconstance des résultats des mesures de M. Abe visant à revitaliser l'économie.
Une semaine plus tard, Fitch Ratings a également placé la dette souveraine du Japon sous observation en raison de ses perspectives négatives et a indiqué envisager un déclassement similaire.
"Je ne pense pas que la politique économique de M. Abe est le remède à l'économie japonaise. Au contraire, il a nui à l'économie japonaise", a déclaré Yukio Noguchi, un économiste et conseiller de l'Institut des études financières de l'Université de Waseda.
"Cela est très clair si vous regardez les récentes statistiques du PIB, dans lequel notre PIB réel a baissé par rapport au trimestre précédent", a-t-il confié dans une interview accordée à Xinhua.
Selon lui, la politique agressive d'assouplissement monétaire de M. Abe "n'a aucun effet sur l'économie et ne fait qu'entraîner une dépréciation du yen et une hausse des prix à la consommation", ce qui contraint les consommateurs à réduire leurs dépenses réelles.
La baisse de la consommation "abaissera le taux de croissance économique réelle", a-t-il estimé.
Avec la hausse des prix à la consommation et celle de la TVA en avril, la consommation privée, qui représente environ 60% de l'économie japonaise, est plus faible que les prévisions du marché.
Le mois dernier, le ministre de l'Economie, Akira Amari, a reconnu que la stagnation de la consommation privée avait été un facteur majeur impactant négativement la croissance économique au troisième trimestre.
Lors d'un point de presse mardi, Paul Sheard, économiste en chef de l'agence de notation américaine Standard & Poor's, a appelé le Japon à s'attaquer à la déflation prolongée pour restaurer sa santé financière précaire.
"La première étape vers l'assainissement budgétaire [du Japon] doit consister à mettre un terme à la déflation", a déclaré M. Sheard, qui a ajouté qu'une "inflation modérée était bien plus favorable à l'assainissement budgétaire qu'une déflation modérée".
Pour sa part, M. Noguchi a jugé que les mesures prises par M. Abe pour créer une inflation n'ont abouti qu'à une baisse de la consommation et que la tendance va à l'encontre du but recherché par le gouvernement.
L'économiste a ajouté que l'objectif d'inflation de 2% serait difficile à réaliser, d'autant que le prix actuel du pétrole brut, un autre facteur important affectant le prix à la consommation outre le taux de change, ne cesse de décliner et aura un impact sur l'indice des prix à la consommation.