La situation actuelle en Syrie s'empire et va tout droit vers une vraie fragmentation, alors que le conflit se militarise de plus en plus et que chaque partie se bat pour gagner plus de terrain, selon les analystes.
En regardant de plus près la carte des conflits en Syrie, on pourrait bien conclure que toutes les parties au conflit se battent férocement pour gagner plus de régions.
L'Etat Islamique (EI) a récemment renforcé ses combats pour gagner plus de régions en Syrie, prenant le contrôle d'une grande partie du désert syrien, dans l'espoir de connecter les régions qu'il domine dans la province de Deir al-Zour, dans l'est, avec le centre de la Syrie.
Le front Nusra lié à Al-Qaïda, autre groupe important, s'est également étendu pour prendre le contrôle de plus de régions des mains des forces syriennes, et se concentre pour prendre la province d'Idlib. Ses combats pour atteindre les plaines d'Al- Ghab dans la province centrale de Hama sont le signe de cette vision expansionniste.
Outre les groupes radicaux, les forces militaires syriennes ont récemment combattu aux côtés du groupe libanais Hezbollah pour protéger les alentours de la capitale et la banlieue nord de la région de Qalamoun, dominés par les fidèles du président de Bachar al-Assad.
"Il est évident que l'arène syrienne connaît de nos jours un niveau élevé de confrontation militaire", a déclaré Anas Joudeh, figure de l'opposition syrienne, faisant référence aux combats dans le nord et le sud de la Syrie, où l'armée syrienne a enregistré des revers.
"Les groupes terroristes comme l'Etat Islamique et le Front Nusra continuent d'avancer dans de nombreuses régions et cela est lié au soutien régional direct à ces groupes", a poursuivi M. Joudeh.
Par ailleurs, "Nous voyons un renforcement militaire du gouvernement syrien et des forces loyales pour consolider ses positions", a-t- il noté.
"Il a ajouté que l'ensemble de la confrontation militaire de nos jours intervient dans le même contexte, celui de "solidifier les positions", ajoutant que toutes les parties au conflit travaillent pour prendre le contrôle de plus de territoires afin de renforcer leur position.
En observant les récents développements en Syrie, M. Joudeh a déclaré que la situation va droit vers une fragmentation géographique du pays basée sur les équilibres des pouvoirs sur le terrain entre les parties au conflit.
"La Syrie aujourd'hui est un danger imminent et l'effondrement est bientôt proche", a-t-il mis en garde, indiquant que si l'Etat syrien s'effondre, il faudra des décennies pour qu'il ressuscite".
Pour sauver la Syrie de ce scénario, une véritable solution politique doit être trouvée, parce que "les mesures actuelles prises par le gouvernement syrien ne sont pas suffisantes".
La Syrie a besoin d'une "solution politique plus que jamais, nous avons besoin de travailler sur un changement politique sérieux sur la Syrie afin de reconstruire une nouvelle légitimité qui permet aux Syriens d'embrasser la nouvelle autorité et permet également à la communauté internationale de coopérer avec la nouvelle légitimité syrienne dans la lutte contre les organisations terroristes".
Oussama Danura, un expert politique, a fait savoir que la situation sur la scène syrienne est caractérisée par l'expansion de militants de l'EI et du Front Nusra avec d'autres groupes djihadistes moins importants dans les grandes étendues de territoire, alors que certains groupes de l'opposition ont déclaré que l'EI seul contrôle de plus de 50% de la Syrie.
"Il est vrai que l'EI contrôle des zones qui n'ont pas de poids démographique parce qu'elles sont en grande partie des déserts, mais nous ne pouvons pas sous-estimer aussi l'importance d'autres zones sous le contrôle de l'EI et du front Nusra, en particulier celles riches en pétrole", a-t-il fait savoir.
M. Danura a affirmé que l'expansion des groupes ultra-radicaux en Syrie est la raison principale derrière la détérioration de la situation en Syrie, en notant que cette expansion entrave les perspectives de solution politique et constitue une menace pour d'autres pays voisins et parce que "l'expansion du terrorisme est désormais un problème transfrontalier".
Les militants de l'EI, qui ont commencé sous le nom de l'Etat islamique en Irak et en Syrie, sont actuellement présents au Yémen, en Libye et dans de nombreuses autres régions du monde, a-t-il ajouté.
M. Danura a souligné qu'il n'est plus correct de dépeindre la crise syrienne comme une bataille entre un gouvernement inflexible et des demandeurs de la démocratie, mais une guerre tous azimuts entre le terrorisme mondial et les forces militaires syriennes et irakiennes.
Il a noté que si les forces syriennes et irakiennes ne sont pas fournies avec un soutien adéquat pour faire face au terrorisme, des forces militaires d'autres pays seront ciblées de la région.
En raison de l'expansion du groupe terroriste, l'Etat syrien a besoin de coopérer avec les pays qui ne soutiennent pas le terrorisme, laissé entendre M. Danura.
"Le gouvernement syrien seul, sans l'aide des pays qui dénoncent le terrorisme, ne sera pas en mesure de contenir les zones les plus explosives", a-t-il souligné.