Dans un rare écart du soutien réaffirmé de la Maison Blanche au gouvernement irakien après l'occupation de la ville cruciale irakienne de Ramadi par l'Etat islamique (EI), le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a critiqué dimanche les Irakiens pour leur manque de volonté" de se battre.
"Elles (les forces irakiennes) ne sont pas surpassées en nombre, mais sont en fait largement plus nombreuses que les forces opposées, et elles échouent pourtant à se battre. Elles se sont retirées du site", a indiqué dimanche M. Carter sur CNN. "Ce qui est apparemment arrivé c'est que les forces irakiennes n'ont juste montré aucune volonté de se battre".
Il y a une semaine, les combattants de l'EI ont pris le contrôle total de Ramadi, capitale de la province d'Anbar, après que les forces de sécurité irakiennes se sont retirées de leurs positions, a révélé une source de sécurité provinciale à Xinhua, confirmant les rapports selon lesquels les forces irakiennes avaient choisi de partir, plutôt que d'être chassées de la région.
Selon cette source, sous couvert d'anonymat, les unités militaires irakiennes stationnées au quartier général de la huitième Brigade au nord de Ramadi se sont entièrement retirées vers une zone à 160 km à l'ouest de Ramadi avant que les combattants de l'EI n'aient pris le contrôle du quartier général.
"Nous pouvons leur fournir un entraînement, nous pouvons leur apporter des équipements, mais nous ne pouvons évidemment pas leur donner la volonté de se battre [...] J'espère qu'ils se mettront à vouloir se battre parce que c'est seulement s'ils combattent que l'EI peut être vaincu", a indiqué M. Carter.
Le Pentagone a annoncé jeudi que la livraison de 2000 armes anti-chars arriverait en Irak d'ici quelques jours pour éviter les futurs attentats à la voiture piégée de l'EI.
Jusqu'à 30 attentats suicide à la voiture piégée ont été commis par des combattants de l'EI contre les forces irakiennes à Ramadi, a déclaré un haut responsable du département d'Etat qui a requis l'anonymat.
Selon un communiqué du Pentagone, depuis la visite du Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi à Washington en avril, l'armée américaine a déjà livré à Bagdad 250 véhicules MRAP (résistants aux mines et aux embuscades), 2000 missiles Hellfire, 10 000 gilets pare-balle et casques, des millions de munitions ainsi que des armes légères, de l'artillerie lourde et des armes antichars.
Cependant, les responsables du Pentagone ont confirmé plus tôt qu'une grande partie de l'équipement militaire fourni par les Etats-Unis ont été abandonnés à Ramadi.
Interrogé quant à savoir si les Irakiens auraient dû détruire l'équipement avant de quitter la ville, le colonel Steve Warren, porte-parole du Pentagone, a indiqué qu'il était "certainement préférable" de détruire ces véhicules et l'équipement pour empêcher qu'ils renforcent la capacité de combat de l'EI.
La stratégie anti-EI du président américain Barack Obama fait l'objet d'un examen attentif depuis la chute de Ramadi. En effet, au lieu d'envoyer des troupes terrestres à grande échelle pour faire face aux combattants de l'EI, les Etats-Unis dirigent depuis l'été dernier une force de coalition pour mener des raids aériens tout en offrant un soutien aux forces locales luttant contre l'EI sur le terrain.