Avec l'extension de la date limite pour un accord global sur le dossier nucléaire iranien, les efforts internationaux visant une résolution pacifique au programme nucléaire controversé de l'Iran qui perdure ont abordé un tournant historique.
Dans une récente lettre à ses homologues du groupe P5+1 (Chine, France, Russie, Royaume-Uni, Etats-Unis et Allemagne), le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a déclaré que son pays était convaincu qu'"un accord global était imminent".
EVOLUTION DE LA SITUATION EN 2014
Le 24 novembre 2013, un accord intérimaire qui prévoyait une première étape de prise de mesures réciproques initiales par les deux parties pour une durée de six mois a été signé à Genève, demandant à l'Iran de suspendre certaines activités nucléaires sensibles en échange d'un allègement limité des sanctions afin de trouver une solution diplomatique au dossier nucléaire.
Ali-Akbar Salehi, directeur de l'Organisation de l'énergie atomique d'Iran, a déclaré fin juin que l'Iran prévoyait de réduire radicalement la production de plutonium du réacteur à eau lourde d'Arak dans un délai de six mois afin de dissiper les doutes de l'Occident sur les activités nucléaires controversées du pays.
En juillet, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que la capacité d'enrichissement d'uranium de l'Iran était l'un des principaux différends entre l'Iran et l'Occident.
"Ils cherchent à forcer l'Iran à accepter [une capacité de] 10.000 UTS [unités de travail de séparation], [...] mais les besoins absolus de l'Iran s'élèvent à 190.000 UTS", a déclaré l'ayatollah Khamenei.
En juillet également, après des mois de pourparlers intenses, les négociateurs se sont donné quatre mois supplémentaires jusqu'au 24 novembre pour trouver un accord sur la réduction des activités nucléaires de l'Iran.
En ao?t, l'Iran a déclaré avoir commencé à modifier son réacteur à eau lourde d'Arak et à réduire sa production de plutonium.
Trois mois plus tard, les ministres des Affaires étrangères de l'Iran et du groupe P5+1 ont convenu le 24 novembre de prolonger le délai des pourparlers sur le nucléaire jusqu'au 1er juillet de l'année prochaine pour tenter de conclure un accord.
Le 17 décembre, un nouveau cycle de pourparlers sur le nucléaire s'est tenu à Genève au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères, sans atteindre aucun accord.
L'OPTIMISTE IRANIEN MALGRE LES CRITIQUES
Selon un récent rapport de l'AIEA, l'Iran continue à respecter ses engagements en vertu de l'accord intérimaire de Genève sur le nucléaire, car Téhéran n'a pas enrichi d'uranium à plus de 5% et le pays n'a pas étendu ses activités dans ses installations d'enrichissement et dans le réacteur à eau lourde d'Arak.
Cependant, le directeur général de l'AIEA Yukiya Amano a appelé, le mois dernier, l'Iran à mettre pleinement en ?uvre les mesures concrètes convenues dans le cadre de la coopération avec son organisation en temps voulu.
"L'Iran a mis en ?uvre la plupart des mesures pratiques convenues dans le cadre, mais pas toutes", a déclaré M. Amano, qui a ajouté que l'AIEA ne pouvait pas conclure que tous les matériaux nucléaires de l'Iran servaient des fins pacifiques.
Malgré ces doutes et les critiques, l'Iran reste optimiste quant à l'avenir des négociations sur le nucléaire.
"Bien que nous ne soyons pas parvenus à finaliser un accord global dans les négociations sur le nucléaire récentes, je peux dire que des mesures ont été prises dans la perspective d'un accord final", a déclaré le président iranien Hassan Rohani après l'extension des pourparlers en novembre.
La réalisation la plus importante des pourparlers a été l'établissement d'un consensus sur le fait que les négociations étaient le seul moyen de parvenir à un accord définitif, et non les pressions, a-t-il ajouté.
Le monde est à présent convaincu que l'imposition de sanctions visant à faire pression sur l'Iran n'était pas la bonne décision et la communauté internationale a également accepté l'idée que l'Iran pouvait profiter de la technologie nucléaire, y compris du programme d'enrichissement d'uranium sur son sol, a-t-il déclaré.
Les avancées ont toujours un prix. Lorsque les négociateurs se réuniront de nouveau l'année prochaine, ils devront faire conna?tre le prix qu'ils sont prêts à payer pour un accord final.
Les pourparlers "exigent de la prévoyance et de la volonté politique ainsi que la reconnaissance des réalités par nos partenaires de négociation et de l'audace pour faire le bon choix bénéficiant à l'ensemble de la communauté internationale, plut?t que de céder aux caprices bruyants mais de plus en plus impopulaires de groupes de pressions et d'entités défendant des intérêts spéciaux", a déclaré M. Zarif.