Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est monté au créneau lundi pour appeler les Grecs à voter oui lors du référendum sur les remèdes prescrits par trois institutions (la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international) plus l'Eurogroupe à la crise grecque.
La crise grecque s'accélère depuis la semaine dernière avec le retrait d'Athènes des négociations avec les trois institutions et l'Eurogroupe sur une assistance financière en faveur de la Grèce, qui réclame un nouveau prêt de 7,5 milliards d'euros, et sa décision concernant l'organisation d'un référendum sur les conditions associées à cette aide telles que la rigueur dans la politique fiscale, l'austérité dans les finances et des réformes dans la sécurité sociale. Le référendum est prévu pour le 5 juillet, c'est-à-dire, au-delà de la date butoir du 30 juin pour Athènes de rembourser 1,5 milliard d'euros au Fonds monétaire international.
Dans sa réaction, l'Eurogroupe a arrêté les arrangements de l'actuelle assistance financière pour la Grèce, serrant le robinet des transferts vers cette dernière. Dimanche soir, Athènes a annoncé le contrôle des capitaux.
La Grèce risque ainsi le défaut de paiement et une sortie de la zone euro, qui comprend actuellement 19 Etats membres.
M. Juncker a demandé aux Grecs de voter oui, "parce que se dégagera à partir du vote du peuple grec un signal pour la Grèce et pour les autres Etats membres de la zone euro". "Je ne laisserai jamais le peuple grec tomber, et je sais que le peuple grec ne veut pas laisser tomber l'Union européenne", a-t-il dit.
Comme l'un des architectes de la monnaie unique européenne, M. Juncker a souhaité que la zone euro "reste à 19 et soit plus nombreuse au cours des années et décennies à venir".
Il a affirmé "profondément affligé, attristé" et "trahi" par le spectacle qu'en une seule nuit, "la conscience européenne a pris un sacré coup" dans le contexte de la crise grecque. "La bonne volonté s'est quelque peu évaporée. Des égoïsmes, parfois des jeux tacticiens voire populistes, ont pris le dessus", a commenté M. Juncker.
Il a insisté sur "l'union des bonnes volontés contre la division des égoïsmes nationaux", plaidant pour "une Europe de la réconciliation, une Europe du compromis".
Selon cet ancien président de l'Eurogroupe, la crise grecque n'est pas un jeu de poker-menteur. "Il n'y en a pas un qui gagne et un autre qui perd. Soit on est tous gagnants, soit on est tous perdants", a-t-il dit. "Pour moi, la sortie de la Grèce de la zone euro n'a jamais été et ne sera jamais une option", a déclaré M. Juncker.
Il a dénoncé l'annonce du référendum de façon unilatérale et "la volonté de faire campagne sur le non à l'accord" à conclure entre le trio plus l'Eurogroupe et la Grèce. "Jouer une démocratie contre 18 autres, ce n'est pas une attitude qu'il convient à la grande nation grecque", a ajouté M. Juncker.
Il a expliqué que les propositions des trois institutions plus l'Eurogroupe créeraient "plus d'équité sociale, plus de croissance et une administration publique transparente", tout en assurant qu'il n'y aurait pas de "coupe de salaire" ni "coupe de pension".
M. Juncker a réitéré la nécessité de répondre à la préoccupation des Grecs et de conclure un accord avec les autorités d'Athènes, ainsi que de "créer, et c'est important, au même moment les conditions correctes pour un accord unanime avec toutes les 18 démocraties qui prêtent des milliards (d'euros) de leurs contribuables à la Grèce".